Lambert Wilson "énervé" par les paroles xénophobes de la Marseillaise

Publié le Mercredi 14 Mai 2014
Lambert Wilson "énervé" par les paroles xénophobes de la Marseillaise
Lambert Wilson "énervé" par les paroles xénophobes de la Marseillaise
Dans cette photo : Lambert Wilson
Enième soubresaut dans « l'affaire de la Marseillaise » depuis que la garde des Sceaux, Christiane Taubira, s'est abstenue de participer, le 10 mai dernier, « au karaoké d'estrade ». Interrogé sur la polémique, l'acteur Lambert Wilson a, quant à lui, vivement critiqué les paroles de l'hymne national. Un réquisitoire en bonne et due forme contre ce chant révolutionnaire qui n'est pas nouveau.
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Le 10 mai dernier, Christiane Taubira participait à Paris à une commémoration en mémoire du général Thomas Alexandre Dumas, une des figures de la lutte contre l'esclavage. Mais, le moment venu d'entonner la Marseillaise, la garde des Sceaux s'est tue. Un silence, remarqué par certains élus de droite, qui, flairant le coup politique, s'en sont émus publiquement. Visiblement surprise par l'ampleur de la polémique, la ministre de la Justice s'est dite « atterrée » et a argué que « certaines circonstances [appelaient] davantage au recueillement (…) qu'au karaoké d'estrade ». 

Interrogé sur la question, l'acteur Lambert Wilson a émis, au micro de RTL, un jugement très dur à l'égard du chant de Rouget de Lisle. « Les paroles sont épouvantables, sanguinaires, d'un autre temps, racistes et xénophobes », juge t-il, nuançant tout de même ses propos en évoquant une « musique fantastique » et « pas mal de paroles qui passent ». Une critique que l'acteur avait déjà émise par le passé.

Victor Hugo et L'Abbé Pierre, eux aussi ont voulu changer cette Marseillaise

Le maître de de cérémonie de la 67e édition du festival de Cannes est, en outre, loin d'être le seul à avoir tenté d'ébranler le « Sacré » de l'hymne national. Avant lui, Victor Hugo avait, en son temps, tenté de réécrire le chant, imité par Serge Gainsbourg près d'un siècle plus tard. Plus politiques, Jean Jaurès et l'Abbé Pierre en ont eux aussi condamné les paroles jugées trop belliqueuses. Enfin, dans la même veine et traversant les décennies, certains prennent le parti de la satire, à l'instar de ce sketch de Jamel Debbouze.


La polémique concernant Christiane Taubira pourrait ainsi en faire naître une autre. De toute évidence, la locataire de la place Vendôme n'est pas la seule responsable politique à ne pas entonner la Marseillaise lorsque celle-ci est jouée. Ce fameux 10 mai, ce fut également le cas de Benoît Hamon, ministre de l'Éducation, qui se trouvait à ses côtés. Chose étonnante,
seule la native de Cayenne est pourtant visée par la droite ; la gauche – trop heureuse de jouer, sur ce coup, la partition de la tolérance – s'est empressée de souligner ce paradoxe. Et de rappeler que cette rhétorique était d'ordinaire celle du FN.


Il est vrai que le temps où seuls Jean-Marie Le Pen et ses pairs vitupéraient contre les joueurs de l'équipe de France de football – dits « de couleur » et coupables de ne pas s'époumoner sur la Marseillaise – est depuis longtemps révolu. Dans l'Hexagone, les procès en francité sont de plus en plus à la mode et n'épargnent plus les politiques. Que de fausses notes…