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Pour Apolline de Malherbe, il y a "trop de femmes" dans les matinales politiques : vraiment ?

Publié le Mardi 03 Octobre 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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"On n'a plus rien à prouver aujourd'hui. Je trouve même qu'il y a trop de femmes dans les interviews politiques !". Apolline de Malherbe s'est confiée sans filtre sur l'épineux métier qu'elle incarne. Quitte à (nous) faire réagir...
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C'est une pique d'une légère ironie comme elle en a le secret. Dans le cadre d'une interview accordée à Buzz TV, l'émission médias du Figaro, la matinalière politique Apolline de Malherbe s'est exprimée sur un vaste sujet : la parité dans le journalisme. Plus précisément, dans le journaliste politique.

Théma qui fâche ?

Toujours est-il que pour la voix fétiche des auditeurs de RMC, le combat pour l'égalité des sexes ne semble plus vraiment d'actualité dans ce champ culturel-là. Elle affirme sur le plateau : "On n'a plus rien à prouver, aujourd'hui ça s'est ouvert. Je trouve même qu'il y a trop de femmes...".

On imagine bien ce que suggère là la star d'Apolline Matin. La présence médiatisée de Léa Salamé sur France Inter, Amandine Bégot sur RTL, Sonia Mabrouk sur Europe 1, autant de visages familiers du grand public qui témoignent d'une "féminisation" de la profession.

Mais "trop de femmes", vraiment ?

Trop de femmes, vraiment ?

"Je ne vais pas jouer contre mon camp", tient à préciser Apolline de Malherbe du côté de Buzz TV, "mais j'aime un monde d'échanges où chacun trouve sa place. On ne doit pas passer d'un extrême à l'autre. Il faut qu'il y en ait pour tout le monde. Je passe un appel pour qu'il y ait des hommes intervieweurs !". Au moins, c'est clair.

Par contre, pour ce qui est de ce "d'un extrême à l'autre", il y a encore de quoi papoter, et sérieusement. Cette année encore, Radio France l'affirmait : "la parité dans les médias, ce n'est pas encore ça". Selon le rapport annuel de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom pour les intimes), les femmes occuperaient l'antenne - à la télé et à la radio - à raison de 44 %. On est loin de l'hégémonie.

Du coup, "trop de femmes", ce n'est pas encore assez, n'est-ce pas ?

En outre, pour ce qui est de la politique, les femmes demeurent là encore sous-représentées, "aussi bien en temps d'antenne qu'en temps de parole", nous apprend ce rapport de l'Arcom. Hormis quelles stars des matinales citées plus haut, il y a encore beaucoup, beaucoup "d'efforts" à faire.

Même si, nous assure cette étude étayée, le journalisme politique, "spécialité historiquement prestigieuse et masculine dans les médias d'information générale et politique français, s'est progressivement féminisé depuis les années 1990 et 2000". On pourrait dire que c'est une bonne nouvelle.

Souci ? La perduration d'un sexisme ambiant qui implique d'adopter certaines stratégies et postures de la part des professionnelles de l'information... C'est notamment le sexisme des élus à leur encontre qui s'avère toujours aussi systématique. Un immense ras le bol se fait ressentir.

Apolline de Malherbe est consciente de ce sexisme d'ailleurs, puisque elle-même n'hésite pas à le mettre en lumière. Récemment encore, elle taclait ainsi subtilement l'âgisme qui y règne, en affirmant en interview : "Un jour, je serai passée de date pour la télé. Vieillir physiquement me préoccupe. Une vieille journaliste, on lui fait moins souvent signe".

L'âgisme, pour rappel, ce sont ces discriminations dont sont victimes les personnes, et notamment les femmes, une fois passé le cap de la quarantaine. Des hommes "âgés" intervieweurs, en comparaison, ce n'est vraiment pas ce qui manque sur nos postes de télé...