Sexo
"Hyper sexuelles", "Femmes objets", "bimbos" : Sydney Sweeney et Sabrina Carpenter accusées de "tuer le féminisme", est-ce sérieux ?
Publié le 14 juin 2025 à 12:00
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Pourquoi Sabrina Carpenter et Sydney Sweeney croulent-elles sous les polémiques ces deniers jours ? La réponse est à la fois limpide et complexe. Elle a trait à leur vision de la sexualité, de leur corps, et... Au patriarcat.

Sabrina Carpenter et Sydney Sweeney en font-elles "trop" ?

Voilà le grand débat qui secoue les réseaux sociaux en ce moment.

D'un côté, un phénomène pop au talent musical déjà indéniable depuis des années mais qui a vraiment éclaté avec le mégasuccès de son dernier album - en attendant son prochain qui devrait bousculer les charts fin août. Son tube Expresso, ses performances spectaculaires sur scène (jusqu'à Bercy), son humour singulier et référentiel qui incite à ne pas tout prendre au premier degré : Sabrina Carpenter est un personnage. Unique, il faut l'avouer. 

A l'instar de Sydney Sweeney, révélation fracassante de la série trash Euphoria devenue de ses séries à ses films une des figures les plus influentes de sa génération : actrice s'épanouissant autant dans l'horreur (Immaculée) que dans la rom com (Tout sauf toi) ou le cinéma d'auteur (Reality, stupéfiant), productrice soucieuse de faire entendre ses choix d'artiste, égérie fashion, influenceuse...

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"Hyper sexuelles", "Femmes objets du patriarcat" : Sydney Sweeney et Sabrina Carpenter accusées de "tuer le féminisme", vraiment ? © BestImage, JLPPA / Bestimage
Pourquoi Sabrina Carpenter et Sydney Sweeney croulent-elles sous les polémiques ces deniers jours ? La réponse est à la fois limpide et complexe. Elle a trait à leur vision de la sexualité, de leur corps, et... Au patriarcat.
La première a dévoilé la pochette de son futur album. A genoux, elle fait face à un homme, qui lui tient les cheveux, comme on tiendrait une laisse. Le titre de l'opus appuie cette analogie : "Best Man's Friend". Le meilleur ami de l'homme. Volontairement provoc', la trouvaille ironique de la chanteuse génère d'exacerbées réactions. Et beaucoup comparent ce geste artistique à celui de Sydney Sweeney. Qui récemment, s'est targuée joyeusement de... Vendre l'eau de son bain. Embrassant volontiers, selon ses détracteurs, le concept sexiste de la "femme objet" qui tant d'années durant a régné au sein de la publicité. © BestImage, JLPPA / Bestimage
Deux grands talents de la même génération (elles sont vingtenaires) qui cependant suscitent de plus en plus de controverses acidulées. Pour les mêmes raisons, quelque part. A savoir ? Leur sexualité décomplexée. Et surtout, leur hyper sexualisation, permanente et forcément clivante. Dimension naturellement sulfureuse qui ces derniers jours vire à la controverse absolue et indigne autant les machos infréquentables... Que les féministes. Oui oui. © BestImage, Zuma Press / Bestimage
Lors de ses photoshoot audacieux et ces tournées d'autant plus stylées, Sabrina Carpenter revendique un rôle de pin up des temps modernes, libérée, indépendante et soucieuse de son propre désir. Cela se constate face à la garde robe foisonnante qu'elle valorise sur scène : lingerie très chic, bas résilles, dentelles fines noires ou d'un rouge flamboyant. © Savage x Fenty
"Femme objet", "C'est du OnlyFans", "Elle se compare à une chienne ?!" : Sabrina Carpenter choque avec cette photo très provoc et "anti-féministe" © Abaca Press, Crossick Matt/Empics/ABACA
Sydney Sweeney elle, enchaîne au fil des promos les séances photos hyper glamour, sans se soucier d'être cataloguée en tant que bimbo. En interviews, elle évoque souvent ses scènes de nu et de sexe, et, inlassablement, doit s'éterniser sur ce sujet qui ne cesse de revenir : sa poitrine. Jugée par les tabloïds et les internautes trop grosse, trop voyante, trop mise en valeur. Trop présente. © Abaca Press, Marechal Aurore/ABACA
Invitée au Saturday Night Live, elle incite ainsi les humoristes à "faire toutes les vannes envisageables sur ses seins" et transforme ses tenues exagérément décolletées en générateurs à gags burlesques. Arbore un t shirt "Désolée d'avoir des seins sublimes" sur ses photos Insta. Et Sydney Sweeney explique en interviews que son corps fait partie de son engagement féministe. © Abaca Press, Collin Xavier/Image Press Agency/ABACA
Sydney Sweeney l'affirme : "L'une des questions que l'on me pose le plus souvent est : " Êtes-vous féministe ? " Et bien je le suis, en acceptant le corps que j'ai ! C'est mon geste sexy et fort, et je ne pense pas qu'il y ait quelque chose de mal à cela. C'est de cette façon dont je revendique la liberté de mon propre corps... Je les aime mes seins". © BestImage, JLPPA / Bestimage
Porte-jarretelles, bas résilles et féminisme : pourquoi la lingerie compte autant pour Sabrina Carpenter © BestImage
YouTube regorge de chaînes ASMR, où la manipulation d'objets près d'un micro de grande qualité est censée provoquer en vous des émotions complexes et organiques. © BestImage, AGENCE / BESTIMAGE
Popstar la plus écoutée du moment, Sabrina Carpenter redonne ses lettres de noblesse à une garde robe qu'elle érige en art : la lingerie. Tant et si bien qu'on pourrait émettre cette hypothèse : la jeune chanteuse se rêve avant tout en "pin up" moderne. Sa grande dérision, son second degré, son jeu avec les codes, tout cela l'érige en Betty Boop moderne. © BestImage

