J'ai testé Dimoi, le jeu de cartes qui développe la complicité du couple

Publié le Vendredi 22 Janvier 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
J'ai testé Dimoi, le jeux de cartes qui développe la complicité du couple
J'ai testé Dimoi, le jeux de cartes qui développe la complicité du couple
Les longues soirées d'hiver à l'heure des restrictions sont autant d'occasions de passer du temps avec l'autre. A se câliner, à se parler... voire à jouer aux cartes. Parce que les uns n'empêche pas l'autre, on a testé Dimoi, le jeu qui prône la "curiosité bien placée".
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Le couvre-feu à 18 heures, c'est tôt. À 20 heures, c'était tôt aussi. Après le caractère extraordinaire des débuts de la crise sanitaire, qui nous poussait en mars à faire preuve de créativité pour entretenir une sorte de vie sociale au sein d'un foyer de trois (dont une qui piaille plus qu'elle ne parle), on a comme baissé les bras. Tous les soirs depuis maintenant un mois (ou dix ans, on ne sait plus très bien), l'un se retrouve à fixer la télé sans l'écouter, pendant que l'autre fait la cuisine. Critique.

Maintenant que le Covid est vraiment devenu notre "nouveau normal", et qu'on l'a intégré, pas facile de se réjouir de ce temps cloîtré chez soi. Moins facile encore de trouver la motivation pour faire autre chose que se vautrer dans un canapé en attendant que ça passe. Et en couple, cette routine dénuée de sorties et de sollicitations extérieures propice au laisser aller (pas grave mais possiblement frustrant) finit par peser.

Ras-le-bol de gâcher des soirées à rien foutre, il nous fallait une façon de bousculer la routine à domicile. Une sorte de remède ludique à l'ennui qui nous permettrait de décompresser et de se concentrer sur nous. Notre relation, nos envies, nos besoins physiques et psychologiques. Loin des sirènes de Netflix de préférence, qui ont tendance à aspirer le reste d'énergie hors de notre corps et de notre esprit déjà bien épuisés par le télétravail, la parentalité et l'actualité.

C'est à peu près à ce moment-là qu'on nous a parlé de Dimoi. "144 questions audacieuses pour entamer des conversations passionnantes et développer sa complicité à deux", disait le descriptif de ce jeu de cartes à faire avec son partenaire. "Des conversations passionnantes", c'est tentant. Des "questions audacieuses", ça veut tout et rien dire : parfait, nous voilà intrigué·e·s. Et très honnêtement, prêt·e·s à tout pour moins s'emmerder.

Dimoi ce que tu penses, je te dirai qui tu es

Le jeu "Dimoi, curiosité bien placée"
Le jeu "Dimoi, curiosité bien placée"

Le principe est simple. Le jeu est divisé en quatre catégories de cartes : la catégorie "Nous" regroupe des questions sur notre relation et nos liens avec les autres, la catégorie "Pop-corn" aborde nos meilleures anecdotes, la catégorie "For intérieur" explore des questions profondes et d'introspection, et last but not least, la catégorie "Torride" permet de "nouer une complicité intime". Joliment dit.

Les deux joueur·se·s tirent une carte tour à tour, puis formulent la phrase inscrite sur le petit bout de carton rouge et blanc à la personne en face. Une sorte d'action ou vérité sans action - ou en tout cas pas qui ne soit mentionnée dans le mode d'emploi.

Il est 21 heures, on s'y met. Le troisième membre de notre famille dort à point fermé dans son lit alors qu'on s'installe en tailleur sur le nôtre, face-à-face. Ça nous rappelle la fois où on a testé un cours de sexe tantrique, et ça nous fait marrer : aussi satisfaisants étaient les résultats, la mise en jambe a suscité quelques fous rires mémorables. L'installation en position du lotus avec des jambes plus raides qu'un barreau de chaise, surtout. Ici, moins de tensions sexuelles et spirituelles à la clé, pense-t-on. Mais plus de confidences.

Avant de poursuivre, petite note utile : Dimoi est tombé entre les mains - machiavéliques - de notre fille de 14 mois avant qu'on n'ait pu y jeter un oeil, laquelle a grignoté quelques bouts au passage, et étalé au sol l'entièreté des 144 cartes. La notice ne dit pas s'il faut poser une question relevant de chaque catégorie une par une, ou si on le fait comme on le sent, mais la deuxième option nous a été imposée. Bref, place au jeu.

Chacun·e son tour

La jeu "Dimoi, curiosité bien placée"
La jeu "Dimoi, curiosité bien placée"

Il tire en premier car les hommes d'abord (nan j'rigole, enfin pas tant que ça) et tombe sur "Si tu pouvais inviter n'importe qui à dîner, ce serait qui ?". Là tout de suite, je pense à ma soeur, elle me manque. Mais je me dis que l'interrogation a pour but de lister quelques convives célèbres. Et ma soeur n'est pas (encore) Wejdene.

À la place, j'énumère : "Christiane Taubira, Britney Spears, l'influenceuse néerlandaise Rianne Meijer, la comédienne australienne Céleste Barber. Et puis Aya Nakamura". Ça en dit long sur mes priorités et envies du moment : des femmes qui font de la politique, de l'humour et de la musique. La plupart ultra-présentes sur les réseaux sociaux, ou comment trahir aussi mon addiction (incurable ?) au digital.

Ma réponse validée, c'est à moi de tirer. Et comme si je plantais un mini coup de couteau de cynisme dans la plaie béante que le Covid a infligé à la planète, je lis "Qu'est-ce que l'enfant de 10 ans que tu étais ne croirait pas à propos de ta vie d'aujourd'hui ?". Je sais pas, potentiellement le bordel international qu'a engendré le coronavirus et ses cousins variants ? On sourit, on passe : pour lui ou pour moi, la réponse parle d'elle-même.

Je recommence, "Quel est ton souvenir sexuel le plus torride avec moi ?". Clairement plus croustillant, et l'occasion de se remémorer une douce après-midi dans une forêt de Normandie...

Plus câlin que coquin, et tant mieux

Après une petite dizaine de cartes, dont des savoureuses ("Aimerais-tu essayer quelque chose que l'on n'a encore jamais tenté ?" ; "Si j'avais les yeux bandés, que me ferais-tu ?"), des tendres ("Quelle est la plus grande force de notre couple ?", "Quel est le trait de caractère que tu préfères chez moi ?"), des... intéressantes et dramatiques ("Quelle musique souhaiterais-tu pour ton enterrement ?", "Si j'étais victime d'un accident et que j'étais défiguré·e, comment réagirais-tu ?"), on a mis le jeu de côté pour continuer à se confier, à aborder tout et rien.

Pas de télé, pas de téléphone, pas de distractions autres que nos voix. Si Dimoi a tenu dans nos mains moins de 45 minutes, son principe est resté avec nous plus longtemps, instaurant une "conversation passionnante", justement. Ça faisait longtemps, et ça fait du bien. C'est même exactement ce dont on avait besoin, de se parler autrement qu'entre les couches sales, le bain et Quotidien.

A l'avenir, quand notre humeur s'y prêtera, on fouillera sûrement davantage du côté de la catégorie "Torride". Mais pour l'heure, la partie s'est avérée plus câline que coquine. Et c'est tant mieux.