Des températures fatales aux humains en Asie du sud mais... parlons du burkini

Publié le Lundi 16 Mai 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
En Inde comme au Pakistan, les température ont atteint des sommets. Plus de 50 degrés dans les régions d'Asie du sud. Couplé à un taux d'humidité de 40 à 50 %, ce climat peut provoquer des décès, alertent des météorologues. En France, en revanche, le débat est ailleurs.
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Depuis plusieurs semaines, l'Inde et le Pakistan sont confrontés à des épisodes de canicule sans précédent. Avec des températures rarement atteintes. "On craint des décès lorsque l'indice de chaleur monte en flèche en même temps que le taux d'humidité relative". Interrogée par Euronews, le météorologue Sardar Sarfaraz sonne l'alarme. "Lorsque la température est supérieure à 40 degrés Celsius, en particulier si elle monte à 43 ou 44° et si en plus il y a 50 à 60% d'humidité, alors l'indice de chaleur augmente et provoque des décès."

Depuis fin avril, le Pakistan subit une vague de chaleur historique. "Il fait très chaud ces jours-ci dans la partie supérieure du Sind et dans le sud et le centre du Pendjab. Dans certains endroits, la température est de 45 ou 46, voire 48°. Dans les jours à venir, elle pourrait même atteindre 50°." C'est chose faite. A Jacobabad, dans le Sud du Pakistan, les 51°C ont été enregistrés. Il s'agit de "la température la plus élevée de 2022 au monde", affirme un tweet relayé par Etienne Kapikian, prévisionniste à Météo France.

Des observations effrayantes et annonciatrices de catastrophes environnementales et humaines à venir, qui devraient monopoliser le débat. Tout comme le dernier rapport alarmant du GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.

Seulement en France, à écouter les politiques et les termes les plus tweetés, la menace ne semble pas venir de la crise climatique. Non, de ce côté du monde, ce qui inquiète à en perdre le sommeil, c'est l'idée que les femmes puissent avoir le droit de se rendre à la piscine en burkini.

Un "acte de courage" profondément dispensable

A Grenoble, le maire EELV Eric Piolle a annoncé en avril dernier vouloir changer le règlement des piscines municipales de la ville pour permettre aux femmes d'y aller comme elles le souhaitaient. "Demain, vous pourrez vous promener la poitrine libre si vous le désirez, puis vous pourrez mettre un maillot couvrant si vous le désirez", scandait-il.

Une déclaration qui avait fait bondir Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a même menacé de suspendre les subventions accordées à la préfecture iséroise si l'autorisation venait à être votée. C'est aujourd'hui, d'ailleurs, que le conseil municipal grenoblois se réunit pour délibérer. Dans le même temps, Eric Ciotti (LR) a déposé une proposition de loi pour interdire le burkini dans les piscines, qualifiant sa propre initiative d'"acte de courage indispensable".

Et c'est ce lundi 16 mai que la ville de Grenoble a proposé de modifier le règlement des piscines en Conseil municipal, a très sereinement annoncé Eric Piolle.

De quoi enflammer les commentaires des éditorialistes et Twitter, qui a propulsé le #burkini en TT.

Et pendant que des hommes tentent (encore) de vouloir imposer à une femme sa manière de s'habiller ou non sous prétexte de la "libérer", et que chacun·e y va de son avis sans être concerné·e, l'Asie brûle. Peut-être serait-il donc judicieux de recentrer ses priorités, en cessant de stigmatiser les musulman·es d'une part, et en s'attardant sur un sujet qui, clairement, mérite toute notre énergie d'une autre ? A bon entendeur.