Tuerie de Garissa : une jeune Kenyane qui a survécu à l'horreur raconte

Publié le Mercredi 08 Avril 2015
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Cynthia Cheroitich est restée cloîtrée dans sa penderie pendant 50 heures, cachée sous une pile de vêtements, afin d'échapper au massacre commis par les islamistes Shebab à l'université de Garissa.
Cynthia Cheroitich est restée cloîtrée dans sa penderie pendant 50 heures, cachée sous une pile de vêtements, afin d'échapper au massacre commis par les islamistes Shebab à l'université de Garissa.
Cynthia Cheroitich a survécu à l'horreur. Samedi dernier (4 avril), soit cinquante heures après le massacre de l'Université de Garissa, au Kenya, cette étudiante de 19 ans a été retrouvée saine et sauve, cachée dans une penderie. Survivante de la tuerie au cours de laquelle 148 personnes ont perdu la vie, elle a raconté son calvaire à la presse.
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Il aura fallu que Cynthia Cheroitich attende samedi, 11 heures, pour être délivrée et prenne enfin conscience que son calvaire était terminé. Pendant cinquante heures, cette étudiante de 19 ans à l'Université de Garissa, à l'Est du Kenya, est restée cloîtrée dans sa penderie, cachée sous une pile de vêtements, afin d'échapper au massacre commis par les islamistes shebab qui aura coûté la vie à 142 de ses camarades, ainsi que trois policiers et trois militaires.


"Elle était cachée depuis deux jours dans une penderie", a raconté un policier à l'AFP. "Elle a été emmenée à l'hôpital et est actuellement examinée par les médecins. Elle n'arrêtait pas de demander aux forces de sécurité de lui assurer qu'ils n'étaient pas les Shebabs avant de sortir."
Découverte par les forces de l'ordre prostrée en prière, cette jeune chrétienne a finalement accepté de s'extraire de sa cachette après qu'un professeur lui a assuré que sa vie n'était plus en danger. Selon l'Associated Press, Cynthia Cheroitich était tellement assoiffée qu'elle a bu de la lotion pour se sustenter. Quatre autres survivants ont été découverts ce jour-là sur le campus de l'université.

Conduite à l'hôpital pour subir des examens médicaux, Cynthia a confirmé aux médias que le cauchemar a commencé jeudi matin, très tôt : "Il était aux environs de 5 heures 30 du matin. On était en classe pour réviser nos examens, quand d'un coup, on a entendu des coups de feu. On a couru dans nos chambres pour se cacher sous les lits. Ils nous suivaient. Depuis l'extérieur, on les a entendus dire : "'Si vous vous cachez sous les lits, sortez vite'. Alors j'ai décidé d'aller dans le dressing, et je me suis dissimulée sous les vêtements. J'étais terrifiée."

Une tuerie froidement organisée

C'est jeudi à 5h30, heure locale, que le commando islamiste est entré de force sur le campus de Garissa. D'après les témoignages glaçants de survivants relayés par CNN, les terroristes ont parcouru les couloirs de l'université, abattant méthodiquement les étudiants chrétiens et laissant ceux de confession musulmane s'enfuir. Certains ont été tués dans leur sommeil ou au saut du lit.


Interrogée par AFP, Hellen Titus, aussi survivante, raconte : "Les assaillants nous ont tous mis dans une salle, nous ont demandé de nous allonger, puis ont lu des passages du Coran interdisant le meurtre des femmes. Ils ont d'abord tué les hommes. Puis finalement ont tourné leurs armes vers les femmes aussi." Pour sauver sa vie, l'étudiante s'est étalée le sang de ses amis sur le visage et a fait semblant d'être morte. "Je me suis frottée, imbibée de ce sang... Ils m'ont oubliée", témoigne la jeune femme.


Revendiquée par les islamistes shebab, la tuerie de l'Université de Garissa est la plus meurtrière sur le sol kenyan depuis l'attaque terroriste perpétrée par al-Qaïda contre l'ambassade américaine à Nairobi en 1998 et qui avait fait 213 morts. Dans un communiqué en anglais relayé samedi matin, les islamistes ont prévenu que d'autres massacres étaient à venir. "Si Dieu le permet, rien ne nous arrêtera dans notre vengeance des morts de nos frères musulmans jusqu'à ce que votre gouvernement cesse son oppression et jusqu'à ce que toutes les terres musulmanes soient libérées de l'occupation kenyane. Jusqu'à cette date, le sang va couler à flots rouges dans les villes du Kenya, cela va être une longue, épouvantable guerre dont vous, la population kenyane, êtes les premières victimes."

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