MSN, mousquetaires, mélancolie : 7 romans réjouissants à emporter dans sa valise cet été

Publié le Mercredi 21 Juin 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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Qui dit été et vacances dit bouquins à dévorer comme une crème glacée. Et ce ne sont pas les super livres qui manquent : classiques, nouvelles parutions audacieuses, portraits de femmes. Voilà de quoi intelligemment remplir votre valise.
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Des voyages en train aux escales sur la plage, des bronzettes insouciantes aux nuits interminables de canicule, un dénominateur commun se déploie quand on pense vacances : de l'eau bien sûr (beaucoup, beaucoup d'eau) mais surtout, des lectures. Plein. Rassurez-vous, les romans de qualité ne manqueront pas cet été. Ils captivent, dépaysent, émeuvent, font rire, frémir... Bref, il y en a vraiment pour tous les goûts. Suivez le guide.

"Bien sûr que les poissons ont froid"

La modernité réjouissante de la jeune romancière Fanny Ruwet.
La modernité réjouissante de la jeune romancière Fanny Ruwet.

Un titre qui en dit long sur les atours du récit qu'il illustre : drôle et décalé, déconcertant et poétique. Beau résumé de son autrice ou tout du moins, de ce qu'elle dévoile déjà lors de ses chroniques radiophoniques remarquées sur France Inter. Car Fanny Ruwet, 28 ans seulement, est familière des auditeurs et auditrices de la radio, où elle déploie volontiers son humour et son authenticité. Son premier roman, publié aux toujours enthousiasmantes éditions de l'Iconoclaste, est une réussite. A l'unisson, il amuse, étonne, émeut.

Bien sûr que les poissons ont froid raconte l'histoire (vécue) d'une jeune protagoniste qui cherche à retrouver son idylle d'antan. Enfin, "idylle"... purement numérique : un garçon rencontré sur MSN, et qui du jour au lendemain n'a plus donné de nouvelles. Qu'est-il devenu ? Sur Internet, aucune info. Mais est-ce bien un "il" ? Une enquête aussi captivante que troublante dans sa captation d'une confusion des sentiments très actuelle.

Vivement le prochain.

"Le maître des illusions"

Un chef d'oeuvre qui fête ses 30 ans !
Un chef d'oeuvre qui fête ses 30 ans !

Quand la température se hisse au dessus des 30 degrés avec l'endurance d'un marathonien, on décide de souffler en se faisant frissonner. Et Le maître des illusions est fait pour ça. C'est l'histoire d'un mystère qui plane sur une université où de curieux étudiants en littérature classique s'éprennent d'un professeur tout aussi énigmatique. De rituels inavoués. Et d'un événement dont l'ampleur dépassera chacun de nos jeunes protagonistes...

Mais c'est surtout l'histoire d'un véritable classique de la littérature américaine, dont les copieuses 700 pages fondent comme neige au soleil. Un "page turner" concocté par une romancière aussi rare que précieuse, Donna Tartt, amie de l'immense Bret Easton Ellis, autrice aussi bien fascinée par le fantastique et le thriller que par l'ésotérisme. Trop en dire serait déjà gâcher le plaisir vénéneux de cette lecture : Le maître des illusions célèbre ses trente ans cette année, et vous fera à n'en pas douter l'effet d'un sortilège.

"Des ronds dans l'eau"

Une lecture dépaysante idéale pour l'été.
Une lecture dépaysante idéale pour l'été.

"Tu voudrais que l'on t'aime un peu comme un héros / Mais qui saurait quand même faire des ronds dans l'eau", chantait Françoise Hardy.

Une fois n'est pas coutume : on profite de l'été pour découvrir une autrice avec ce tout premier roman déjà auréolé de compliments. Ainsi dès la couverture (bleutée) la romancière Mélissa Da Costa (Tout le bleu du ciel, Les douleurs fantômes) applaudit ici "une plume sensible, d'une grande délicatesse". Forcément prometteur.

Et complètement pertinent en cette saison, que de se plonger dans les eaux accueillantes de ce récit relatant le séjour de notre protagoniste, Joséphine, dans une maison à rénover en plein coeur de la Bretagne. Là bas, notre héroïne fait part de ses doutes quant à sa relation présente, ses émois, son avenir - elle est enceinte. Elle se confronte également à sa solitude.

Pour avoir dévoré de grands romans aquatiques comme L'octopus et moi de la romancière Erin Hortle, on sait que l'eau est riche de sens dès qu'il est question de condition féminine: elle est l'expression du corps et de soi dans une société qui n'invite pas suffisamment à l'introspection. Oui, même la pluie bretonne. Ces Ronds dans l'eau le démontrent tout en douceur avec cette protagoniste qui, comme la maison qu'elle occupe, doit se reconstruire...

"La saison des souvenirs"

Une saison d'où l'on ne revient pas...
Une saison d'où l'on ne revient pas...

