On impute souvent les maux de tête du matin à un manque de sommeil, à un excès d'alcool la veille, au stress, à la déshydratation ou à un repas trop chargé. Pourtant, ce pourrait aussi être le signe avant-coureur d'une dépression nerveuse, ce qui ne doit pas être négligé.
C'est en tout cas ce qu'avance l'équipe du Dr Maurice Ohayon, de l'Université de Stanford, aux États-Unis. Elle a en effet découvert que les céphalées matinales régulières étaient un bon indicateur d'un trouble anxieux ou d'une dépression.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé le sommeil de plus de 19 000 personnes en Europe. Ils ont réussi à déterminer que les personnes en état dépressif ou anxieux étaient deux fois plus susceptibles de se réveiller avec un mal de tête.
"Le mal de tête du matin affecte un individu sur treize sur la population, explique le Dr Ohayon, cité par The Independent. Les maux de tête matinaux chroniques sont un bon indicateur des troubles dépressifs majeurs et des troubles de l'insomnie." "Contrairement à ce qui a été suggéré précédemment, cependant, ils ne sont pas spécifiques aux troubles respiratoires liés au sommeil", a-t-il ajouté, faisant référence à une étude qui affirmait que les céphalées matinales étaient causées par l'apnée du sommeil.
L'étude note cependant que l'alcool, les troubles du sommeil et les problèmes de tension artérielle sont également liés à des maux de tête chroniques.
Un lien a en effet bien été établi entre le fait de boire au moins six boissons alcoolisées par jour et les maux de tête du matin. Même chose pour ceux qui qui souffrent de troubles du sommeil, du syndrome des jambes sans repos et du syndrome des mouvements périodiques des membres durant la nuit.
Cependant, le Dr Richard Lipton, professeur de neurologie à l'Albert Einstein College of Medicine a déclaré que le lien entre la dépression et les maux de tête non-migraineux comme les maux de tête cluster n'allait pas dans les deux sens. "Les céphalées non migraineuses sévères augmentent clairement le risque de dépression, mais la dépression n'augmente pas le risque de céphalée non migraineuse", affirme-t-il dans Everyday Health.
Les troubles anxieux provoquent le plus souvent des "Cluster". Connus sous le terme de céphalées en grappe, il s'agit de maux de tête de forte intensité – probablement les céphalées les plus violentes. Ces maux de tête apparaissent toujours de manière unilatérale. Les crises peuvent survenir en série, plusieurs fois par jour (d'où le terme de "Cluster"), et durer chacune jusqu'à trois heures. Il est particulièrement fréquent qu'elles surviennent la nuit.
Une étude publiée dans la revue Neurology faisait déjà le rapprochement entre céphalée et dépression, en notant que sur 21 personnes ayant souffert de céphalées vasculaires épisodiques, 23,8% présentaient un trouble anxieux. Une autre étude, plus approfondie, publiée dans Céphalalgie a aussi constaté auprès de ses 600 volontaires régulièrement sujets aux céphalées en grappe que ces derniers présentaient un risque accru de dépression.