Deux grands talents de la même génération (elles sont vingtenaires) qui cependant suscitent de plus en plus de controverses acidulées non seulement auprès des spectateurs, mais dans la presse culturelle, et militante. Toutes deux pour les mêmes raisons. A savoir ? Leur sexualité décomplexée. Et surtout, leur hyper sexualisation, permanente et forcément clivante. 

Dimension naturellement sulfureuse qui ces derniers jours vire à la controverse absolue et indigne autant les machos infréquentables... Que les féministes. Oui oui.

On vous raconte tout point par point...

"Seins sublimes", "lingerie sexy", "Faire de ses formes une force" : Sabrina Carpenter et Sydney Sweeney, l'hyper sexualisation féministe ?

Sabrina Carpenter et Sydney Sweeney scandalisent.

La première a dévoilé la pochette de son futur album à paraître cet été. A genoux, elle fait face à un homme, qui lui tient les cheveux, comme on tiendrait une laisse. Le titre de l'opus appuie cette analogie : "Best Man's Friend". Le meilleur ami de l'homme. Volontairement provoc', la trouvaille ironique de la chanteuse génère d'exacerbées réactions.

"C'est une super mauvaise idée cette pochette", "C'est du male gaze par excellence, libidineux à souhait", "Elle fait l'apologie de la femme objet", "C'est dégradant", d'aucuns prétendent que l'artiste compare les femmes à "des chiennes". 

Et beaucoup mettent en liaison ce geste artistique à celui de Sydney Sweeney. Qui récemment, s'est targuée joyeusement sur ses réseaux sociaux de... Vendre l'eau de son bain. Embrassant volontiers, selon ses détracteurs, le concept sexiste de la "femme objet" qui tant d'années durant a régné au sein de la publicité. Beaucoup voient en cela une initiative "à la OnlyFans", gratuitement sexualisante.

Et si on prenait à bras le corps ce scandale ? Et ses limites ?

Sydney Sweeney célibataire ? Les internautes sont fascinés par sa vie intime. © Abaca Press, Marechal Aurore/ABACA
Sydney Sweeney est l'eau de son bain, une discorde virale. © BestImage, JLPPA / Bestimage

Sabrina Carpenter et Sydney Sweeney, ce sont deux visions du féminisme, et de la sexualité au féminin. Nourries de contradictions et de paradoxes, sans que cela cependant ne rendent leurs trajectoires et leurs discours réellement contre productifs.

Lors de ses photoshoot audacieux et ces tournées d'autant plus stylées, Sabrina Carpenter revendique un rôle de pin up des temps modernes, libérée, indépendante et soucieuse de son propre désir. Cela se constate face à la garde robe foisonnante qu'elle valorise sur scène : lingerie très chic, bas résilles, dentelles fines noires ou d'un rouge flamboyant

Lorsque se joue son morceau "Juno", elle mime une position sexuelle - une différente à chaque concert. Et ne craint jamais de parler de ce sujet intime dans ses entretiens. Toujours en se réappropriant des thèmes trop longtemps censurés. A l'unisson des créatrices de contenus, influenceuses et militantes qui font du plaisir au féminin un combat politique contre la censure.

