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Sur ARTE, on (re)découvre le plus beau rôle de Charlotte Gainsbourg (et on chiale)

Publié le Mercredi 13 Mars 2024
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
11 photos
Charlotte Gainsbourg est épatante de sensibilité - comme bien souvent - dans ce film nostalgique d'une revigorante douceur. A (re)voir gratuitement sur ARTE.
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A chaque cérémonie des César, son lot de performances d'acteurs et d'actrices snobées. Et en 2023, difficile de ne pas citer la performance exclue des nominations de Charlotte Gainsbourg dans Les passagers de la nuit : pleine de justesse, la voix fêlée (celle que les fans lui connaissent) toute en fragilité, elle y incarne une mère de famille dépressive qui doit remonter à la surface après que son mari l'ait quittée pour une autre femme.

Dans cette France des années 80, mitterrandienne, les solitudes oscillent entre incertitudes et espoirs. Espoir d'un renouveau collectif naturellement, mais aussi intime : c'est le cas de notre protagoniste, Élisabeth, qui va concilier nouveau job (à la Maison de la radio, dans le cadre d'une émission nocturne) et nouvelles rencontres. Voilà pour le topo de ce film qui touche juste dans sa nostalgie, sa douceur et surtout : son empathie débordante.

Aujourd'hui, ARTE nous propose de le revoir gratuitement en streaming sur son site. Et vous ne devez pas le louper. Car son actrice principale y livre ce qui, peut être, représente sa plus belle partition !

Pourquoi ce film nous touche en plein coeur

On tombe facilement sous le charme de ces "Passagers de la nuit". Il faut dire que le cinéaste Michael Hers (qui nous avait déjà bien crevé le coeur avec Amanda) y délivre une ode aboutie à la mélancolie et à ses remèdes. Entre ces panoramas de nuit sur Paris et ses tours, le visage ravivé de la grande Pascale Ogier (via une citation des Nuits de la pleine lune d'Eric Rohmer, que nous décryptons ici) et ses moments de convivialité sur fond de Joe Dassin...

Tous les personnages de ce film, mère de famille, ados, rencontres éphémères, manquent de quelque chose. Ils cherchent leur voie au gré de leurs déambulations, sombrent volontiers dans la tristesse, le doute. Et c'est pour cela qu'ils nous donnent du baume au coeur. Car c'est justement leur union qui fait de leurs failles une force. Ce paradoxe, Charlotte Gainsbourg l'incarne : par ses murmures si familiers, oui, mais aussi par les maux qu'a du endurer son personnage (physiques, notamment), lequel se voit aimé, rassuré dans sa vulnérabilité, le temps d'un discours intime prononcé par son amant.

Entre la douleur et la douceur de vivre, il y a parfois une mince frontière. Et c'est cette fragilité naturellement humaine, qu'elle soit féminine ou masculine, que met en images le réalisateur à travers cette plongée au sein du quartier de Beaugrenelle. Ce faisant, il s'adresse à tous les "passagers de la nuit" : insomniaques, sentimentaux, introvertis, solitaires, sensibles... Autant de dénominations qui trouvent en Charlotte Gainsbourg leur parfaite et singulière personnification. En fin de parcours, on chiale, inévitablement.

Dans l'attente de retrouver une nouvelle fois ces Passagers...