Isoméride : Servier aurait caché la vérité aux autorités américaines sur son médicament

Publié le Mercredi 08 Juin 2011
Isoméride : Servier aurait caché la vérité aux autorités américaines sur son médicament
Isoméride : Servier aurait caché la vérité aux autorités américaines sur son médicament
Selon le Figaro, les laboratoires Servier auraient mis en danger la santé de certains patients en dissimulant les effets secondaires liés à l’Isoméride, leur coupe-faim vedette. Commercialisé au début des années 90, le médicament aurait développé de nombreuses pathologies cardiaques chez les patients.
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Déjà commercialisé en France en 1985, l’Isoméride était le coupe-faim phare des laboratoires Servier. Au début des années 90, le géant du médicament veut étendre son succès Outre-Atlantique afin d’atteindre le marché du surpoids américain. Ce sont les laboratoires américains Wyeth-Ayerst, American Home et la société Interneuron qui seront chargés de le commercialiser.

Seulement voilà, en 1994 en Belgique, certains consommateurs du coupe-faim développent des atteintes cardiaques, les valvulopathies. Des médecins signalent également les effets indésirables aux laboratoires et aux autorités sanitaires belges. 22 cas auraient ainsi été identifiés, selon les documents du Ministère belge de la Santé, rapportés par Le Figaro. Mais pour que le coupe-faim soit malgré tout commercialisé, les laboratoires Servier vont minimiser les effets du médicament auprès de la « Food and Drug Administration » (l’équivalent français de l’Agence du médicament ou de l'AFSSAPS).

Sur les fiches transmises à la FDA, Servier indique que les pathologies cardiaques sont « non serious » (non graves), pour ne pas alerter les autorités sanitaires américaines. L’Isoméride continuera donc d’être commercialisé, sous le nom de Redux, aux Etats-Unis.

Un an après, la Mayo Clinic, située à Rochester dans le Minnesota, recense 28 patients souffrant de valvulopathies que les médecins associent immédiatement au Redux, anciennement Isoméride. Interrogé par Interneuron, le laboratoire français continuera de minimiser les cas.

Une lettre que s’est procurée le quotidien Le Figaro, datant du 2 juillet 1997, accable encore les laboratoires Servier : Brigitte Riveline, la vice-présidente de Servier Amérique, a rédigé un rapport sur le médicament au numéro 2 d’Interneuron. Dans ce rapport, elle explique « qu’un seul médecin a reporté environ 20 cas » de valvulopathies, alors que ce sont 3 médecins qui ont alerté les autorités sur les effets du médicament. De plus, elle rajoute que les patients atteint de valvulopathies avaient pris des plantes chinoises dans le but de perdre du poids, ce qui aurait pu provoquer ces pathologies cardiaques. En réalité, seuls 13 d’entre eux en ont pris, selon un rapport des autorités sanitaires belges de janvier 1995. 2 ans après sa mise sur le marché américain, le Redux est retiré, suite aux ordres de la FDA qui l’accuse de favoriser les valvulopathies.

En un an, le médicament a rapporté près de 300 millions de dollars aux laboratoires Servier et 200 000 ordonnances étaient rédigées par semaine. En France, seules trois actions en justice ont été intentées par des victimes du médicament, alors que les Etats-Unis et le Canada ont dû faire face à des « mass actions » géantes, avec plus de 155 000 patients en justice pour dénoncer les effets du médicament.

Source : Le Figaro

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