Les parutions des éditions Charleston, de leurs couvertures dépaysantes aux récits passionnés déployés au fil des pages, demeurent indispensables à nos errances estivales. Et ce n'est pas La saison des souvenirs qui contredira cette réalité. Charmés par ce titre mélancolique, on s'immerge dans cette lecture et, très vite, c'est l'histoire qui nous happe : les mésaventures d'Eliza Spencer, jeune résidente du Yorkshire bien décidé à partir sur les traces d'un père qui ignore tout d'elle. Un road trip qui sera, on s'en doute, très riche en émotions.

Aussi connue sous le nom de Sue Mongredien, Lucy Diamond est familière à celles et ceux qui raffolent des intrigues aux senteurs d'ailleurs. Des romans où l'écriture fait l'effet d'un chocolat chaud revigorant (en hiver) ou d'une brise caressante : La villa des petits bonheurs, Le doux parfum de la vérité... La saison des souvenirs nous emporte à l'unisson, avec son postulat familial forcément accrocheur et son style débordant d'affects.

"Les trois mousquetaires"

Dumas, notre éternel remède à l'ennui estival !
Dumas, notre éternel remède à l'ennui estival !

Et si on relisait Alexandre Dumas en 2023 ? Et pourquoi pas. Le must read de tout été qui se respecte est évidemment Le comte de Monte Cristo, mais séances cinés obligent, c'est plutôt un autre pavé dont l'on écornera furieusement les pages : Les trois mousquetaires, remis au goût du jour suite à une nouvelle adapté à l'écran où triomphe François Civil. Un D'Artagnan convaincant ? Pour le savoir, on se (re)plongera dans l'oeuvre matricielle...

Peu ont surpassé l'auguste Dumas dans l'exercice du romanesque décomplexé. Des personnages complexes, des péripéties en série, des intrigues qui se nouent et se dénouent dans un vaste exercice de maîtrise narrative. En somme : un véritable souffle - rien de tel en pleine canicule.

Mais plein de questions, aussi. Car si la bisexualité du personnage de Porthos (Pio Marmai) dans cette nouvelle adaptation a beaucoup fait jaser, qu'en est-il au juste du roman originel ? Qu'ont à nous raconter ces protagonistes sur leur "amitié" virile et leur "tous pour un, un pour tous" ?

Une éternelle source d'interprétations qui exige bien une (re)lecture.

"Une folle envie de liberté"

A dévorer sur la plage.
A dévorer sur la plage.

Lorsque les journées s'allongent dangereusement et que le désir de changer de décor s'intensifie, un mot nous vient forcément à l'esprit : l'amour. Quoi de plus stimulant ? Vous avez deux heures - même si cette question est rhétorique. L'amour, par les temps qui courent, c'est aussi la sororité : l'union des femmes avec les autres femmes, et toute l'inspiration que cette perspective suscite. Et elle se retrouve justement dans cette folle envie de liberté, qui est celle d'Alice Lambert, fraîchement divorcée et précaire, en quête de renouveau.

Le trouvera-t-elle du côté du boulevard Montmartre ? Mystère mystère. Vous le saurez en découvrant ce portrait de femme, anonyme qui suscite immédiatement l'identification : car qui peinerait à ressentir de l'empathie pour une héroïne qui étouffe et n'attend qu'une chose, une idéale émancipation qui serait synonyme de changement de vie ? Une envie pas si folle, finalement. Elle serait même plutôt nécessaire. Et romanesque en diable !

"Le garde du coeur"

Un roman exceptionnellement drôle de Sagan.
Un roman exceptionnellement drôle de Sagan.

"Ah ! Je ne dirai jamais assez les charmes de la vie quand on l'aime. La beauté des jours, le trouble des nuits, les vertiges de l'alcool, ceux du plaisir, les violons de la tendresse, cet incroyable bonheur de se réveiller vivante avec tout ce temps devant soi...". Une diva hollywoodienne s'éprend d'un garçon qui a une fâcheuse tendance à se "débarrasser" de tout ce qui la contrarie. Au programme : romance passionnée et humour noir.

Attention, pépite littéraire : si elle n'égare jamais son style touchant au sublime (voir plus haut) Françoise Sagan signe en 1968 avec Le garde du coeur un petit ovni dans sa frénétique carrière. Un roman résolument comique, éloigné du spleen dévastateur de Bonjour tristesse, La chamade et Aimez vous Brahms. Une histoire menée tambour battant qui amuse par sa féroce cocasserie, sans cependant mettre de côté toute poésie. On retrouve la mélodie des mots du "charmant petit monstre" de la littérature.

Un régal, et un sacré hymne à la liberté féminine. Un thème sacré qui confère à l'oeuvre de son autrice une force toute féministe, même à l'heure des nouvelles luttes : "Tout était à moi : la fraîcheur des draps ou leur moiteur, l'épaule de mon amant près de moi ou ma solitude, l'océan bleu et gris".

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