Allemagne, Inde, Australie : ces pays qui reconnaissent le troisième sexe

Publié le Jeudi 03 Avril 2014
Allemagne, Inde, Australie : ces pays qui reconnaissent le troisième sexe
Allemagne, Inde, Australie : ces pays qui reconnaissent le troisième sexe
« Genre neutre », « troisième sexe », l’expression ne relève plus seulement de la revendication transgenre, et devient dans certains pays un statut légal. L’Australie vient de reconnaître une troisième voie dans l’État civil pour les personnes qui ne se considèrent ni homme ni femme. Un pas déjà franchi par l’Allemagne. Et pourquoi pas la France ?
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Le groupe Indochine en avait fait une chanson en 1985, considérée ensuite comme un hymne à la tolérance sexuelle. Depuis, la question de l’identité, du genre et de l’indétermination sexuelle a fait un peu de chemin. Ce « troisième sexe » revendiqué ou montré du doigt par les personnes nées intersexuées (dont les organes génitaux ne sont pas clairement identifiables), et les transgenres (personnes se sentant appartenir à un autre sexe et/ou voulant changer de sexe) est devenu une réalité légale dans certains pays. Comment cette reconnaissance est-elle advenue dans ces sociétés, y compris dans un pays si proche de la France comme l’Allemagne ? Alors que le mariage homosexuel et la question de l’enseignement du genre à l’école ont tant fait débat en France, peut-on imaginer qu’un cas Norrie May-Wellby vienne bousculer nos registres d’état-civil ?


Norrie May-Wellby, 52 ans, australien(ne) de « genre neutre »

Né homme, Norrie n’a jamais été à l’aise dans ce sexe. En 1989, son opération de changement sexe est un demi-échec, et Norrie ne se considère pas plus femme qu’elle ne se sentait homme. Elle se retrouve alors dans un entre-deux indéfinissable. Elle décide mettre fin aux traitements hormonaux, et en 2010 entame des démarches pour avoir le droit de ne pas rentrer dans la case « homme » ou « femme » au regard de l’État civil de Nouvelle-Galles du Sud (l’État de Sydney). Après avoir accepté de l’enregistrer sous la catégorie « genre spécifique », le registre a fait marche arrière et invalidé le certificat. Plusieurs recours en appel plus tard, le 2 avril 2014, la Haute Cour de justice australienne a finalement donné raison à Norrie, reconnaissant un « genre neutre », alternative au masculin et au féminin. Cette décision sera applicable à l’ensemble des citoyens australiens, mais le troisième sexe ne sera accordé qu’après examen minutieux d’un dossier médical prouvant l’indétermination sexuelle, comme ce fut le cas pour Norrie.
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Sexe indéterminé : l’exemple allemand

Depuis le 7 mai 2013 une loi allemande permet aux parents d’enfants nés intersexués de leur attribuer un sexe « indéterminé ». Ces enfants, nés avec des caractéristiques des deux sexes, rencontrent des difficultés à se construire, et sont bien souvent opérés dès leur naissance après un choix arbitraire de leurs parents et des équipes médicales. Cette troisième voie concerne donc strictement les personnes intersexuées, qui représenteraient entre 1 et 4 naissances sur 1000, et en aucun cas les transgenres.

E, le troisième choix sur le passeport indien

Depuis 2005, les formulaires de demande de passeports indiens comportent trois cases : M (Male), F (Female), et E pour « eunuque ». Cette alternative est le résultat du combat des « Hijra » d’Inde, du Bangladesh ou du Népal. L’expression désigne des personnes intersexuées de naissance, ou des hommes parfois castrés qui s’habillent en femmes et qui ne se sentent appartenir à aucun des deux sexes. Ils seraient entre 5 et 6 millions en Inde.


La Suisse laisse le choix aux intersexués

On l’aura compris, la question du troisième sexe concerne moins ceux qu’on appelle transexuels ou transgenres qui cherchent plutôt à faire reconnaître leur appartenance au sexe opposé, mais bien plus les personnes nées avec une ambiguïté physique sur leur identité sexuelle. Alors que la plupart des enfants nés intersexués sont orientés vers un sexe ou un autre malgré eux, la législation suisse reconnaît et respecte cette indétermination de naissance en interdisant toute démarche irréversible, comme la chirurgie, avant les 18 ans de l’individu, pour préférer des traitements hormonaux. Un sexe est choisi pour l’enfant à sa naissance mais il reste légalement modifiable.


Comment la France traite-t-elle les intersexués ?

D’après le professeur de sociologie Arnaud Alessandrin, qui intervient dans une interview au Monde.fr, « en France une personne sur 5000 naît intersexuée, avec plusieurs caractères sexuels ». Ces enfants sont automatiquement opérés à la naissance, pour « fixer » un sexe définitif. Ce qui pose selon Pr. Alessandrin un problème juridique et éthique, « car l’opération médicale qui s’ensuit relève de la mutilation génitale, à la limite de la barbarie » et entraîne de fait des « conséquences psychologiques importantes ».

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