600e anniversaire de Jeanne d'Arc : « Sarkozy court après » Le Pen
Découverte de la maison natale de Jeanne d’Arc à Domrémy (Vosges), visite de Vaucouleurs (Meuse) où la Pucelle lança sa campagne contre les Anglais en 1429, telles sont les étapes du pèlerinage « johannique » qui attend vendredi le président de la République, Nicolas Sarkozy en plein marathon des vœux à la nation. La célébration par le chef de l’État du 600e anniversaire de la naissance de cette grande figure historique intervient un jour avant la commémoration organisée à son tour par le Front National à Paris. Jeanne d'Arc, figure de la résistance et du patriotisme, est un symbole républicain dont s’est emparé le FN depuis des années pour bâtir sa geste politique et les valeurs qu’il défend. Traditionnellement, le parti de Marine Le Pen honore la mémoire de la Pucelle le 1er mai, lors d’un défilé. Un calendrier anticipé pour montrer à Nicolas Sarkozy qu’on ne le laissera pas chasser sur les terres électorales du parti ?
On s’attendait à un scandale du côté du FN, mais c’est l’analyse politique qui a primé, saupoudrée de tacles dont le parti a le secret. La présidente du FN a expliqué jeudi soir sur France 2 que « Jeanne d’Arc appartient à tous les Français, ça c’est une première chose », précisant toutefois qu’il était évident que « Nicolas Sarkozy court après » elle. Pas question, donc, de revendiquer une appropriation d’un symbole commun par son parti, qui poursuit là sa politique de « normalisation » et de respectabilité républicaine, ni de chercher la polémique à tout prix. Louis Aliot, vice-président du FN, et Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du parti, ont d’ailleurs qualifié de « normale » la présence du chef de l’État à Domrémy, tout en soulignant à quel point Nicolas Sarkozy copie un « culte politique initié par le FN ». Marine Le Pen a surtout parlé en candidate déterminée : « Il faut qu'il sache que j'ai des convictions plus fortes, que j'ai un cœur plus pur et que j'ai des jambes plus longues et par conséquent il va avoir beaucoup de mal, je crois, à me rattraper ».
L'Élysée se défend de toute arrière-pensée. « C'est le rôle du chef de l'État de rendre hommage aux grandes figures de notre histoire de France, comme il l'a fait avec Aimé Césaire ou Charles de Gaulle », plaide un proche du gouvernement. Stratégie électoraliste ? Si tel était le cas, pas sûr que ce soit payant. Ce sont surtout les vieux routiers du FN, de la génération de Jean-Marie Le Pen, qui sont attachés au culte de Jeanne d’Arc, quand Marine Le Pen cherche à rajeunir la troupe de ses militants et électeurs potentiels. C’est d’ailleurs son père qui prononcera, samedi, le discours de commémoration de Jeanne d’Arc.
Élodie Vergelati
Crédit photo : AFP/5 janvier 2012
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