Société
Le gouvernement britannique s'excuse d'avoir "laissé tomber" les victimes de viol
Publié le 22 juin 2021 à 12:49
Par Pauline Machado | Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
"Les victimes de viols ont été laissées pour compte". Ce mea culpa, le gouvernement britannique l'a prononcé après la lecture d'un rapport accablant, faisant état des chiffres d'inculpations des auteurs de viol et d'agressions sexuelles en 2020.
A Londres, les femmes veulent "réclamer les rues" après le meurtre de Sarah Everard. A Londres, les femmes veulent "réclamer les rues" après le meurtre de Sarah Everard.© Abaca
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1 439, c'est le nombre de suspects condamnés pour viol et agression sexuelle en 2020, en Angleterre et au Pays de Galles. Un chiffre particulièrement bas, puisqu'il fait état de 1 925 condamnations de moins que l'année précédente. Les plaintes, elles, ont paradoxalement quasi doublé depuis 2015-2016, révèle le rapport des services du procureur, dévoilé par le gouvernement britannique vendredi 18 juin.

"Ce sont des tendances dont nous avons profondément honte. Les victimes de viols ont été laissées pour compte" et "des milliers de victimes sont restées sans justice", ont déclaré la ministre de l'Intérieur Priti Patel et le ministre de la Justice, Robert Buckland, dans un texte qui propose une série de mesures censées faire face à ce constat terrifiant. "La situation actuelle est totalement inacceptable et le gouvernement est déterminé à changer : nous le devons à chaque victime et sommes extrêmement désolés que le système en soit arrivé là".

Leur solution ? Avant toute chose, que la honte change de camp.

Une "véritable crise"

Les ministres de Boris Johnson promettent donc de ramener le nombre d'affaires portées devant les tribunaux mais aussi d'inculpations à celui de 2016. Et ce, d'ici les législatives de 2024. Soit de passer 3 % des plaintes pour viol et agressions sexuelles débouchant sur une sentence à 13 %, estiment les autorités. Une ambition somme toute limitée.

Le ministre de la Justice Robert Buckland affirme en outre vouloir se défaire de "l'accent obsessionnel mis sur la crédibilité de la victime", pour mieux "garantir que la prise de décision est fondée sur des preuves, plutôt que sur des jugements subjectifs concernant la crédibilité de la victime", relaie l'AFP.

Pour ce faire, l'Etat prévoit un projet pilote visant à préférer au maximum les entretiens préenregistrés aux contre-interrogatoires des victimes au tribunal, ainsi que reconnaître, au niveau national, que les éléments les concernant ne doivent être utilisés pour l'enquête que s'ils sont pertinents. En d'autres termes, mettre fin au réflexe révoltant de les interroger sur leur tenue au moment des faits.

"Certains éléments du rapport sont encouragés, mais il est difficile d'identifier de grands engagements qui amélioreront radicalement et rapidement l'expérience que les victimes ont du système judiciaire", commente de son côté une porte-parole de Rape Grisis England and Wales, qui dénonce la "véritable crise" à laquelle sont confrontées les plaignantes.

Cette prise de conscience si elle en est, intervient quelques mois après une mobilisation sans précédent suite au meurtre de Sarah Everard, kidnappée, violée et tuée par l'officier de police Wayne Cousins, dans les rues de Londres. Aujourd'hui plus que jamais, les femmes réclament sécurité et justice. Seulement, à moins que les décisions évoquées par le gouvernement fassent réellement bouger les lignes, ce dont semblent douter associations et militant·e·s féministes, force est de constater qu'on peine, en 2021 encore, à leur accorder.

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