New York Fashion Week : exit les mannequins, place aux vraies femmes

Publié le Mardi 17 Février 2015
Anaïs Orieul
Par Anaïs Orieul Journaliste
New York Fashion Week : exit les mannequins, place aux vraies femmes
New York Fashion Week : exit les mannequins, place aux vraies femmes
La New York Fashion Week n’est pas le genre d’événement à célébrer la différence. Mais la créatrice américaine Carrie Hammer semble pourtant bien décidée à changer la donne. Lors de son dernier défilé, elle a ainsi invité sur son catwalk des femmes qui selon elle, sont « des exemples à suivre ».
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Il fallait la voir marcher avec aplomb et grâce sur le podium du défilé Carrie Hammer le 12 février dernier à la Fashion Week new-yorkaise. La taille cintrée dans une robe noire trapèze, Jamie Brewer, 30 ans, n’avait rien à envier au personnage de sorcière clairvoyante qu’elle interprète dans la saison 3 d’American Horror Story. Si son apparition a fait couler pas mal d’encre, ce n’est pas parce que la jeune femme est comédienne ou qu’elle a (malheureusement) passé l’âge de défiler. Non, ce qui a ému invités et journalistes, c’est que Jamie Brewer est atteinte de trisomie 21. Légèrement opportuniste, Carrie Hammer ? Même pas. En choisissant cette actrice en particulier, la styliste continue un combat commencé l’année dernière avec son premier défilé : mettre en avant des femmes différentes et de caractère.

Intitulée « Role models not runaway models », soit « des exemples à suivre, pas des mannequins », la campagne de Carrie Hammer avait fait mouche en 2014 en invitant sur scène une jeune femme en fauteuil roulant. Quelques mois plus tard, la créatrice avait réitéré en conviant cette fois-ci Karen Crespo, une trentenaire de Los Angeles amputée des quatre membres. Cette année, outre Jamie Brewer, le catwalk a vu déambuler la présidente de l’entreprise Brandthropologie, la co-fondatrice de la société philanthrope Nexus, la rédactrice en chef du site Bustle.com, ou encore la directrice des affaires publiques de Coca Cola. Une prise de position forte pour la créatrice, qui a assuré au Huffington Post :

« C’est important que les femmes comprennent que la beauté vient du pouvoir, de la personnalité et de l’accomplissement personnel. Toutes les femmes que nous avons fait monter sur le podium sont au top dans leurs domaines respectifs. Je pense qu’avec elles on s’attaque à quelque chose qui est là depuis trop longtemps : l’uniformité. Je ne veux pas seulement montrer la diversité. Je veux montrer la réalité ».

Montrer que « rien n’est impossible »

Depuis son premier défilé, Carrie Hammer a reçu des centaines de lettres et e-mails de femmes la félicitant pour son initiative. Parmi tous ces messages, celui de Katie Driscoll l’a particulièrement touchée. Maman d’une petite fille trisomique, cette Américaine a co-fondé l’association Changing the Face of Beauty, qui milite pour une plus grande visibilité des personnes handicapées dans les médias. C’est elle qui a demandé à Carrie Hammer d’inclure la jeune star d’American Horror Story dans son dernier défilé. Interrogée par USA Today, elle raconte : « Je lui ai expliquée à quel point c’était important pour ma fille d’avoir un exemple à suivre comme Jamie Brewer. Ça lui montre que rien n’est impossible ».

Le handicap se fait une place dans la mode

Depuis que Benetton a choisi de faire poser une petite fille atteinte de trisomie 21 pour sa collection automne-hiver 1998, les mentalités ont semble-t-il lentement mais sûrement évolué dans le milieu de la mode. Si les mannequins taille zéro restent les reines de l’industrie, des top models d’un genre nouveau ont commencé à émerger dans les catalogues. On notera ainsi une grande ouverture d’esprit du côté des marques anglo-saxonnes qui n’hésitent pas à faire poser des enfants atteints du syndrome de Down en compagnie d’autres tout-petits (Target, Marks & Spencer, DC Kids USA).

Du côté des adultes aussi, on voit poindre une certaine évolution depuis quelques années. Des mannequins amputés comme Kelly Knox, Debbie van der Putten, ou encore Jack Eyers, sont ainsi apparus dans des campagnes de pub ou se sont invités sur les podiums. Début 2014, la marque de jean Diesel faisait également parler d’elle en invitant Jillian Mercado, une blogueuse mode atteinte de dystrophie musculaire, à poser pour elle. Et si la démarche des marques semble parfois liée à la recherche du buzz à tout prix, reste que célébrer la diversité ne peut avoir qu’un impact positif et mener à une chose : l’acceptation de la différence par le plus grand nombre.

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Diesel