Salvador : finalement acquittée et libérée après avoir été accusée d'avortement

Publié le Mercredi 26 Décembre 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Images d'illustration
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Après avoir été inculpée pour tentative d'homicide pour des soupçons d'avortement, une Salvadorienne a finalement été acquitée. Un verdict qui ne doit pas éclipser le fait que le Salvador reste un des pays les plus restrictifs en matière d'avortement.
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Le Salvador est un des pays les plus restrictifs au monde en matière d'interdiction de l'avortement. Il est prohibé totalement, même en cas de danger pour le foetus ou la mère. Mais c'est une bonne nouvelle qui nous est parvenu, relayée par Amnesty International.

Imelda Isabel Cortez Palacios, une Salvadorienne de 20 ans dont le procès pour tentative d'homicide avait débuté le 12 novembre, a été acquittée des charges qui pesaient contre elle. Une nouvelle encourageante partagée par l'association de défense des droits humains sur son compte Twitter.

La jeune femme était victime de viol de la part de son beau-père aujourd'hui âgé de 70 ans depuis ses 11 ans. À 17 ans, en avril 2017, elle découvre qu'elle est enceinte en allant aux toilettes. Elle sent qu'elle expulse quelque chose et appelle sa mère à l'aide avant de tomber dans les pommes.



Son bébé, une petite fille, va bien, mais Imelda saigne beaucoup et sa mère l'emmène aux urgences. Là, le personnel médical suspecte une tentative d'avortement et prévient la police. Elle est inculpée pour tentative d'homicide aggravé et est incarcérée en novembre 2017.

Un procès inéquitable selon Amnesty International

Au Salvador, une fausse-couche ou la moindre suspicion d'avortement peut vous emmener en prison pour homicide, une peine passible de 10 à 30 ans d'enfermement.


Cela avait déjà été le cas pour Teodora Vasquez et Maira Figueroa. Condamnées pour homicide, elles ont chacune passée respectivement 10 ans et 7 mois et 15 ans en prison et on été libérée en février et en mars dernier. Toutes deux avaient fait une fausse-couche.


Lors de l'ouverture du procès d'Imedla Isabel Cortez Palacios en novembre, Amnesty International avait pointé du doigt de très nombreuses défaillances parmi lesquelles la poursuite de l'affaire "sans tenir compte des violences sexuelles subies par Imelda" mais également de sa "déficience cognitive légère".

Amnesty avait déploré que "le juge n'[avait] pas non plus autorisé les résultats du test d'ADN qui confirment la paternité du beau-père et du viol à incorporer dans le dossier et n'[avait] pas accepté d'alternatives à la détention préventive."

Une loi sur l'avortement au Salvador pas prête de changer


Amnesty International s'est félicité de cette décision sur son site internet : "Les autorités du Salvador ont fait un pas dans la bonne direction pour protéger les droits humains des femmes et des filles dans un pays qui reste l'un des plus dangereux au monde pour elles."


Si la libération d'Imelda est une très bonne nouvelle l'organisation tempère et reste vigilante : "Nous ne devons pas oublier les autres femmes et filles qui continuent de subir l'injustice au Salvador juste parce qu'elles sont des femmes et des filles."


L'interdiction totale de l'avortement au Salvador date de 1998. La mobilisation pour faire changer la loi n'est pas absente. En novembre 2016, une députée avait déposé un projet de loi pour que l'avortement soit possible en cas de viol, de danger pour la vie de la mère ou du foetus. Mais cela avait été rejeté. En avril 2018, une proposition de réforme similaire du code pénal n'avait même pas eu doit d'être débattue au parlement.