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On lui doit "Leila ses frères", le grand cinéaste Saeed Roustaee vient d'être condamné à une peine de prison en Iran

Publié le Jeudi 17 Août 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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Salué à Cannes pour ses audacieux portraits familiaux et ses récits politiques, Saeed Roustaee se retrouve condamné à de la prison par la justice iranienne. Pour quel motif ? "Contribuer à la propagande de l'opposition contre le système islamique"...
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On lui doit notamment deux grands films intimes et politiques abondamment salués par la critique et les festivals : La Loi de Téhéran et Leila et ses frères. Saeed Roustaee, cinéaste iranien trentenaire applaudi à Cannes mais aussi au Festival international du film de Tokyo, c'est l'intelligence d'un regard, d'une direction d'acteurs aboutie, une confiance en la lucidité du public, en la possibilité d'un cinéma à la fois captivant et complexe.

Oui mais voilà, ce regard-là ne réjouit pas tout le monde. Aujourd'hui, Saeed Roustaee, 34 ans seulement, se retrouve condamné par la justice iranienne à de la prison. Pour quel motif ? Voici la raison officielle : "Contribuer à la propagande de l'opposition contre le système islamique"... Selon le verdict, des "règles" seraient délibérement "enfreintes", de par, notamment, la projection de Leila et ses frères au Festival de Cannes.

Ce n'est pas étonnant malheureusement. Le 22 juin 2022, le ministre iranien de la Culture, Mohammad Mehdi Esmaïli, l'avait carrément interdit de projection en Iran. Il avait également interdit sa diffusion.

Un jugement rendu par le tribunal de Téhéran - "ironique" (ou peut être tout à fait logique) pour l'auteur d'un film justement intitulé "La loi de Téhéran". La peine encourue est de six mois d'emprisonnement. Un verdict qui concerne également le producteur de Leila et ses frères, Javad Norouzbeigui. Cependant, tous deux ne devraient purger "qu'un" vingtième de cette peine, soit neuf jours de prison,

Et cette annonce fait déjà beaucoup réagir.

"Une grave atteinte à la liberté d'expression"

Dans un communiqué relayé par l'Obs, les responsables du Festival de Cannes ont réagi sans détour à cette annonce. Les mots sont clairs : "C'est une grave atteinte à la liberté d'expression des artistes, cinéastes, producteurs et techniciens iraniens".

"Comme de nombreux professionnels à travers le monde, le Festival de Cannes exprime son soutien à toutes celles et tous ceux qui subissent violences et représailles dans la réalisation et la diffusion de leurs oeuvres. Le Festival est leur maison. Il est et sera toujours à leurs côtés pour défendre la liberté de création et d'expression".

Leila et ses frères a été acclamé par la critique française lors de sa sortie : envisagé comme "un des tours de force de 2022", il serait l'oeuvre d'un cinéaste à la "mise en scène impressionnante" et à l'audace quasiment "punk", admirable de par "la largeur de point de vue adopté sur une société iranienne au bord de l'implosion, meurtrie par son conservatisme".

Conservatisme qui n'en finit pas d'être d'actualité.