La Constitution espagnole bientôt réécrite en écriture inclusive ?

Publié le Vendredi 07 Septembre 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
La Constitution espagnole bientôt en écriture inclusive ?
La Constitution espagnole bientôt en écriture inclusive ?
La vice-présidente espagnole, Carmen Calvo, a lancé cet l'été une étude auprès de l'Académie qui régit la langue espagnole pour réécrire la Constitution du pays en écriture inclusive.
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L'Espagne semble avoir les mêmes problèmes que la France quand il s'agit d'inclure tout le monde dans sa langue. Une proposition vient pourtant d'être faite pour que la Constitution soit écrite en écriture inclusive. Et oui, nous ne sommes pas les seuls à débattre de ce sujet.

Selon Le Figaro, c'est Carmen Calvo, la vice-présidente du gouvernement et membre du parti socialiste espagnol, qui a missionné l'équivalent de l'Académie Française pour faire ces propositions. Elle devra produire un rapport sur "l'adéquation de la Constitution à l'écriture inclusive, correcte et véritable d'une démocratie à laquelle participent les hommes et les femmes." Un groupe de travail mixte et paritaire a donc été créé au coeur de l'été.


Mais l'Académie royale espagnole est un peu comme notre Académie française : elle est rétive au changement. Pourtant il serait temps d'y penser, la Constitution espagnole date de 1978 et n'utilise que les termes "citoyens" ou "députés". Le Figaro rappelle qu'elle "encadre les fonctions du 'roi' et du 'prince héritier', alors que c'est aujourd'hui la fille aînée de Felipe VI, Leonor, qui est appelée à lui succéder."

Un débat qui a aussi lieu en France


Même si cette réforme n'aboutit pas en Espagne, elle aura le mérite de poser le débat. En France, une députée LREM, Isabelle Rauch, avait déposé un amendement pendant la loi de réforme constitutionnelle qui a eu lieu cet été 2018. Elle voulait notamment ajouter le terme de "Présidente de la République" afin que figure pas le seul "Président de la République".

Dans notre pays, la Constitution fait encore état des "droits de l'homme", plutôt que des "droits humains", expression qui est une demande de longue date des féministes.

Sur la version du site du Conseil constitutionnel, par exemple, il est écrit dans le préambule de notre Constitution datant de 1958 : "Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'homme". On n'y trouve même pas de H à homme. Ce fameux "H" majuscule qui est censé nous inclure tous et toutes. On ne s'est même pas donné la peine d'y apposer ce cache-sexe et de mettre les formes à l'exclusion.

Point qui pourrait également être discuté : la notion de "fraternité", qui s'oppose à la "sororité" (la solidarité entre femmes), et qui pourrait être remplacé par "adelphité", la solidarité entre frère et soeur.

Si notre Constitution consacre l'égalité entre les hommes et les femmes, elle utilise le terme de citoyens mais pas de citoyennes. Dans aucun passage de cette Constitution qui régit la France depuis 1958, il n'est écrit le mot "citoyenne" ni de "députée".

Il est loin le texte d'Olympes de Gouge qui se battait contre une Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 qui excluait, de fait, à l'époque les femmes de la Cité. Cette figure célèbre des droits des femmes et de la lutte contre l'esclavage écrivait alors dans le préambule de sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : "Les mères, les filles, les soeurs, représentantes de la Nation, demandent à être constituées en Assemblée nationale." L'article 1 était une déclaration à l'égalité : "La femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits." On prend des notes ?