Adwoa Aboah, l'ancienne toxico devenue mannequin féministe

Publié le Jeudi 05 Octobre 2017
Le top model féministe Adwoa Aboah au Bread & Butter by Zalando en juin 2017 à Berlin
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Nouvelle égerie des grandes marques de luxe, Adwoa Aboah utilise sa renommée de mannequin international, pour venir en aide aux femmes du monde entier. Activiste passionnée, elle donne de la voix au nom des femmes brimées et mal dans leur peau. Portrait d'une féministe qui revient de loin.
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La tête rasée, un regard de biche, le visage parsemée de tâches de rousseurs, Adwoa Aboah aimante les regards lorsqu'elle défile pour Versace, Dior ou Burberry. Londonienne d'origine ghanéenne, la jeune femme de 25 ans est l'un des tops en vogue ces derniers mois. En couverture du numéro spécial 125e anniversaire de Vogue aux côtés de Kendall Jenner et Ashley Graham, sacrée "Femme de l'année 2017" par le magazine GQ Britannique, ancienne égérie de H&M et Calvin Klein, elle est le nouveau mannequin chouchou de la fashionsphère.

Adwoa Aboah défile pour Sonia Rykiel à la Fashion week, le 30 septembre 2017 à Paris.
Adwoa Aboah défile pour Sonia Rykiel à la Fashion week, le 30 septembre 2017 à Paris.

Dépression, cures de désintoxication, tentative de suicide

Mais plus qu'une beauté figée, Adwoa Aboah est porteuse d'un message fort qui fait d'elle le symbole d'une génération de femmes malmenées par une société axée sur le culte de la performance et de l'apparence. Elle-même nourrit un mal profond dès l'adolescence. En pensionnat à l'âge de 13 ans, Adwoa Aboah s'identifie à ses camarades, toutes "blondes", "blanches", aux yeux clairs. "Celles qui plaisent aux garçons", confie-t-elle en 2016 dans une vidéo de The What's Underneath Project, tournée par StyleLike U. "Je voulais ressembler à toutes ces filles qui m'entouraient". Isolée, solitaire et mal dans sa peau, Adwoa sombre un an plus tard dans l'alcool et la drogue dure, notamment la kétamine, l'anesthésique principal utilisé dans la médecine vétérinaire. "J'en prenais tous les jours. Ce que je préférais, c'était rester seule dans ma chambre, et en prendre toute la journée". Peu à peu, la jeune femme sombre dans la dépression.

A 18 ans, après une cure de désintoxication, elle intègre l'agence de mannequins Storm et débute sa carrière. Le feu des projecteurs ne soulage pas Adwoa Aboah, qui s'enferme dans "une seconde peau", se coupe du monde et finit par tenter de se suicider à l'âge de 23 ans. "J'ai fait une overdose. Je suis restée quatre jours dans le coma... Après quoi, mes parents m'ont placée en soins psychiatriques pendant un mois. Ça m'a permis d'être préservée de moi-même, en quelque sorte". C'est à sa sortie de l'hôpital, que la jeune femme décide d'opérer un changement radical : s'aimer et s'accepter telle qu'elle est.

Une reconstruction féministe

Ce lourd passé, Adwoa Aboah veut l'utiliser pour venir en aide aux autres femmes et lance en 2016, Gurls Talk. Un espace de discussion, inspiré de sa propre expérience, qui invite les femmes à partager leurs angoisses et leurs peurs. "J'ai créé Gurls Talk car, selon moi, il n'y avait pas vraiment d'espace dans lequel les gens, notamment les filles, pouvaient se sentir à l'aise pour parler de sujets intimes, tels que leurs relations amoureuses, leurs règles, le sexe ou les maladies mentales". Pour la jeune femme, il s'agit de se concentrer sur ce qu'est "une fille au XXIe siècle". Féministe engagée, Adwoa Aboah appelle à l'égalité des sexes sous la bannière #letsgetgurltalking et se mobilise pour les femmes du monde entier.

"Je suis prête à tout pour ma communauté. Si elles ne peuvent pas s'exprimer, je ferai en sorte de leur donner une voix. Je prendrai leurs mots pour les dire à leur place", a-t-elle récemment déclaré à Business of Fashion.