#TuSerasUnHommeMonFils : la campagne choc pour élever des petits garçons féministes

Publié le Mercredi 30 Mai 2018
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
#TuSerasUnHommeMonFils : la campagne choc pour élever des petits garçons féministes
#TuSerasUnHommeMonFils : la campagne choc pour élever des petits garçons féministes
"Tu seras un homme mon fils". Voici le nom de la nouvelle campagne vidéo de la Fondation des Femmes dévoilée ce mercredi 30 mai. Elle sensibilise les parents sur l'importance de bannir les stéréotypes genrés et sexistes de l'éducation des petits garçons, afin que les futures générations puissent grandir dans une société plus égalitaire.
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Quelle est la meilleure façon pour parvenir (enfin) à une société où régnerait l'égalité des genres, sans clichés sexistes ? Campagnes de sensibilisation, mesures législatives sont bien sûr indispensables pour avancer, mais la solution la plus efficace reste encore d'abolir ces stéréotypes dès l'enfance et donc d'inclure ce paramètre dans l'éducation de nos enfants.


Voici l'idée défendue par la campagne de la Fondation des Femmes intitulée #TuSerasUnHommeMonFils portée par la voix du rappeur Oxmo Puccino et dévoilée en exclusivité ce mercredi par Le Parisien. L'objectif est de sensibiliser les parents, et plus précisément les papas, afin de ne pas transmettre des comportements ou idées sexistes à leurs progénitures.

La fondation a dévoilé un sondage réalisé auprès d'un échantillon de 1005 personnes représentatives de la population française âgées de 18 ans et plus, interrogées entre le 18 et le 22 mai. À la question "Pour vous être un homme c'est...", 97% ont répondu "respectueux" et 93 % "être attentifs aux autres". Mais 44% ont répondu :"être le meilleur" et 20% : "ne pas pleurer".

Ne pas être triste (ou en tout cas ne pas le montrer) parce qu'on est un homme... Un cliché qui a la vie dure et auquel croient encore beaucoup d'hommes, pour la bonne et simple raison que l'injonction de "ne pas faire sa fillette" raisonnait déjà à leurs oreilles alors qu'ils n'étaient encore que des petits garçons.

"Ce sont des codes de la virilité qui sont encore présents dans l'éducation. C'est pour cette raison que le coeur de cette campagne vise la transmission Père-Fils", explique Maxime Ruszniewski, cofondateur de la Fondation des Femmes.

Et si on racontait des histoires avec des super-héroïnes ?

Les loisirs sont également pointés du doigt, que ce soit les jeux, les films, les livres ou encore les activités extra-scolaires. Ces excellents supports d'apprentissages sont en effet (et malheureusement) tous sans exception entachés par des stéréotypes sexistes.

Prenons par exemple le cas des activités extra-scolaires. Par pure tradition, on part souvent du principe qu'un petit garçon joue au foot et qu'une petite fille fait de la danse. Or, comme l'a si bien montré le film Billy Elliot, un petit garçon qui veut faire de la danse devrait ne recevoir aucun jugement ni réflexion négative. De même qu'une petite fille devrait pouvoir jouer au foot sans subir les quolibets de ses petits co-équipiers.

"Les parents, et la société dans son ensemble, établissent depuis le plus jeune âge des rôles, des attributions, des compétences pour les garçons et les filles. Il faut laisser les enfants être eux-mêmes. Elle veut faire de la boxe ? C'est d'accord. Il veut faire de la danse ? Laissons-le faire de la danse !", préconise Gilles Lazimi, médecin généraliste engagé contre les violences faites aux femmes et aux enfants.

Le médecin pointe également le sexisme dans les livres pour enfant. Au lieu de lire exclusivement des histoires aux enfants avec des super-héros, pourquoi ne pas également leur faire découvrir des super-héroïnes ? Elles sont certes moins nombreuses, mais on en trouve de plus en plus dans la littérature enfantine.

Une campagne de l'ère post Weinstein

Dans cette campagne vidéo de 45 secondes, dont le titre est inspiré par le poème de Rudyard Kipling, "Tu seras un homme mon fils" (1909), on voit des instants de vie entre pères et fils de tous âges, milieux et origines. "Après les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc, on nous a souvent interrogés sur le rôle des hommes. Nous avons décidé de lancer une campagne, pour souligner à quel point la question de l'éducation est fondamentale, pour lutter contre les stéréotypes, et dire aux hommes qu' eux aussi sont concernés", explique Maxime Ruszniewski.

Et cette démarche s'avère nécessaire : en effet, selon l'étude de la Fondation des Femmes, 43% des sondés qualifient le mouvement #MeToo de "bonne chose", mais 45% n'en ont carrément "pas entendu parler".

Disponible sur la chaîne Youtube de la Fondation des Femmes, le clip vidéo sera diffusé sur les grandes chaînes de télévision pendant un mois.