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Affaire Depardieu : Emmanuel Macron défend l'acteur, victime d'une "chasse à l'homme"

Publié le Jeudi 21 Décembre 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Affaire Depardieu : Emmanuel Macron défend l'acteur, victime d'une "chasse à l'homme"
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Doit-on retirer la Légion d'honneur à Gérard Depardieu, accusé de violences sexuelles par 13 femmes ? Non, argumente le président de la République, qui verrait là l'incidence d'une "chasse à l'homme" envers un "artiste transgressif".
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Doit-on retirer la Légion d'honneur à Gérard Depardieu, accusé de violences sexuelles par 13 femmes, et au coeur d'un accablant reportage de "Complément d'enquête", qui a beaucoup fait parler ? Non, maintient le président de la République. Invité exceptionnel ce 20 décembre de l'émission C à vous sur France 5, Emmanuel Macron a partagé son opinion à propos de "l'affaire Depardieu", au coeur notamment d'une enquête exigeante de Médiapart.

Cette affaire suscite une abondance de témoignages notamment depuis la diffusion d'un numéro de "Complément d'enquête" dévoilant le "monstre sacré" du cinéma commenter l'entraînement, à cheval, de jeunes filles, dont une enfant : "Les femmes adorent faire du cheval. Elles ont la chatte qui frotte sur le pommeau de la selle. C'est des grosses salopes. Si jamais il galope, elle jouit. C'est bien ma fifille, continue !"

Un reportage à prendre avec des pincettes selon Emmanuel Macron. Qui explique : "C'est pas sur la base d'un reportage qu'on enlève une légion d'honneur [...] Il y a une chose dans laquelle vous ne me verrez jamais, ce sont les chasses à l'homme. Je déteste ça". Une prise de parole effectuée au lendemain d'un événement : le dépôt par une journaliste espagnole d'une nouvelle plainte pour viol à l'encontre de Gérard Depardieu.

"Depardieu rend fière la France"

Sur le plateau de C à Vous ce 20 décembre 2023, Emmanuel Macron poursuit auprès de Anne-Elisabeth Lemoine : "Je suis un grand admirateur de Gérard Depardieu. Il a fait connaître la France, nos grands auteurs, nos personnages dans le monde entier. Il rend fière la France. La Légion d'honneur est un ordre qui n'est pas là pour faire la morale".

"Est-ce que je vais commencer à retirer la Légion d'honneur quand on dit des choses qui me choquent ? Je dis non. Il y aura toujours des artistes transgressifs. Oui je continuerai de me battre [pour les droits des femmes, ndlr], mais je veux que ça se fasse dans le bon ordre"

Une opinion qui prend la forme d'un contrepied évident à l'adresse de la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak : celle-ci avait publiquement exprimée sa volonté de retirer la légion d'honneur à Gérard Depardieu. Evoquant même en ce sens la possibilité d'une procédure disciplinaire. "Oui, la ministre s'est avancée, un peu trop", observe à ce titre le président de la République.

Emmanuel Macron n'est pas le seul à prendre la défense de l'acteur. Des voix comme celles de Catherine Deneuve et Fanny Ardant se sont déjà faites entendre. Cet entretien a malgré tout suscité une abondance de réactions sur les réseaux sociaux. Comme celle de Sandrine Rousseau : "Je n'ai jamais entendu Emmanuel Macron avoir la moindre parole pour les femmes. Au nom de quoi ne peut-il pas avoir la moindre parole pour les femmes ? Quelqu'un qui sexualise une enfant de 10 ans ne fait pas l'honneur d'un pays".

La "sexualisation" évoquée par Sandrine Rousseau avait généré quantité de prises de parole. Comme celle, tout récemment, de Clara Morgane : "J'ai envie d'être conciliante en me disant qu'à une certaine époque, oui, on était dans un monde beaucoup plus misogyne, oui, on pouvait faire ce genre de petites phrases. Gérard Depardieu a raté quelques étapes, mais c'est choquant de sexualiser une petite de onze ans ! Le propos est choquant"

En parallèle, c'est le témoignage de l'actrice Anouk Grinberg, venue soutenir la première plaignante, Charlotte Arnould, qui avait retenti : "Depardieu, c'était un des monstres du cinéma, mais ça l'a autorisé, et tout le monde l'a autorisé, à devenir un monstre tout court... Beaucoup choisissent l'indifférence, le déni pour sauver quelque chose de sacré. Peut-être que la justice peut aider à mettre un arrêt à cette course folle que le cinéma permet ?".