L’inconnu fait peur, c’est bien connu. Pour préparer une intervention publique que l’on appréhende, mieux vaut la visualiser. S’imaginer devant son auditoire, à prononcer les premiers mots de son discours, entrevoir la posture que l’on adopte, la salle dans laquelle on intervient… est une technique préparatoire efficace. Pourquoi ? Parce que le cerveau transmet en anticipation les informations au corps et permet le jour J d’avoir comme l’impression d’avoir déjà vécu ce moment ; on a donc moins peur. Cette méthode conseillée par Daniel Murgui-Thomas, Média trainer et directeur de « La Boîte aux images » repose sur des images mentales et la maîtrise de ses émotions. « Notre cerveau reptilien régit nos expériences nouvelles et fait ressortir des réflexes face à l’inconnu : le renfermement sur soi, la fuite ou encore l’attaque. Dès lors que l’expérience a déjà été appréhendée, c’est le cerveau des émotions qui prend alors le relais. Travailler 2 à 3 semaines à l’avance en visualisant la situation permet d’activer les mêmes aires du cerveau que lorsque l’on vit la situation. On arrive donc mieux à gérer ses émotions le jour de la dite prestation, puisqu’on l’a déjà vécue par filage mental ».
Vous allez être en première ligne. Ce que l’on percevra d’emblée c’est votre corps. Aussi est-il essentiel d’apprendre à l’appréhender. Les sensations telles que la prise de conscience du sol ou la respiration avec le rythme inspiration/expiration aident non seulement à adopter une bonne posture, à gérer le flot de ses émotions, mais également à se sentir bien ancré donc beaucoup plus à l’aise. « Lorsque debout, je prends conscience du sol qui me porte, je retrouve mes bases, mes racines, et très rapidement des ailes », plaisante Daniel Murgui-Thomas. « C’est comme les fondations d’une maison. Une bonne posture, un bon ancrage donnent naturellement du charisme, libèrent les mains puisque l’on a plus besoin de « s’accrocher » et permet de regarder face à soi, son public ».
Vous parlez aussi avec vos yeux, ne l’oubliez pas. Aussi, s’appuyer sur son regard et regarder son public, plutôt que ses pieds, permet de transmettre plus facilement le message que l’on souhaite faire passer. C’est de cette manière que l’on instaure une situation de dialogue. Regarder dans le vide donne l’impression de progresser à l’aveugle et de faire un monologue peu concernant, tandis que le fixer, sur les premiers rangs ou sur quelques personnes en particulier, permet non seulement d’appuyer la destination du discours mais également de créer du lien. En somme, il faut non pas être celui ou celle regardé par tous mais celui ou celle qui regarde tout le monde ! Pour Daniel Murgui-Thomas, « le regard porte la voix ». Votre regard est le point de contact entre vous et votre auditoire. Il vous permet d’exister auprès de votre public et de vous en rapprocher.» Mais pour créer cet échange, d’autres petites attentions sont par ailleurs nécessaires. Hormis le fait d’être convaincu par le message que l’on transmet, il est important de parler à la salle comme s’il s’agissait d’un interlocuteur. Les « je » et surtout les « vous » sont donc de rigueur. Sans oublier le sourire, marquer universel de bienveillance.
Ce n’est pas parce que l’on vous laisse la parole voire un temps d’intervention que vous devez parler encore et encore sans avoir même le temps de respirer. Les silences permettent de donner du rythme à son discours, de sortir de soi et d’employer des « mots tampons » comme « euh », « et bien »… qui agacent bien plus qu’ils ne servent votre allocution. « S’lâchez-vous », conseille le média trainer Daniel Murgui-Thomas. « Le slash est utilisé par les personnes qui font de la radio pour marquer les pauses dans leur texte. Il faut adopter la même méthode. Votre discours sera plus facile à écouter et moins monotone. Par ailleurs, un silence permet de respirer et d’oxygéner son cerveau. Irrigué, il est forcément plus créatif ! », affirme-t-il.
S’il s’agit dans un premier temps de trouver le ton juste (attention à la voix haut perchée et mal assurée), le fond de votre message doit être travaillé si vous souhaitez être efficace. Pensez d’emblée à ne pas être trop long. Plus le discours est long plus on perd des auditeurs en cours de route. « Il s’agit d’évoquer l’essentiel dès le début et d’éviter de créer un long suspens », nous explique le directeur de « La boîte aux images ». « Le public ne perdra pas le fil de votre propos si celui-ci est logique et organisé. Pourquoi ne pas l’informer au préalable de ce qu’il va se passer pendant votre intervention ? Encore une fois, et j’insiste, personnaliser son discours avec un peu d’humour, une anecdote ou une actu permet de créer un lien mais surtout de capter l’attention de vos auditeurs ».
Vous vous cachez derrière lui pour mieux vous protéger. Ne sommes-nous pas davantage désinhibés lorsque nous portons un costume ? « Vous êtes auteur, interprète et metteur en scène de votre discours. L’interprète est celui qui donne un visage à voir. Si vous vous créez un personnage public détaché de vous, vous allez pouvoir vous protéger. Les critiques et les compliments, vous les recevrez, mais ils n’affecteront pas votre personnalité ! », insiste Daniel Murgui-Thomas.
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