Cette Instagrammeuse dévoile les stigmates de l'anxiété en photo

Publié le Vendredi 17 Février 2017
Louise  Col
Par Louise Col Journaliste
La photo de cette instagrammeuse nous rappelle que nous avons tous des mauvais jours
La photo de cette instagrammeuse nous rappelle que nous avons tous des mauvais jours
Megan Jayne Crabbe est une militante "body positive" qui cartonne sur Instagram. Si la plupart de ses photos sont une célébration du corps féminin, elle a récemment utilisé le réseau social pour démontrer à quel point l'anxiété pouvait vous rendre vulnérable et changer entièrement votre visage.
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Megan Jayne Crabbe était seulement âgée de 5 ans quand elle a commencé à haïr son corps. A 10 ans, elle s'est mise au régime toute seule, à 14 ans, elle a été diagnostiquée anorexique. Au pire de sa maladie, Megan a atteint 29 kilos. Nourrie grâce à un tube, elle a passé deux années entre l'hôpital et l'institut psychiatrique. Et si ce suivi lui a permis de reprendre du poids, il l'a aussi fait entrer dans un cercle vicieux : celui du binge-eating, un trouble alimentaire dont on parle peu, qui se manifeste par une perte de contrôle et une consommation excessive et compulsive de nourriture. "J'ai triplé mon poids en un an et je me suis retrouvée dans un corps que je détestais. C'est là que les régimes ont recommencé. J'ai navigué entre les périodes de privation et de binge-eating pendant des années", explique-t-elle à The Independent.

Ce qui a sauvé Megan ? La découverte du mouvement body positive. Venu des États-Unis, ce courant féministe promeut l'acceptation de son corps et la célébration de toutes les beautés. Sur Instagram, les comptes body positive abondent, formant le contre-pied parfait aux profils des fitgirls accros au fitness et aux potions détox. Il y a deux ans, Megan a rejoint le mouvement en créant un compte baptisé @bodyposipanda. Très vite, Instagram est devenu l'élément déclencheur de sa guérison : "Au début, mon profil était un espace personnel qui me permettait de guérir, d'apprendre à aimer mon corps, tout en étant inspiré par les autres personnes de la communauté. Je ne pensais pas que mon compte prendrait une telle ampleur, mais je suis heureuse de permettre à d'autres personnes de guérir, comme moi j'ai guéri". Avec ses 576 000 abonnés, on peut effectivement dire que Megan inspire les autres.

Derrière les sourires, l'anxiété

Le compte Instagram de Megan Jayne Crabbe est une ode aux corps féminins. L'Anglaise de 24 ans s'affiche souvent en sous-vêtements, mais elle met aussi à l'honneur d'autres femmes, d'autres corps, poste des messages inspirants, qui donnent envie de s'accepter. Mais il y a quelques jours, Megan a fait tomber un peu plus le masque. Si elle a dit adieu aux troubles alimentaires, elle souffre toujours de crises d'anxiété très violentes. Pour montrer à ses abonnés qu'elle n'était pas si zen que ça, elle a donc publié un montage de photos prises à une journée d'intervalle. Sur le premier cliché, elle apparaît souriante, le maquillage parfait et la coiffure impeccable. Mais sur la deuxième image, Megan a le teint cireux et les traits tirés. Cette photo, elle l'a prise juste après une intense crise de panique.

Dans le message qui accompagne sa photo, Megan explique que la création de ce compte Instagram a été un moyen pour elle de guérir. Mais à mesure que ses troubles alimentaires disparaissaient, la jeune femme s'est concentrée presque exclusivement sur le côté positif de sa vie. "D'un seul coup, tout n'était plus que soleil, impertinence et positivité. Je m'efforcerai toujours de faire de ce compte Instagram un espace sain, mais ça doit aussi être un espace qui parle de guérison. Je dois parler des choses difficiles, je dois parler de ma santé mentale", a-t-elle lâché.

Megan en a également dit plus sur ses soucis d'anxiété : "Ces photos ont été prises à moins de 24h d'intervalle. Sur la première, je suis bien maquillée, je m'apprête à participer à un shooting. Sur la deuxième, je viens juste de vivre une grosse crise de panique qui m'a clouée au sol et qui a drainé tout le sang qui circule dans mon visage, me laissant avec les traits engourdis. Quand j'ai enfin réussi à reprendre mon souffle, je me suis regardée dans le miroir et j'ai commencé à me dire que j'étais nulle. Je me suis demandée ce que mon mec pouvait bien me trouver, et je me suis dit que j'étais laide. Au bout de 10 minutes, j'ai décidé de prendre une photo. Je voulais la poster et vous dire qu'il n'y a pas de honte à avoir dans le fait d'aller mal. (...) Alors voilà la réalité : c'est normal d'avoir des mauvais jours. C'est normal d'être brut, honnête et vulnérable. Nous sommes tous en train de guérir. Et si vous vous sentez mal cette semaine, vous n'êtes pas tout seul, je vous le promet".