"3 fois plus de risques de mourir" : Serena Williams dénonce le racisme que subissent les femmes noires qui accouchent

Publié le Mercredi 03 Mai 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
11 photos
Lancer le diaporama
"3 fois plus de risques de mourir" : Serena Williams dénonce le racisme que subissent les femmes noires qui accouchent
"Les femmes noires ont trois fois plus de risques de mourir que les autres !". L'espace d'un témoignage sans filtre, la championne Serena Williams a dénoncé le racisme intolérable que subissent les femmes noires durant leur accouchement. Un sujet primordial.
À lire aussi

Un coup de gueule qui renvoie à de vraies études chiffrées, c'est ce que s'est autorisée - à raison - Serena Williams, l'une des plus grandes tenniswomen au monde. Sur Instagram, la championne, qui est maintes fois revenue sur une expérience perso pas très heureuse - son accouchement en 2017 - a décidé de tirer la sonnette d'alarme : oui, les femmes noires qui accouchent subissent bien plus de discriminations que les autres.

On la lit sur Insta : "les femmes noires aux États-Unis sont plus de trois fois plus susceptibles de mourir de causes liées à la grossesse ou à l'accouchement. Mais ce n'est pas seulement un défi aux États-Unis. Partout dans le monde, des milliers de femmes luttent pour accoucher dans les pays les plus pauvres".

"Chaque mère, où qu'elle soit, quelle que soit sa race ou son origine, mérite d'avoir une grossesse et un accouchement sains", défend encore Serena Williams dans cette publi ultra relayée et commentée. Ca n'a l'air de rien, mais c'est un sacré sujet que met publiquement en lumière la sportive pro - récemment retraitée. Un enjeu soit dit en passant toujours aussi brûlant et scandaleux. Petit rappel détaillé des faits ?

Quand le racisme s'invite jusqu'à l'hôpital

Pourquoi les mères noires ont-elles plus de risques de mourir en couche ? De nombreuses études ont déjà posé la question sur la table. D'ailleurs, Serena Williams s'appuie directement sur les chiffres des Centers for Disease Control and Prevention - autrement dit les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, l'agence fédérale de protection de la santé publique numero uno aux Etats-Unis. Du solide, donc.

L'an dernier, le Center for Disease Control and Prevention (CDC) nous apprenait d'ailleurs l'espace d'une nouvelle étude que ce ne sont pas moins de 700 patientes qui meurent chaque année aux Etats-Unis pendant leur accouchement, parmi lesquelles une large part de femmes noires, et ce à cause d'une "négligence médicale" trop banalisée. La preuve ? Une étude menée en Floride nous apprend que les enfants noirs auraient un taux de natalité et un taux de survie "plus élevés lorsqu'ils sont accouchés par des médecins noirs".

Discriminations diverses, accès aux traitements beaucoup plus inégal, mépris de la détresse ou des attitudes de la patiente, préjugés racistes parfois intériorisés, situation sociale ultra précaire, les "raisons" ne manquent pas pour expliquer un gap vertigineux : le risque de mourir pendant la grossesse ou l'année qui suit l'accouchement serait d'environ 7 sur 100 000 pour les femmes blanches, 32 sur 100 000 pour les femmes noires. Hallucinant.

En 2019 déjà, une enquête de la BBC s'attardait sur la chose et déplorait entre autres la situation pro et la vie "défavorisées" dont font l'objet les femmes afro américaines : "si vous vivez dans un logement insalubre, cela peut avoir des conséquences sur votre santé et vous pouvez voir comment cela peut jouer sur la mortalité", y observait le Dr Ria Clarke, relevant au passage une facette beaucoup plus passée sous silence : "les femmes noires n'ont pas l'impression qu'on les prend au sérieux, ce qui peut les rendre moins enclines à révéler ce qu'elles ressentent'.

Et c'est pour cela que l'athlète de 41 ans n'hésite pas à dire les termes à l'occasion de la Black Maternal Health Week, ou Semaine de la santé maternelle des femmes noires. Avant elle, Beyoncé en personne, Queen B, avait fait de cet enjeu son cheval de bataille. Et les deux stars ont bien raison.