Science-fiction fantasque, humour trash et libération sexuelle : l'OVNI Rocky Horror Show débarque à Paris
L'immense écran vidéo qui nous accueille sur les Champs-Elysées ne laisse aucun doute : ce Rocky Horror Show qui débute au Lido 2 Paris (et jusqu'au 21 avril prochain) sera fantasque et haut en couleur... La salle mythique, revisitée par le groupe Accor et dirigée par Jean-Luc Choplin, a déjà remis en lumière deux grandes oeuvres de la comédie musicale (Cabaret et Le Forum en Folie). Elle propose cette fois une nouvelle adaptation de la célèbre comédie qui mêle science-fiction, pseudo-horreur et libération sexuelle, popularisée par son adaptation au cinéma en 1975 (avec Susan Sarandon et Tim Curry), elle-même devenue culte avec les années.
Parmi les spectateurs qui s'agglutinent au contrôle, certains détonent des traditionnels touristes de la plus belle avenue du monde. Perruques, serre-têtes flashy, et autres accoutrements carnavalesques, il semble que les afficionados attendaient le spectacle avec impatience et sont prêts à le vivre pleinement. Car il faut le savoir, si le Rocky Horror Show ne bénéficie pas d'une immense notoriété dans nos contrées européennes, il a au fil des années accumulé une communauté d'irréductibles fans dans le monde entier. Preuve en est, la version cinématographique est toujours à l'affiche (et sans interruption depuis 1978) du cinéma parisien Le Studio Galande qui le diffuse le vendredi et le samedi soir, animé par des troupes de comédiens.
Après la chanson introductive, le narrateur entre en scène, apostrophé avec humour, et comme il semble l'être de coutume, par les fans attablés en salle. Le spectateur commence alors son périple fantasque avec Brad Majors et Janet Weiss, jeune couple fiancé qui se retrouve perdu par une nuit d'orage et cherche refuge dans un château isolé, habité par des personnages excentriques dirigés par le Docteur Frank-N-Furter, un scientifique transgenre dont la principale obsession est de satisfaire ses désirs... au point d'avoir tenté de créer l'homme parfait : Rocky Horror, fait de muscles... et de muscles. Notre jeune couple est entraîné dans les festivités étranges du château, rencontre une galerie de personnages tous plus décalés les uns que les autres, avant un point d'orgue final extravagant et saugrenu qui emporte les rires de la salle.
Si certains traitements peuvent sembler légèrement désuets aux spectateurs non-avertis, les thématiques sous-jacentes du Rocky Horror Show sont plus que jamais d'actualité. Car derrière un synopsis aux allures de série B se dresse un objet communautaire et folklorique, un OVNI avant-gardiste d'une révolution culturelle et sexuelle défiant les conventions et les représentations traditionnelles de la masculinité, du couple et de la diversité. Une redoutable mécanique scénique est opérée sous nos yeux dans une mise en scène de Christopher Luscombe : les tableaux musicaux et chorégraphiés s'enchaînent sans accroc, les artistes allient les performances vocales et de comédie comme seuls les 'musicals' anglo-saxons en ont le secret (mention spéciale à Stephen Webb et Haley Flaherty en Frank-N-Furter et Janet). Une oeuvre à découvrir sur scène et en musique live pour ces dates parisiennes exceptionnelles.
Rocky Horror Show au Lido 2 Paris (Paris VIIIème) jusqu'au 21 avril 2024. Réservations.
