Lizzo attaquée par une coach fitness grossophobe : les internautes réagissent

Publié le Vendredi 10 Janvier 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Lizzo, une nouvelle fois victime de "body shaming".
Lizzo, une nouvelle fois victime de "body shaming".
En ce début d'année nouvelle, on se serait (très) volontiers passé de body shaming et de grossophobie. Hélas, la coach en fitness Jillian Michaels en a décidé autrement, en s'en prenant à l'iconique chanteuse Lizzo.
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Lorsque l'on est une femme, que l'on délivre des messages libérateurs et que l'on s'assume à deux cent pour cent, on attise (allez savoir pourquoi) les jugements et la haine. Et puisque Lizzo est l'incarnation parfaite de tout cela, elle n'y échappe pas. Pas plus tard qu'en décembre dernier, la chanteuse américaine suscitait la colère des sexistes en dévoilant son string lors d'un match de basketball. Un "shitstorm" à laquelle elle rétorquait - comme à son habitude - par une répartie bien badass.

Mais en ce début de nouvelle année, rien n'y fait : qui dit Lizzo dit toujours critiques et jalousie. C'est ce dont a fait preuve la coach de stars Jillian Michaels à son encontre. Invitée dans l'émission "AM to DM" du magazine Buzzfeed News, la spécialiste en fitness s'est demandée pourquoi "nous célébrions autant le corps de Lizzo". Et l'interviewée d'ajouter, tout sourire (et en finesse) : "J'adore sa musique [...] mais je ne me suis jamais dit : "Je suis si heureuse qu'elle soit en surpoids !" [...] parce que ça ne va pas être génial si elle a le diabète".

Pour une "fan", on aurait pu rêver meilleure hommage. Et ces propos n'ont pas manqué de provoquer un bad buzz.

"Le fat-shaming n'est pas OK"

"Davantage de personnes meurent de complications liées à l'anorexie que de toute autre maladie, mais bien sûr, demandons les analyses sanguines de Lizzo...", a ironisé une internaute, dont la remarque a été saluée par des milliers de likes. "Son corps n'est l'affaire de personne hormis elle", a ajouté un twitto. Difficile de le contredire et de ne pas voir en la tirade de Jillian Michaels un moralisme déplacé. Car ce que cherche à remettre en question la coach, c'est le message que porte sur elle la chanteuse. A savoir, l'acceptation de soi, en dépit des diktats et des leçons d'autrui, et le rejet de toute forme de complexe. Un discours qui, chez Lizzo, prend la forme d'une mise en scène jubilatoire du corps.

Mais à en croire Jillian Michaels, cette mise en scène trop exubérante ne passe pas. Pour elle, on célèbre trop son corps, et pas suffisamment "sa musique". Une déclaration curieuse dans la mesure où, justement, le physique de Lizzo est indissociable de ses créations : tous deux servent le même désir d'émancipation, profondément ancré dans les performances de l'artiste.

Mais Jillian Michaels ne semble pas suffisamment "adorer" sa musique pour bien le saisir. Et les internautes ne se privent pas de le faire remarquer, en rappelant à la coach que "le fat shaming n'est pas OK et s'en servir pour alarmer les gens est dangereux". "C'est tellement violent [comme remarque]. Et cela ré-ouvre des blessures dont beaucoup d'entre nous pensaient avoir guéri", s'est attristée une internaute. Une conséquence qui pourrait s'appliquer à bon nombre de propos grossophobes...

En décembre dernier, Lizzo avait déjà réagi aux remarques d'un docteur bien misogyne et grossophobe comme il faut, prétendant que sa popularité était due "à l'épidémie d'obésité en Amérique". Ben voyons. L'artiste avait alors décoché : "Je suis populaire parce que j'écris de bonnes chansons et que j'ai du talent, et que je propose des spectacles d'une heure et demie remplis d'amour et d'énergie. La seule personne qui doit faire mieux, c'est vous. Alors gardez mon nom hors de votre bouche et regardez-vous dans le miroir avant de venir me chercher". Difficile de faire plus badass, n'est-ce pas ?

De son côté, Jillian Michaels a tout de même tenté de se rattraper en clamant sur ses réseaux sociaux : "Nous sommes tous beaux, dignes et méritants". De fausses excuses qui peinent à faire oublier ce body shaming.