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Parler d'abus sexuels quand on est un mec ? Cet acteur de "La fête à la maison" témoigne

Publié le Vendredi 20 Octobre 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
11 photos
Parler de viol quand on est un homme, de l'agression sexuelle dont on a été la victime, c'est encore tabou. Et cela, John Stamos ne peut le supporter. L'acteur de "La fête à la maison" libère la parole et revient sur les violences sexuelles dont il a fait l'objet.
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Les hommes victimes d'abus sexuels, d'agressions sexuelles, de viols, cela existe. Des faits qui ont pu se dérouler, pour certains, durant leur enfance, ou non, et demeurent des traumatismes. Des sujets surtout complexes à aborder dans une société qui étouffe la parole à grands coups de stéréotypes.

Mais John Stamos souhaite faire bouger les lignes. Dans son livre autobiographique, "If You Would Have Told Me", l'acteur que l'on connaît pour la série culte La fête à la maison révèle avoir été victime d'abus sexuels à l'âge de dix ou onze ans. Il aurait été agressé sexuellement par sa baby sitter.

"Je m'en souviens vaguement. C'est quelque chose qui a toujours été là, mais je l'ai mis de côté comme font beaucoup de gens. Je sais juste que ce n'était pas bien", témoigne-t-il, dixit le magazine ELLE. Et la star d'ajouter : "Je pense qu'à l'époque je me suis juste dit : 'Ah, c'est donc ça les filles'...".

Une voix qui compte beaucoup. On vous explique pourquoi.

Combien d'hommes osent en parler ?

"Mais si cela arrivait à mon fils, je pense que l'histoire ne serait pas la même", développe dans son autobio l'acteur désormais âgé de 60 ans, qui avoue avoir longtemps hésité à écrire ses mémoires, et à aborder ce sujet. Il a écrit, réécrit, mis dans le tiroir, attendu, avant de s'y remettre. Pourquoi est-ce si dur ?

C'est complexe, car tout viol ou agression sexuelle, évidemment, n'est jamais facile à aborder. Oui, "Libérer la parole", comme l'énonce l'expression, exige tout un processus. Et une crainte : recevoir jugements, moqueries, sans oublier tout le jargon culpabilisant propre au "victim blaming".

Et dans le cas qui nous intéresse, les stéréotypes jouent beaucoup.

Autrement dit, les stéréotypes de genre. La manière dont s'est construit le mythe de la virilité - comme l'écrit la philosophe Olivia Gazalé. Renier toute vulnérabilité, enfouir ses émotions en soi, et à l'inverse renforcer sa carapace...

Lorsqu'est advenu le mouvement #MeToo, peu d'hommes sont venus témoigner.

On se rappelle de Terry Crews, l'icône de la série Brooklyn Nine Nine, dénonçant en 2017 "un prédateur puissant et très influent" dont il aurait été victime. Et puis il y a évidemment l'acteur Oscarisé Brendan Fraser (La momie, The Whale). En 2018, l'acteur affirmait au magazine GQ avoir été agressé sexuellement par l'ancien président de la Hollywood Foreign Press Association (l'organisatrice des Golden Globes), Philip Berk.

Récemment, c'est l'ex enfant star Matthew Lawrence (Madame Doubtfire, Incorrigible Cory), désormais âgé de 43 ans, qui affirmait avoir fait l'objet de propositions très indécentes de la part d'un producteur contre un rôle dans une production Marvel. Et l'acteur a beaucoup réfléchi à ce sujet.

Il explique : "Il n'y a pas beaucoup d'hommes qui se sont manifestés depuis le début du mouvement #MeToo. Peu d'hommes ont parlé de ces choses dans l'industrie. Peut être que notre société est moins disposée à entendre parler de ce que vivent les hommes ?".

L'enjeu est féministe : lorsqu'ils s'expriment, les hommes soutiennent le mouvement #MeToo dans son ensemble - les victimes féminines, comme les victimes masculines. Ce fut le cas de Brendan Fraser. En septembre dernier, une ligne d'écoute dédiée aux hommes victimes de violences sexuelles a été ouverte au Japon. Le signe d'un début d'évolution des mentalités ?

On l'espère.