Rejoignez-nous sur les réseaux sociaux

"Le métier couvre les délits d'un agresseur" : Anouk Grinberg sur "l'affaire Depardieu"

Publié le Mardi 05 Mars 2024
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
"Le métier couvre les délits d'un agresseur" : Anouk Grinberg sur "l'affaire Depardieu"
Photo by Aurore Marechal/ABACAPRESS.COM
12 photos
"Quand un producteur engage Depardieu, il sait qu'il engage un agresseur". L'espace d'une interview accordée à l'AFP, Anouk Grinberg est revenue sur son expérience de tournage auprès de Gérard Depardieu. "Mots salaces", accusations, impunité...
À lire aussi

"Ce que les gens ont vu dans "Complément d'enquête" c'est à peu près soft par rapport à ce que moi j'ai vu !". L'espace d'une interview à l'AFP, l'actrice Anouk Grinberg est revenue sur son expérience de tournage auprès de Gérard Depardieu sur le film Les volets verts. Dans cet entretien, elle s'attarde sur l'attitude de l'acteur, accusé de violences sexuelles par 13 femmes (propos salaces, mains posées sur les cuisses, les jambes et les fesses, humiliations en public, insultes sexistes) mais aussi sur le milieu du cinéma...

"Sur ce tournage, je ne suis pas la seule, on l'a tous vu. Du matin au soir, on avait le droit à ses salaceries. Il y avait paraît-il une dame référente dévolue à prévenir les agressions. On me l'a jamais présentée et elle n'a jamais apporté son soutien aux femmes qui se sont fait agresser. Elle n'est jamais intervenue quand on entendait parler de moule, de chatte, de bite, de se faire sucer..."

Des mots crus qui témoignent d'une profonde indignation. "Quand des producteurs de film engagent Depardieu sur un film, ils savent qu'ils engagent un agresseur. Pas un agresseur potentiel. Un agresseur".

"Si vous parlez, vous êtes virés !"

A ce sujet, Anouk Grinberg poursuit : "Le cinéaste Jean Becker, réalisateur des Volets verts, ose dire dans les journaux que mes propos sont scandaleux et qu'évidemment si Depardieu avait mal agi, il lui en aurait parlé entre hommes. Allons ! Il savait très bien que deux femmes avaient été agressées gravement".

"C'est pour couvrir leur lâcheté, leur incapacité à protéger les femmes que Jean Becker et les producteurs du film m'accusent de mentir. Je l'ai toujours entendu avoir des propos sexuels, graveleux, mais oui ça a très, très gravement empiré, avec la permission du métier qui le paie pour ça, et qui couvre ses délits".

Ce que cherche à dénoncer Anouk Grinberg en abordant "l'affaire Depardieu", c'est plus globalement l'impunité, le phénomène d'entresoi, l'omerta... Elle évoque une littérale loi du silence : "Sur certains films avec Depardieu, on dit à l'équipe avant le tournage : "S'il y a le moindre problème, vous vous taisez. Si vous parlez, vous êtes virés." Les gens ont peur pour leur pomme, peur de perdre leur boulot, et peur de ne pas être crus".

L'an dernier déjà, dans ELLE, l'actrice expliquait : "Je ne veux plus me taire. Le silence dans ce milieu est assourdissant. Il doit cesser. J'ai tourné avec Depardieu en me bouchant le nez tous les jours et je l'ai entendu débiter ses ordures sexuelles aux autres femmes sur le plateau". Sur les ondes de France Inter encore, elle précisait : "Gérard Depardieu est comme ça, car tout le monde lui permet d'être comme ça. Il se conduit comme une crapule avec les femmes... C'était un des monstres du cinéma, mais tout le monde l'a autorisé, à devenir un monstre tout court... Beaucoup choisissent la cécité, l'indifférence, le déni"