Viande de cheval Findus : un "blanchiment de viande" criminel

Publié le Mardi 12 Février 2013
Viande de cheval Findus : un "blanchiment de viande" criminel
Viande de cheval Findus : un "blanchiment de viande" criminel
De la viande chevaline repérée dans les plats préparés Findus à la place du bœuf : voilà de quoi remotiver la méfiance des consommateurs vis-à-vis d'une filière déjà meurtrie. Les règles de traçabilité existantes sont-elles si faciles à contourner ? Réponses de Maxence de Warren, responsable développement des colis du boucher, et fervent défenseur d'une viande de qualité.
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Terrafemina : Quelle est votre réaction au sujet du scandale de la viande chevaline identifiée dans les plats préparés Findus ? Un nouveau scandale sanitaire s'annonce-t-il ?

Maxence de Warren : Réaction de tristesse pour les consommateurs, qui sont encore une fois les victimes numéro un d'un scandale alimentaire, tristesse pour la filière bovine française qui travaille énormément et qui voit des produits roumains lui passer devant, tristesse générale quand on voit le processus actuel industriel, tellement flou et compliqué… Il ne va pas y avoir, et heureusement, de mort, donc scandale limité, mais une petite bombe je pense dans le contexte économique actuel.

Tf : Qui faut-il incriminer à votre avis ?

M. W. : En théorie le fournisseur roumain qui vend des produits de façon illégale. Mais évidemment l'ensemble de la chaîne est à incriminer, car le principe de sécurité alimentaire et l'audit fournisseur sont des éléments essentiels en traçabilité. Surtout dans la filière de la viande, qui a déjà subi tant de crises. Les règles existent, si on ne les applique pas, c'est de la triche.

Tf : D'après les premières informations, les fournisseurs de Findus font eux-mêmes appel à des intermédiaires négociants, eux-mêmes se fournissant dans des abattoirs roumains vraisemblablement liés à des groupes mafieux. Est-il normal que le parcours de la viande soit si sinueux ?

M. W. : Sans être alarmiste, on a un peu l'impression de faire face à du « blanchiment de viande » avec cette multiplication d'intermédiaires, cette prise d'intérêt de la mafia. L'enjeu économique est le seul élément qui motive cette filière. À aucun moment, la notion de qualité n'a été prise en compte au moment du choix des fournisseurs. C'est navrant. Et c'est d'autant plus navrant que la viande soit de nouveau incriminée. Pourquoi ne tirons-nous aucune leçon du passé ? Comment voulez-vous que le consommateur ne soit pas défait en apprenant cela ? Il ne faut donc pas s'étonner de le voir modifier ses comportements d'achat et se retourner vers le local, le bio, le Label Rouge.

Tf : Ce genre de fraude est-il fréquent ?

M. W. : 60% de la viande consommée en France est d'origine européenne. Sans faire injure à nos voisins européens, comment voulez-vous appliquer les mêmes standards de qualité en Auvergne et au fond de l'Ukraine... La crise de la vache folle est venue du Royaume-Uni, les poulets à la dioxine de Belgique... Quand on voit les circuits de distribution de la viande, on peut s'inquiéter : un veau élevé en Mayenne qui part en Italie pour être engraissé puis transformé intégralement en viande hachée, puis revenir à Rungis pour finir dans l'assiette d'une cantine scolaire en Mayenne, ça fait peur. C'est désastreux, c'est trop, et ce sont les consommateurs et les éleveurs français qui trinquent.

Tf : Est-ce selon vous l'arbre qui cache la forêt dans l'univers de l'industrie agroalimentaire ? En particulier quand on aborde la composition des plats préparés ?

M. W. : Je ne pense pas, l'industrie agroalimentaire n'est pas toute entière à jeter, il faut raison garder. Mais les enjeux financiers sont tellement importants de nos jours qu'on ne peut ignorer que certains abusent. Il faut un pouvoir de contrôle fort et il faut refaire les règles du jeu, pour qu'acheter de la viande issue des terroirs français soit plus avantageux que d'acheter de la viande roumaine en passant par trois intermédiaires ! Les Français excellent dans l'élevage, profitons-en ! La traçabilité ne doit pas être négociable, cela doit être une obligation stricte, évidente pour le client.

Tf : Si les étiquettes mentent, comment faire confiance à ce qu'on achète ?

M. W. : À ce point, on ne peut plus rien faire... Connaissez-vous un domaine où la confiance n'est pas la base ? C'est juste illégal. Il faut remettre de l'ordre dans tout ça. C'est la démarche que nous mettons en place chez les Colis du Boucher : soutenir une agriculture locale, mettre en avant des labels d'État (les Labels Bio et Label Rouge), consommer moins mais consommer mieux, relier l'éleveur et le consommateur en un seul clic.

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