#1femmesur2 : 100 personnalités réclament un plan d'urgence contre les violences sexuelles

Publié le Lundi 06 Novembre 2017
Une centaine de personnalités de la société civile ont réclamé dans une lettre ouverte adressée au président Macron et publiée dans le "JDD" ce 5 novembre, "un plan d'urgence contre les violences sexuelles" infligées aux femmes. Un texte incisif proposant la mise en place de cinq mesures destinées à mobiliser l'ensemble de la société "autour d'un objectif commun : zéro violence sexuelle".
À lire aussi

Elles sont artistes, réalisatrices, auteures, journalistes, historiennes, syndicalistes, féministes, économistes ou médecins et se sont unies d'une même plume pour réclamer "un plan d'urgence contre les violences sexuelles" au président de la République, Emmanuel Macron. Parue le 5 octobre dans le Journal du dimanche, cette lettre ouverte signée par une centaine de personnalités féminines parmi lesquelles l'humoriste Florence Foresti, les chanteuses Louane et Imany, les écrivaines Marie Darrieussecq et Tatiana de Rosnay, la journaliste Rokhaya Diallo, les philosophes Sandra Laugier et Michela Marzano ou encore la comédienne Anna Mouglalis, dénonce "l'insupportable déni collectif" dont sont victimes les femmes, dans "une société qui (les) maltraite".

Déjà plus de 68 000 signataires

"Une femme sur deux a déjà été victime de violences sexuelles. Certaines ne sont plus là pour signer cette tribune, mortes sous les coups. Certaines sont plus particulièrement concernées parce qu'elles sont en situation de handicap, lesbiennes ou subissent le racisme", écrivent les auteures. Cet appel incisif fait suite à l'affaire Harvey Weinstein et à la libération de la parole des femmes, notamment via le hashtag #Balancetonporc, pour dénoncer les violences sexuelles dont elles sont victimes. Mise en ligne sous forme de pétition sur Change.org par la militante féministe Caroline De Haas, cette initiative a des allures d'appel au secours. Saluée par Ségolène Royal au micro du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro ce dimanche 5 novembre, elle a été signée par plus de 68 000 personnes.

Pour mettre fin à ce profond problème de sexisme, les auteures de la lettre réclament le doublement immédiat "des subventions attribuées aux associations", la mise en place dès 2018 "d'une formation obligatoire de tous les professionnel(le)s en contact avec des femmes victimes", la création au collège "d'un brevet de la non-violence", "la formation obligatoire des salarié(e)s et managers à la prévention du harcèlement sexuel au travail" et enfin, le lancement "d'une campagne nationale de prévention". Une campagne, écrivent les auteures à Emmanuel Macron, "que vous pourriez venir présenter au JT d'une grande chaîne pour affirmer, en tant que chef de l'État, que les violences n'ont plus leur place dans notre pays".

Les pions du gouvernement

Interrogé sur le sujet à la mi-octobre lors de son passage sur TF1 et LCI, le président avait promis la création d'une police de proximité dont "la priorité sera la lutte contre le harcèlement, notamment dans les transports". Au même moment, la secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, détaillait dans un entretien accordé à La Croix, les mesures envisagées dans son projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles, dont la présentation officielle est prévue pour le 1er semestre de 2018. Un texte visant à fixer un âge légal pour le consentement sexuel des mineurs, à rallonger les délais de prescription pour les crimes sexuels et à verbaliser le harcèlement de rue.

Selon une enquête publiée en 2016 par l'Institut national d'études démographiques (INED), environ 600 000 femmes pour 200 000 hommes seraient victimes de violences sexuelles chaque année. En 2015, plus d'un demi-million de femmes (553 000) ont été victimes d'agressions sexuelles autres que le viol (11% attouchements du sexe, 95% attouchements des seins/fesses ou baisers imposés par la force). Les ¾ des femmes victimes de viols et des tentatives de viols ont été agressées par un membre de leur famille, un proche, un conjoint ou ex-conjoint.

Avec ce "plan d'attaque", comme elles le nomment elles-mêmes, ces 100 personnalités interpellent le président et le somment de réagir de toute urgence, en dépit d'un agenda qu'elles savent "chargé". "Monsieur le Président, nous sommes face à une crise grave. Êtes-vous de notre côté ?"