Lorsque des internautes mal lunés s'offusquent de sa liberté, elle leur retourne la politesse : "A cela, je dis simplement, ne venez pas au spectacle et ce n'est pas grave. C’est dommage que mon attitude soit LA chose à critiquer, car honnêtement, la chose la plus effrayante au monde est de monter sur scène devant autant de personnes !", énonce-t-elle au TIME.

"C'est une super mauvaise idée cette pochette", "C'est du male gaze - du regard masculin - par excellence, libidineux à souhait", "Elle fait l'apologie de la femme objet", "C'est dégradant", d'aucuns prétendent que l'artiste compare les femmes à "des chiennes", sous titre en exergue. © Skims
Sydney Sweeney, artiste polyvalente. © BestImage, Photo Press Service / BESTIMAGE
Une chanteuse polémique ? © Abaca Press, Zuma/ABACA

Sydney Sweeney elle, enchaîne au fil des promos les séances photos hyper glamour, sans se soucier d'être cataloguée en tant que bimbo. En interviews, elle évoque souvent ses scènes de nu et de sexe, et, inlassablement, doit s'éterniser sur ce sujet qui ne cesse de revenir : sa poitrine. Jugée par les tabloïds et les internautes trop grosse, trop voyante, trop mise en valeur. Trop présente.

Ce corps, elle l'assume complètement, et de ses formes, elle fait une force.

"Féministe ? Je le suis, en assumant le corps que j'ai !", "Des gros seins ? Non, j'ai juste des seins", "critiques réactionnaires"

Sydney Sweeney persiste et signe.

Invitée au Saturday Night Live, elle incite ainsi les humoristes à "faire toutes les vannes envisageables sur ses seins" et transforme ses tenues exagérément décolletées en générateurs à gags burlesques. Arbore un t shirt "Désolée d'avoir des seins sublimes" sur ses photos Insta. Et explique en interviews que son corps fait partie de son engagement féministe.

On la lit en interview, où elle assure : "L'une des questions que l'on me pose le plus souvent est : " Êtes-vous féministe ? " Et bien je le suis, en acceptant le corps que j'ai ! C'est mon geste sexy et fort, et je ne pense pas qu'il y ait quelque chose de mal à cela. C'est de cette façon dont je revendique la liberté de mon propre corps... Je les aime mes seins".

"Quand les médias titrent des trucs comme 'Sydney Sweeney affiche son décolleté' ou 'Sydney Sweeney porte une robe scandaleuse', je me dis : 'J'ai juste des seins !'... Et si quelqu'un d'autre la portait cette robe, les journalistes diraient sûrement : 'Oh, c'est si élégant' Ce n'est pas parce que j'ai des seins que ça doit changer la donne !"

Sydney Sweeney © BestImage, Backgrid USA / Bestimage
Sabrina Carpenter. © BestImage, Backgrid USA / Bestimage
Un sex symbol controversé. © BestImage, Backgrid USA / Bestimage

Alors que l'une ou l'autre soient, la même semaine, mises au pilori pour "fétichisation" de leur corps, mise en scène jugée déplacée de leur sexualité, ou démonstration trop voyante d'une partie de leur personnalité - la confiance en soi, en son corps et à sa sensualité - n'est-ce pas à l'inverse digne d'un retour de bâton particulièrement réactionnaire ?

Ou ce que l'on nomme : un backlash. 

Sous ce nom, celui d'une enquête de la journaliste américaine Susan Faludi, publiée en 1991, qui analyse dès la seconde moitié des années 80 aux Etats-Unis les violentes contre-offensives réactionnaires qui ont pris place outre atlantique suite aux élans contestataires féministes. Dans cet ouvrage accessible en français aux éditions Des Femmes, Faludi explique qu'à chaque avancée pour les droits des femmes, rétorque un retour en arrière fracassant ultra conservateur.

Cela s'envisage depuis 2017 et la révolution #MeToo : victim blaming en pagaille, droits des femmes mis en péril (l'avortement, aux Etats-Unis), "tendances" mortifères et radicales (le mouvement des "tradwives", la montée du masculinisme)... 

Bref, que deux femmes hyper influentes de la pop culture d'aujourd'hui soient taclées sur leur démonstration, parfois ambivalente, mais toujours incarnée, de la sexualité, est certainement le fruit de ce retour de bâton global. Car après tout, les qualificatifs de mauvais goût, d'obscénité, d'indécence, qui font office de reproches dans ces débats, sont aussi ceux qu'emploient les misogynes.

Et si on laissait simplement ces deux stars s'exprimer ?

En comprenant que leur corps fait partie de leur expérience non seulement de femme, mais d'artiste. Féminine, et féministe.

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