La Tunisienne violée par des policiers revient sur l'affaire

Publié le Lundi 22 Avril 2013
La Tunisienne violée par des policiers revient sur l'affaire
La Tunisienne violée par des policiers revient sur l'affaire
Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2012, à La Marsa en Tunisie, Meriem Ben Mohamed (elle utilise un pseudo) est violée par deux policiers parce qu'elle flirtait dans une voiture avec son fiancé. Après avoir porté plainte, elle est poursuivie pour « atteinte à la pudeur ». Si elle a obtenu un non-lieu, la jeune femme se sent aujourd'hui « rejetée de la part d'une frange de la société ». Dimanche 21 avril, elle s'est confiée à La Voix du Nord, revenant sur son combat contre la justice tunisienne et pour les droits des femmes.
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Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2012, la jeune Tunisienne Meriem Ben Mohamed (elle utilise un pseudo pour préserver son anonymat) est violée par deux policiers, à La Marsa en Tunisie, alors qu’elle flirtait dans une voiture avec son fiancé. De victime, elle devient très vite accusée : la justice la poursuit en effet pour « atteinte à la pudeur ». Si elle a obtenu un non-lieu à son procès, elle se sent aujourd'hui « rejetée de la part d'une frange de la société ». Dimanche 21 avril, Meriem s’est confiée à La Voix du Nord, et est revenue sur le combat qu’elle a mené contre la justice tunisienne et pour les droits des femmes.

« C'était très, très difficile, surtout le regard des autres », a-t-elle expliqué au quotidien avant d'ajouter que, même si elle adore son pays, elle craint de rester en Tunisie : « J'ai peur de rester ici, peur de représailles des familles de mes agresseurs aussi. Je veux quitter mon pays pour tourner la page et avoir une nouvelle vie. Oui, je me sens encore condamnée à vivre au ban de la société à cause du regard des autres. »

Meriem Ben Mohamed ne compte pas pour autant abandonner la cause des femmes : « J'ai très envie de mener un combat pour défendre la condition de la femme dans les pays arabes parce que vous n'avez pas la moindre idée combien la femme arabe souffre tous les jours et comment elle est traitée. Je rêve que cela cesse un jour, que la femme soit traitée en tant qu'être humain, égal à l'homme », a-t-elle poursuivi.

Pour Meriem, la condition de la femme s'aggrave chaque jour en Tunisie, « surtout depuis la révolution ». « Je ne crois pas qu'un jour, la Tunisie parvienne à s'orienter vers une démocratie plus libre. Tant que les islamistes seront au pouvoir, les préjugés ne vont pas devenir moins sensibles. C'est une question de mentalités et de traditions. Et c'est très difficile de changer tout ça », déplore-t-elle.

Meriem a choisi de raconter son histoire dans un livre intitulé Coupable d'avoir été violée. Femmes en Tunisie : liberté en péril (Éditions Michel Lafon), dont la sortie est prévue pour le 25 avril.

Elodie Cohen Solal

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