Les pays en développement sont-ils les grands perdants du G20 ?

Publié le Mercredi 16 Novembre 2011
Les pays en développement sont-ils les grands perdants du G20 ?
Les pays en développement sont-ils les grands perdants du G20 ?
Dans cette photo : Bill Gates
Taxe sur les transactions financières, lutte contre la pauvreté et aide au développement : le dernier G20 a aussi été l’occasion de revenir sur la question des pays du Sud et de s’interroger sur les mesures concrètes à adopter. Décryptage de Véronique Smée, rédactrice en chef du site Internet Novethic.fr.
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A Cannes, malgré la tourmente grecque et européenne, les pays membres du G20 ont étudié des mesures « concrètes pour répondre aux nouveaux défis des pays du Sud », en négociation depuis un an. Trois thèmes ont été jugés prioritaires : la sécurité alimentaire, les infrastructures et les financements innovants du développement. Bill Gates, dans son rapport préparé à la demande de Nicolas Sarkozy, a plaidé pour la mise en place de financements innovants destinés à aider les pays du Sud à se développer. Parmi eux, l’ex-patron de Microsoft a défendu la taxe sur les transactions financières -soutenue également par plusieurs pays, par la Banque Mondiale et le FMI-, qu’il a jugée « faisable même sans adoption universelle » au niveau international. Une taxe de 0,1% sur les actions et de 0,02% sur les obligations rapporterait 48 milliards de dollars si elle était adoptée par les pays du G20, ou 9 milliards au seul niveau européen. A Cannes, la France et l’Allemagne ont été les chefs de file de cette taxe, soutenue depuis plusieurs années par de nombreuses ONG. L'organisation non gouvernementale ONE, cofondée par Bono, a également exhorté le G20 à adopter les solutions proposées. Le rapport de Bill Gates « démontre qu'un accord mondial sur les investissements, l'aide et des taxes innovantes est non seulement désirable, mais réaliste», a estimé Guillaume Grosso, directeur de ONE France, dans un communiqué. « À quelques exceptions près, les dirigeants du monde ont discrètement renoncé aux promesses faites aux pays les plus pauvres en espérant que personne ne s'en apercevrait. Mais Bill Gates montre que des solutions simples sont à portée de main pour financer la lutte contre la pauvreté », a-t-il ajouté.

De fait, le G20 n’a pas totalement renoncé à la taxe, puisque son principe est mentionné dans le communiqué final du sommet de Cannes. Les pays du G20 reconnaissent ainsi « qu’au fil du temps, de nouvelles sources de financement doivent être trouvées pour répondre aux besoins de développement et faire face au changement climatique. Nous avons discuté d’un ensemble d’options de financements innovants, mises en évidence par Bill Gates. Certains d’entre nous ont mis en œuvre ou sont prêts à étudier certaines de ces options. Nous reconnaissons les initiatives prises dans certains de nos pays pour taxer le secteur financier à des fins diverses, dont une taxe sur les transactions financières entre autres pour soutenir le développement », ont-ils ajouté.

Mais les États-Unis comme l’Angleterre restent néanmoins opposés à une taxe de cette nature. « Le sommet de Cannes a au moins permis de mettre certains de ces problèmes sur la table. Les jalons ont été posés et chacun y réfléchira d’ici la prochaine réunion au Mexique », a souligné la France. Reste que le produit de cette taxe, si elle devait voir le jour au niveau européen, risque fort d’être affecté à la zone euro, compte-tenu de la crise actuelle, et non de servir à financer le développement des pays pauvres… C’est en tout cas le projet défendu par José-Manuel Baroso, président de la Commission européenne et soutenu également par Nicolas Sarkozy.

Crédit photo : AFP

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