Société
Parler des règles, c'est "inapproprié" ? Ce sondage prouve que le tabou perdure
Publié le 7 octobre 2021 à 17:02
Par Pauline Machado | Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Un tiers des personnes interrogées ne parlent jamais des règles, plus d'une personne sur deux juge inapproprié d'aborder le sujet en public. Si la stigmatisation autour des menstruations s'estompe, force est de constater que le tabou, lui, n'a pas disparu.
Ce sondage prouve que le tabou des règles est encore (très) présent Ce sondage prouve que le tabou des règles est encore (très) présent© Adobe Stock
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En France, les discussions et actions militantes autour des règles ont entamé une déstigmatisation essentielle. Nombreuses sont les personnes à désormais s'emparer du sujet librement, qu'il s'agisse d'aborder un vécu précis, un angle sociétal, ou de mentionner simplement qu'on a besoin d'un tampon.

Nombreuses, certes, mais pas majoritaires.

A lire les chiffres d'un sondage réalisé par OpinionWay pour Dans ma culotte, et publié ce jeudi 7 octobre, plus d'une personne sur deux (55 %) juge, aujourd'hui encore, inapproprié de parler des règles en public. Une proportion conséquente de la population.

Mais d'ailleurs, qui, exactement, pense de cette manière en 2021 ? D'après le rapport qui a interrogé un échantillon de 1051 individus représentatifs de la population française, c'est surtout très fréquent chez les plus de 65 ans, qui ont répondu ainsi à 73 %, et chez les 50-64, qui sont 61 % à frémir à la simple évocation du mot-qui-commence-par-un-"r". Chez les 18-24, la proportion tombe à 30 %.

Les femmes plus "dégoûtées" que les hommes

Il y a la sphère publique, et puis la sphère privée. Un tiers des répondant·e·s confie ainsi ne jamais en parler dans leur quotidien (cercle proche compris), contre une personne sur dix seulement en-dessous de 25 ans. Pour le reste, c'est vers son ou sa partenaire qu'iels se tournent, ou vers ses amies.

Heureusement, quelques bonnes nouvelles se cachent aussi dans l'étude : 73 % des personnes interrogées affirment que les menstruations sont "naturelles" (on se satisfait de ce qu'on peut), et seuls 2 % des hommes y associent un sentiment de "dégoût" en y pensant. De quoi faire un peu oublier que... 9 % des femmes jugent les règles "dégoûtantes".

Les hommes participants ont également déclaré, à 48 %, se sentir tout aussi concernés par le sujet que les femmes, et estiment que ce sujet concerne tout le monde. 45 % d'ailleurs ont déjà fait l'achat de protections périodiques. Mais pour ce qui est d'être à l'initiative d'en parler avec leurs enfants en revanche, seuls 2 % des pères cochent cette case. Une fois sur deux, cela revient à la mère, et la conversation a lieu aux alentours de 10 et 12 pour 43 % des sondé·e·s - soit très peu de temps avant la puberté.

Ce qu'il faut retenir de ces chiffres, au-delà du fait que les jeunes générations aient clairement une longueur d'avance, c'est à quel point le tabou continuer de persister. Bien que 65 % des personnes interrogées se prononcent en faveur de la gratuité des serviettes, tampons et cup, reste une grande partie de la population française à ne pas vouloir en entendre parler ailleurs que dans l'intimité.

Raison de plus, finalement, pour que le débat perdure et se propage. Et ce, bruyamment.

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