Le spleen de l'été ne concerne pas que Lana Del Rey (et voici comment l'affronter)

Publié le Vendredi 07 Août 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Quand le spleen d'été nous accable.
Quand le spleen d'été nous accable.
La "summertime sadness" n'est pas qu'une chanson. Non, elle existe pour de vrai. Le spleen de l'été est un vrai phémonène, qui touche bien des anonymes pour des raisons aussi diverses qu'évidentes. Pas de panique, voici comment le reconnaître - et le combattre.
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"Kiss me hard before you go / Summertime sadness"... Moins médiatisé que le tant redouté september blues - ou le très populaire monday blues - le spleen de l'été existe pourtant bel et bien. Vous savez, cette tristesse que l'on éprouve quand, endolori par une chaleur éprouvante, le monde semble ralentir, s'arrêter et s'alourdir. Si l'été est pour beaucoup synonyme de détente, il reste aux yeux de certains une cause annuelle de fatigue chronique et de moral raplapla, de déroute existentielle voire même, de dépression.

C'est normal. On peut envisager ce phénomène comme un écho au trouble affectif saisonnier (ou TAS pour les intimes), autrement dit la "dépression de la saison". Un mal-être qui survient notamment durant l'automne ou l'hiver et serait du à une exposition très faible à la lumière du soleil. Durant l'été, cette lumière vous envahit, mais en contrepartie, le climat de torpeur vous accable. Fatigue, lassitude et tristesse pointent vite le bout de leur nez.

Et ce n'est pas là les seules caractéristiques de ce spleen de l'été qui s'attaque aussi à notre mental. Mais pas de panique, on peut l'expliquer. Et on peut même l'adoucir, en suivant les conseils avisés des spécialistes.

Pourquoi est-on mélancolique l'été ?

Oui, la "summertime sadness" est un vrai truc.
Oui, la "summertime sadness" est un vrai truc.

Le spleen a ses raisons que la raison ignore. Mais dans le cas de l'été, la liste semble s'étendre. D'emblée, car ce que cette période fait à notre condition physique meurtrit volontiers notre santé mentale. Par exemple ? L'impression de somnolence fiévreuse qui nous envahit ou, a contrario, les incidences fâcheuses des nuits torrides - ou caniculaires - sur notre sommeil. Nos insomnies d'été s'accumulent et bousculent notre bien-être, déjà malmené par des journées transpirantes. L'humeur s'envenime et notre léthargie n'a rien d'une zénitude.

Mais il n'y a pas que cela. Interrogée par le magazine Bustle, la psychologue Lindsay Henderson énumère d'autres troubles estivaux : la perturbation de notre appétit, la perte d'intérêt pour certaines activités que l'on affectionne, la difficulté - si frustrante - à se concentrer. Globalement, l'été déboulonne nos repères. Les journées se rallongent jusqu'au vertige, les collègues s'absentent, notre implication professionnelle part plus aisément à la dérive. "Il est difficile de rester motivée et au courant des choses si quatre personnes de votre bureau sont en vacances cette semaine-là, et que vous ne pouvez rien faire sans eux", poursuit à ce titre l'experte.

"C'est la routine quotidienne perd de sa cohérence", décrypte à l'unisson la revue en ligne. Et oui, difficile de souffler quand notre réalité bien établie s'effrite sous l'effet d'une chaleur moite. Comme l'indique le site de bien-être émotionnel OK Clarity, cette impression de bulle étouffante peut aussi bien provoquer en nous un sentiment d'isolement, d'ennui, de solitude. Rien de bien "carte-postale" dans ce panorama-là.

Un spleen très compréhensible.
Un spleen très compréhensible.

Il faut dire que la société d'images dans laquelle nous vivons n'aide en rien à soulager notre esprit. Les clichés idylliques qui s'alignent sur notre fil Instagram l'été nous confronte à une situation personnelle moins sexy - sans grands voyages, escales de rêve ou évasions quatre étoiles agrémentées de sourires bright. "A cet instant, vous pouvez commencer à vous demander s'il y a quelque chose qui ne va pas dans votre existence", suppose la revue en ligne.

Plus que n'importe quelle période, la trêve estivale cultive la mésestime de soi et nous renvoie à un inconfort préexistant. Excitation, jovialité et expériences de vie sont censées définir cette phase de l'année. Et la juger interminable fait de vous une voix discordante. Ce qui explique en partie cette impression d'exclusion.

Comment y faire face ?

Affronter sa mélancolie tenace.
Affronter sa mélancolie tenace.

Face à cela, comment adoucir notre spleen ? Et bien déjà, en mettant sur pause nos allers-retours vers Instagram - et toute autre application potentiellement addictive et toxique. Idéal pour mieux respirer. C'est aussi pour souffler plus paisiblement que la psychologue Lindsay Henderson recommande de fermer ses volets (ou de tirer ses rideaux) pour conserver une certaine fraîcheur chez soi. Selon l'experte toujours, l'attention que nous portons à notre alimentation importe également beaucoup durant cette période. Des repas sains et de bonnes nuits de sommeil (quitte à se plonger dans la pénombre plus tôt) sont bénéfiques pour votre santé mentale.

"Si votre corps souffre sans sommeil régulier, ne vous sentez pas mal à l'idée de sauter le millième barbecue de la semaine. Il n'y a rien de négatif à baisser les stores et à lire un livre le soir au lieu d'être dehors", avance la docteure. Notre relation au soleil ne doit pas se transformer en injonction sociale. Selon Bustle, le plus important est de conserver une forme de routine qui atténuerait le sentiment de perdition et de solitude inhérent à l'été.

Pour ce faire, les voix érudites de OK Clarity nous décochent des recos plus atypiques. Tenir un journal intime, par exemple. Une manière comme une autre de poser sur papier ses émotions sans avoir recours au numérique.

Et pour quelques conseils de plus

Comment se changer les idées ?
Comment se changer les idées ?

Mais ce n'est pas tout. La revue en ligne nous incite aussi à formaliser la cause réelle de notre tristesse, de la clarifier afin de mieux la combattre. Vous sentez-vous isolée ou ennuyée à cause d'un manque de projets personnels, d'interactions sociales, d'un cadre professionnel insatisfaisant, ou d'une baisse d'intérêt plus profonde encore pour votre environnement ? Formaliser ces choses-là importe plus que tout. "Résoudre le mauvais problème ne vous mènera pas là où vous souhaitez aller. Avoir conscience de votre situation actuelle vous aidera à déterminer comment aller de l'avant", affirme OK Clarity. Et ainsi, remplir un vide qui peut sembler vertigineux.

Alterner les activités en solo (lectures, marches, passe-temps divers) peut aussi aider à se retrouver. Mais si la tristesse s'intensifie au fil des semaines, elle ne doit pas être prise à la légère. "Les gens ne croient pas que le blues de l'été est réel parce qu'il existe des idées préconçues sur ce qu'est la dépression, et sur quand elle devrait survenir. On a tendance à dire à ceux qui en souffrent de prendre le soleil et d'être heureux. Or ce discours est dangereux. Comme pour toutes les affections mentales, il est important de demander de l'aide avant que vos symptômes ne progressent", rappelle à juste titre le directeur de clinique David Ezell à Paste Magazine.

A bon entendeur.