Italie : une élue d'extrême droite appelle au viol de la ministre de l'Intégration

Publié le Vendredi 14 Juin 2013
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Italie : une élue d'extrême droite appelle au viol de la ministre de l'Intégration
Italie : une élue d'extrême droite appelle au viol de la ministre de l'Intégration
Dolores Valandro, une élue locale de la Ligue du Nord, le parti anti-immigrés italien, a commis un sérieux dérapage sur Facebook en appelant au viol de la ministre de l'Intégration Cécile Kyenge, première femme noire à être entrée au gouvernement italien. Si ses propos ont choqué de nombreux internautes et une partie de la classe politique, ils n'en sont pas moins révélateurs d'une montée du racisme dans la société italienne.
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Depuis la nomination de Cécile Kyenge à la tête du ministère italien de l'Intégration en mars dernier, les attaques racistes à son encontre ont été légion. Raillée tout autant pour ses origines congolaises et la couleur de sa peau que pour sa volonté d'imposer une réforme où le droit du sol donnerait droit à la nationalité italienne, Cécile Kyenge avait jusqu'ici préféré éluder les critiques et revendiquer fièrement ses origines en déclarant : « Je ne suis pas de couleur, je suis noire. »
Pourtant, cette semaine, Dolores Valandro, une conseillère d'arrondissement de Padoue du parti nationaliste la Ligue du Nord, est allée beaucoup trop loin. Dépassant clairement la limite du racisme pour franchir celle de l'incitation à la haine, Dolores Valandro a en effet appelé sur Facebook au viol de la ministre de l'Intégration. Réagissant sur le réseau social à un article issu d'un site appelé « Tous les crimes des immigrés » et qui relatait la tentative de viol présumée d'un Africain sur deux Roumaines, l'élue d'extrême droite s'en est violemment prise à Cécile Kyenge et a lancé un appel au viol à son encontre, relaté par Le Parisien : « Mais personne ne la viole jamais, juste pour lui faire comprendre ce que peut éprouver la victime de ce terrible délit ? Une honte », a-t-elle ainsi écrit.

Un fait révélateur du racisme latent en Italie

Le dérapage de Dolores Valandro a suscité l'indignation d'une grande partie de la population italienne et d'une majorité de la classe politique. Les réactions ont d'ailleurs été immédiates. La Ligue du Nord elle-même s'est désolidarisée de son élue. Massimo Bitonci, chef des sénateurs de la Ligue du Nord et président de la section où siégeait Dolores Valandro a ainsi tenu à se dissocier « de la manière la plus totale de la phrase violente, stupide et inopportune écrite par […] Dolores Valandro. Nous prendrons immédiatement des mesures disciplinaires à son encontre et je lui ai personnellement demandé d'enlever cette phrase de son profil Facebook et de présenter ses excuses » à Cécile Kyenge.


De son côté, le maire de Vérone et secrétaire régional du partie pour la Vénétie a dénoncé une « déclaration inqualifiable » et a annoncé l'expulsion immédiate de Dolores Valandro de la Ligue du Nord.


Ce violent dérapage n'est pourtant que le dernier en date d'une longue série d'attaques racistes contre Cécile Kyenge. Depuis sa nomination et sa prise de fonction à la tête du ministère de l'Intégration, celle-ci a dû subir de nombreuses attaques racistes. Et la Ligue du Nord n'en est pas à son premier fait d'armes. L'un de ses députés, Mario Borghezio, avait ainsi déclaré que sa nomination « est un éloge à l'incompétence […] Elle a la tête d'une femme au foyer. » Misogynes et racistes, ces propos lui ont valu l'exclusion début juin du groupe EFD du Parlement européen.

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