Résultats Présidentielle 2012 : que se passera-t-il en cas de fuites ?

Publié le Vendredi 20 Avril 2012
Résultats Présidentielle 2012 : que se passera-t-il en cas de fuites ?
Résultats Présidentielle 2012 : que se passera-t-il en cas de fuites ?
Publiera, publiera pas ? A J-2 avant le premier tour du scrutin présidentiel, les risques de fuites de résultats n'ont jamais été aussi forts. Malgré la menace de sanctions et la mise en place d'un dispositif de veille pour repérer les infractions, des médias ont d'ores et déjà annoncé qu'ils braveraient l'interdiction. Sans compter les réseaux sociaux qui risquent fort de s'emballer avant le sacro-saint rendez-vous de 20h00.
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Quelle pagaille. A moins de deux jours du premier tour de l’élection présidentielle, une question agite toute la sphère médiatique. Et si les résultats fuitaient avant les estimations officielles ? A l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, le rendez-vous de 20h00 risque fort de voler en éclats. D’ailleurs les Français ne sont pas dupes, 86% d’entre eux estiment qu’ils seront dévoilés avant l’heure, selon un sondage Harris Interactive. Tous les regards se tournent donc vers ces médias qui ont annoncé vouloir publier des estimations en avance. C’est le cas de Libération qui « se réserve le droit » de diffuser sur son site Internet les estimations dès 18h30, « si l'écart est net et les sources fiables », a déclaré à l'AFP Nicolas Demorand, directeur de la rédaction. Twitter, avec cinq millions d’inscrits, risque aussi d’inonder la toile avant l’heure fatidique. Les médias étrangers se posent, eux, beaucoup moins de questions. Hors d’atteinte de la loi française, ils donneront des estimations en toute impunité. La Radio-télé francophone publique belge RTBF, le journal Le Soir de Bruxelles, mais aussi la Radio-Télévision suisse (RTS) ou le site de Lausanne 20minutes.ch, ont annoncé qu'ils publieraient les estimations avant 20h00, prévoyant même un afflux de visiteurs français sur leurs sites. La plupart des grands médias jouent toutefois le jeu, ne serait-ce parce que beaucoup d’entre eux ont conclu des accords avec des instituts de sondage pour des estimations exclusives. De son côté, TNS Sofres a d’ailleurs décidé de ne communiquer aucun chiffre à des médias étrangers, selon un porte-parole.

Une loi obsolète ?
Jusqu'à présent, les médias français respectaient la loi qui, sous peine d'amende, interdit de publier, de commenter ou de diffuser tout sondage, par quelques moyens que ce soit (y compris sur les réseaux sociaux), la veille et le jour du scrutin et ce, avant 20h00. Heure à laquelle les derniers bureaux de vote ferment. Le contrevenant s’expose à une amende allant de 3750 euros jusqu’à 75 000 euros. En 2007, il y avait déjà eu quelques fuites, des blogs avaient révélé les grandes tendances. Mais ce n’est rien comparé à ce qui attend cette élection. Cette loi est-elle toujours d’actualité ?
Beaucoup de journaux et de sites français s'interrogent. L'Agence France Presse « se pose les mêmes questions que beaucoup d'autres médias et fera connaître sa position vendredi », a indiqué son directeur de l'Information Philippe Massonnet. Pour Nicolas Demorand, la loi représente « un vrai problème démocratique » dans la mesure où « le monde des médias, de la politique et leurs amis sont informés avant » les électeurs.

Comment le contrôle va-t-il s’exercer ?
La Commission nationale de contrôle de la campagne n’est pas prête à lâcher du lest. L’organisme entend bien surveiller la toile le 22 avril et le 6 mai. La Commission des sondages et la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale sont décidées à faire respecter la loi interdisant toute diffusion avant la fermeture du dernier bureau de vote de tout élément de résultat. « Toute personne pour qui une infraction est constatée sera déférée au parquet », a-t-on indiqué jeudi à la commission des sondages. Un dispositif de veille Internet spécifique pour repérer d'éventuelles infractions à l'interdiction de publier avant 20h00, va être mis en place. La Commission des sondages a également l'intention de poursuivre les médias suisses et belges qui violeraient la loi française, bien que ceux-ci fassent valoir qu'ils n'y sont pas assujettis. « A partir du moment où un site est consulté à partir d'une adresse IP hébergée en France, il y a diffusion en France », estime la Commission. Reste qu’on imagine mal comment poursuivre tous les contrevenants. Et faut-il loger à la même enseigne les auteurs de simples tweets et les journalistes. La tâche s’annonce délicate.

Crédit photo : AFP

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