Leonarda : pourquoi Hollande s'est-il trompé ?

Publié le Lundi 21 Octobre 2013
Leonarda : pourquoi Hollande s'est-il trompé ?
Leonarda : pourquoi Hollande s'est-il trompé ?
Dans cette photo : François Hollande
En proposant à Leonarda, la collégienne expulsée le 9 octobre dernier, de rentrer « seule » en France, François Hollande n'a satisfait personne et s'est surtout attiré une avalanche de critiques de l'ensemble (ou presque) de la classe politique. Ou pourquoi le compromis ne convainc pas.
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François Hollande a voulu « tenir compte d'une situation humaine » tout en rappelant que la loi avait parfaitement été « respectée ». En proposant à Leonarda, la collégienne expulsée le 9 octobre dernier, de rentrer « seule » en France pour poursuivre ses études, le président de la République a proposé un compromis qui n’a satisfait personne. Ce dernier a en effet voulu, d’une part, soutenir son ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, mis en cause jusque dans les rangs socialistes en excluant toute « faute », mais a aussi voulu entendre, d’autre part, l’opinion publique. Celle qui, d’un côté, est majoritairement opposée à un retour de la famille Dibrani en France (65% des Français sont contre une éventuelle annulation de cette expulsion, selon un sondage BVA du Parisien), mais aussi celle de la jeunesse qui s’est mobilisée la semaine dernière en faveur du retour de Leonarda. Ainsi en reconnaissant un « manque de discernement de l’opération », François Hollande s’est dit prêt à faire une exception… et s’est attiré les foudres de l’ensemble (ou presque) de la classe politique.

Un acte de « cruauté abjecte » pour le Parti de gauche

À gauche d’abord, le retour « seule » de Léonarda ne convainc pas : Vincent Peillon estime que « la sanctuarisation de l'école ne doit souffrir aucune exception », tandis qu'Harlem Désir saluant la « décision d'humanité » du chef de l'État a réclamé que « tous les enfants de la famille Dibrani puissent finir leurs études en France, accompagnés de leur mère ». Un jugement que la jeune fille de 15 ans partage d’ailleurs : « Sans ma famille, c'est mort. C'est hors de question. J'ai peur de partir seule. Je veux rentrer avec ma famille. François Hollande n'a pas de cœur, pas de pitié, il n'a pas compris ma situation », a-t-elle déclaré aux médias présents à Mitrovica. À l’extrême gauche, le Parti de gauche a qualifié le geste de François Hollande d'acte de « cruauté abjecte ». Selon Danielle Simonnet, secrétaire nationale du Parti de gauche, cette position est « contraire aux droits de l'enfant consacrés par la convention du même nom, ratifiée par la France en 1990 ». Pour le Parti communiste, François Hollande a commis une « grave faute politique et morale » en demandant « à une enfant de 15 ans de choisir entre la France et sa famille ».

« Le degré zéro du sens de l'État » pour Laurent Wauquiez

Le reste de la classe politique ne s’est pas non plus privée de réagir. Au centre, Jean-Louis Borloo a estimé que la position de François Hollande est « incompréhensible tant en termes du respect de la loi que du respect de l'unité d'une famille ». Une position partagée par les écologistes qui ont fustigé des « propos inhumains et incompréhensibles ». À l’UMP, Laurent Wauquiez a dénoncé samedi « le degré zéro du sens de l'État. Le Président réussit le prodige de mépriser à la fois les lois de la République et de la famille. » Pour Jean-François Copé, qui a réagi dimanche, il « faut réécrire complètement la politique de l'immigration en France », car selon lui, « tout cela fait monter le Front national ». « Et je ne laisserai pas faire ça », a-t-il ajouté. Enfin, le vice-président du Front national, Florian Philippot s’est interrogé sur la légalité d’un tel retour : « Comment envisager que cette fille vive seule en France sans un soutien public ? Cette décision sera en tout cas un signal extrêmement négatif qui va encourager l'immigration clandestine et compliquer les expulsions ».

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