Une centaine de viols et d'agressions sexuelles à CentraleSupélec : le rapport glaçant

Publié le Jeudi 07 Octobre 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.



Le Bâtiment Gustave Eiffel de CentraleSupélec - Université Paris-Saclay
Le Bâtiment Gustave Eiffel de CentraleSupélec - Université Paris-Saclay
Dans un rapport glaçant transmis par la direction de la grande école d'ingénierie CentraleSupélec à la justice, les étudiant·e·s déclarent une centaine de viols et agressions sexuelles entre élèves sur l'année scolaire 2020-2021.
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Lorsque le directeur de CentraleSupélec, Romain Soubeyran, a voulu dresser un état des lieux des violences sexistes et sexuelles au sein de son établissement dans le cadre du plan d'action en faveur de l'égalité femme-homme qu'il y mène, il ne s'attendait certainement pas à un bilan aussi accablant.

Sur 659 répondant·e·s à un questionnaire mis en ligne entre juin et juillet (196 femmes, 443 hommes, 20 s'identifiant comme non-binaires, tou·te·s élèves de première et deuxième années), 51 femmes et 23 hommes affirment avoir été victimes de harcèlement sexuel, 46 femmes et 25 hommes d'une agression sexuelle et 20 femmes et 8 hommes d'un viol. Autres données : 110 femmes et 25 hommes confient avoir subi des propos sexistes, 43 femmes et 34 hommes des contacts physiques non sexuels.

Dans 9 cas sur 10, précise Le Monde qui diffuse ces résultats, les faits auraient été commis par un étudiant dans le cadre associatif ou au sein de la résidence universitaire de Gif-sur-Yvette (Essonne), où vivent 2 000 étudiant·e·s.

"Nous sommes sidérés"

Devant ces chiffres, la réaction de l'administration ne s'est pas fait attendre. "Nous sommes sidérés", lâche le responsable, aux manettes de l'école d'ingénierie depuis septembre 2018. "Je n'ai eu aucun signalement de violences sexistes ou sexuelles au cours de l'année. Nous pensions que les choses étaient sous contrôle à travers notre cellule contre ces violences et le harcèlement et grâce à l'action des associations étudiantes engagées sur ces questions."

Ibtissam Hamich est la président de l'une d'elles, ÇaPèse. Au Monde, elle dissèque : "Beaucoup de personnes ne se rendent pas compte de ce qu'elles ont vécu ou alors peuvent penser qu'on ne va pas les croire". Pour elle, il faut multiplier ces questionnaires. "Généralement, on se dit que si les gens ne parlent pas, c'est que tout va bien... Mais leur a-t-on au moins demandé si cela allait ?"

Romain Soubeyran lâche toutefois : "Nous ne sommes pas naïfs, en tant qu'école d'ingénieurs, nous connaissons de longue date les violences sexistes et sexuelles mais nous étions loin d'en prendre l'exacte mesure".

Ce 6 octobre, il a donc remis le rapport à la procureure de la République d'Evry. Pour l'instant, aucune plainte n'a été déposée.