La présidence des États-Unis a dévoilé mardi la composition de sa délégation pour les Jeux Olympiques de Sotchi de 2014. Parmi les athlètes qui défileront en février prochain lors des cérémonies d'ouverture et de fermeture de la compétition, la hockeyeuse Caitlin Cahow et l'ancienne championne de tennis Billie Jean King. Un choix qui ne doit rien au hasard. En effet, ces deux athlètes revendiquent avec force leur homosexualité. En les choisissant, le président Barack Obama signifie clairement à son homologue russe Vladimir Poutine son opposition à la loi adoptée en juin dernier et sanctionnant d'amendes et de peines de prison la « propagande homosexuelle ». Et alors que les médias américains qualifient ce pied de nez de « coup de génie » et de « message fort » contre un texte répressif, la Maison Blanche s'est, elle, contentée de déclarer à l'AFP que « la délégation américaine aux jeux Olympiques représente la diversité des États-Unis ». « Tous les membres de notre délégation se sont distingués par leurs réalisations dans les domaines du service de l'État, de l'activisme civique et du sport », a encore ajouté le porte-parole de la présidence.
Âgée de 70 ans, Billie Jean King s'est d'ores et déjà dite ravie de participer aux JO de Sotchi. Considérée comme la meilleure joueuse de tennis au monde dans les années 1970, elle est également l'une des premières athlètes à avoir assumé son homosexualité, après que celle-ci a été révélée à son insu, en 1981, par une ancienne amante. Et plutôt que de nier être lesbienne, elle s'est mise à témoigner de son expérience avant d'embrasser la cause LGBT. Mais c'est tout au long de sa carrière que cette femme de convictions a milité pour les sujets qui lui tenaient à cœur. Parmi ces derniers, la parité entre les hommes et les femmes dans le sport. En 1973, elle n'a ainsi pas hésité à menacer de boycotter l'US Open afin que les organisateurs acceptent d'accorder les même primes aux joueurs et joueuses de tennis. Dans la foulée, elle a participé à la création de la Women's Tennis Association (WTA), qui a permis aux tenniswomen de passer du statut d'amatrice à celui de professionnelle. Elle en sera d'ailleurs la première présidente entre 1973 et 1975. Au terme de sa carrière, cette légende vivante affichait un palmarès à faire pâlir d'envie n'importe quel sportif de haut niveau. De 1966 à 1972, elle a en effet remporté six victoires à Wimbledon, quatre à l'US Open, une à l'Open d'Australie et une à Roland Garros, soit douze succès en Grand Chelem pour un total de 71 titres en simple, dont le dernier obtenu en 1983, alors qu'elle frôlait les 40 ans. En 2009, Billie Jean King a par ailleurs reçu des mains de Barack Obama la Médaille de la Liberté, plus haute distinction pour un civil aux États-Unis.
Pour défendre la cause LGBT durant les jeux de Sotchi, la septuagénaire pourra compter sur Caitlin Cahow qui revendique elle aussi son homosexualité. À 28 ans, cette hockeyeuse, membre de l'équipe féminine américaine, a d'abord découvert la glace à travers le patinage artistique. Titulaire d'un diplôme d'anthropologie obtenu en 2008 à la prestigieuse université d'Harvard, elle a déjà participé aux Jeux Olympiques de 2006 à Turin et à ceux de 2010 à Vancouver. Elle y avait d'abord décroché une médaille de bronze, puis l'argent quatre ans plus tard. Nul doute donc qu'à Sotchi, la jeune trentenaire aura en tête les paroles de Barack Obama pour tenter de remporter la médaille d'or manquant à son palmarès. En août dernier, le président américain avait en effet confié avoir hâte « de voir, peut-être, certains homosexuels ou lesbiennes rapporter des médailles d'or, d'argent ou de bronze » aux prochains JO d'hiver. Des titres qui, selon lui, auraient pour effet de faire reculer les pratiques homophobes en Russie.