La réalisatrice Chloé Zhao entre dans l'Histoire des Golden Globes

Publié le Lundi 01 Mars 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
En étant couronnée pour son long-métrage "Nomadland", la cinéaste Chloé Zhao est entrée dans l'Histoire des Golden Globes ce 28 février. Elle devient la seconde réalisatrice primée... en 78 ans ! Pas trop tôt.
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Pandémie mondiale ou pas, la 78e cérémonie des Golden Globes qui s'est tenue ce 28 février n'en fut pas moins solaire et enthousiasmante. Car le triomphe de la cinéaste Chloé Zhao fut le grand moment de cette remise de prix virtuelle. Son superbe Nomadland (sortie prévue en France le 21 avril 2021) a été couronné des Golden Globes du Meilleur film dramatique et de la Meilleure réalisation.

Cela fait déjà plusieurs années que la scénariste et cinéaste d'origine chinoise est saluée par la critique et le milieu du cinéma indépendant - c'était déjà le cas de son western The Rider, ou de son drame Les Chansons que mes frères. Par-delà l'emblématique actrice érigée en haut de l'affiche (Frances McDormand, que l'on a adoré dans Fargo et Three Bilboards), Nomadland promettait une mise en avant d'autant plus affirmée que le film fut vite présenté comme l'un des grands chouchous de la prochaine cérémonie des Oscars.

Mais en attendant, c'est aux non moins renommés Golden Globes que l'oeuvre s'est vue acclamée. Chloé Zhao devient ainsi la seconde réalisatrice couronnée lors de la remise de prix. Oui, seulement deuxième. Sa prédécesseuse fut Barbra Streisand... en 1984. Un bond dans le temps.

Une victoire historique

Epopée intime d'une sexagénaire devenue nomade suite à la perte de son emploi, Nomadland est donc déjà entrée dans l'Histoire de l'industrie culturelle américaine, industrie dont les cérémonies ne sont pas toujours très inclusives. Cette année pourtant, deux autres réalisatrices étaient également nommées dans la même catégorie que Chloé Zhao : Regina King (One Night In Miami) et Emerald Fennell (Promising Young Woman). Les lignes bougent enfin !

"Ce prix appartient à toute l'équipe du film. Merci à tous ceux qui m'ont permis de faire ce que j'aime", s'est émue Chloé Zhao en acceptant - à distance - les brillantes statuettes. Et la réalisatrice de poursuivre : "Parfois, une première fois semble longue à venir. Je suis certaine qu'il y en a beaucoup d'autres devant moi qui méritent la même reconnaissance. J'adore ce que je fais, j'aime vraiment ça". Pour la cinéaste de 38 ans, bien des réalisatrices, et des réalisatrices chinoises, méritent elles aussi de "vivre leurs rêves" à Hollywood.

Car Chloé Zhao est également la première cinéaste asiatique à remporter le prestigieux Golden Globe de la meilleure réalisation. Rien que ça. Doublement historique, donc.

Vers des Golden Globes plus inclusifs ?

Ajoutez à cela le fait que le palmarès a été marqué par une diversité salutaire, après des années de cérémonies bien "trop blanches". Ainsi la jeune actrice afro-américaine Andra Day a reçu le Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique pour son rôle dans Billie Holiday, une affaire d'État. L'acteur britannique Daniel Kaluuya a quant à lui reçu le prix du meilleur second rôle pour sa performance dans Judas And The Black Messiah, biopic de l'activiste - et membre du mouvement des Black Panthers - Fred Hampton. L'acteur engagé dans le mouvement Black Lives Matter John Boyega a lui aussi été récompensé en remportant le Golden Globe du meilleur second rôle dans la série Small Axe.

Autre victoire qui compte, celle, posthume, du regretté Chadwick Boseman, icône super-héroïque du blockbuster Marvel Black Panther, et militant revendiqué, à qui l'Académie a décerné une statuette pour son dernier rôle : Le Blues de Ma Rainey.

Quant au très joli Soul, premier film d'animation Pixar dont le héros principal est noir, il remporte les prix du meilleur film d'animation et meilleure musique.

Après des critiques sur l'absence de journalistes noir·e·s dans son instance, des membres de la HFPA (Hollywood Foreign Press Association) Helen Hoehne, Meher Tatna et Ali Sar, ont donné quelques gages ce dimanche 28 février lors de la cérémonie.

"Ce soir, alors que nous célébrons le travail d'artistes venus du monde entier, nous reconnaissons avoir des progrès à faire. Comme au cinéma et à la télévision, la représentativité des noirs est vitale", a déclaré Helen Hoene. En ligne de mire ? Créer "un environnement où la diversité des membres est la norme, pas l'exception", a promis Ali Sar. On croise les doigts.