"Ceci n'est pas un consentement", la campagne choc contre les agressions sexuelles

Publié le Jeudi 20 Février 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
La campagne "Ceci n'est pas un consentement" de Handsaway.
La campagne "Ceci n'est pas un consentement" de Handsaway.
"Ceci n'est pas un consentement". C'est une assertion qui résonne comme un slogan... ou une évidence. Et pourtant, tout n'est pas si limpide pour bien des individus. C'est pour cela qu'il faut relayer sans plus attendre cette campagne de sensibilisation de l'association HandsAway.
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Des images de lèvres recouvertes de stick ronge, de jambes nues, de poitrines ou de fesses féminines. Des gros plans sur des talons, des jeans et des décolletés... La campagne d'affichage initiée par l'association HandsAway est traversée de photographies qui interloquent le regard de celui qui les scrutent. Et sur ces affiches, un slogan, franc du collier : "Ceci n'est pas un consentement". Clair, net, sans bavure.

Cela fait des années déjà que HandsAway lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et notamment contre le harcèlement (qu'il se déroule dans la rue ou les transports) à travers l'application du même nom. En mettant en avant des images de tenues moulantes, l'association désire sensibiliser son public au sujet du consentement. Mais également épingler les trop nombreux préjugés et stigmates qui alimentent la culture du viol.

Parmi ces croyances tenaces, l'on trouve cette opinion selon laquelle les choix vestimentaires de la victime seraient trop "provocantes". En gros, qu'elle "l'aurait bien cherché". Malheureusement, cette pensée bien réac est encore trop prégnante aujourd'hui.

"Elle l'a bien cherché"

la campagne choc de Handsaway.
la campagne choc de Handsaway.

Selon une récente enquête de l'institut de sondage Ipsos, 42% des Français pensent effectivement qu'une victime de viol peut l'avoir "bien cherché". Et que la gravité d'une agression est à nuancer selon le contexte. Ainsi, 31 % des personnes sondées par Ipsos pensent que cette gravité est atténuée si la victime a déjà entretenu un rapport sexuel avec son agresseur. Ce "elle l'a bien cherché" n'est donc que trop connu. Bien souvent, on l'associe à la tenue que portait la victime lors de son agression. Ces mêmes tenues que mettent aujourd'hui en scène l'association HandsAway et la photographe américaine Shelby Duncan, histoire de démonter le sexisme ordinaire.

Des photos pour sensibiliser.
Des photos pour sensibiliser.

Comme une manière de nous rappeler, par le choc des images, qu'il est (grand) temps de remettre les pendules à l'heure en relayant (massivement) quelques vérités. "La tenue d'une femme, quelle qu'elle soit, ne doit jamais être considérée comme un consentement. L'envie de porter une tenue moulante, une jupe courte, un décolleté plongeant, ou de dévoiler une parcelle de nudité ne doit pas être vue comme une invitation", détaille l'association dans un communiqué.

 

Une campagne qui pose des mots sur le consentement.
Une campagne qui pose des mots sur le consentement.

Les affichages de l'association dénotent d'ailleurs des campagnes de sensibilisation traditionnelles, qui volontiers fantasment le harcèlement ou l'agression. C'était par exemple le cas de celle de la RATP, qui nous présentait le "frotteur" du métro sous la forme... d'un requin tout droit sorti d'un film d'horreur. A cet imaginaire bien trop surréaliste et sensationnel, HandsAway préfère l'impact, authentique, du réel.

Et l'association de conclure : "Plus grave encore, la tenue d'une femme ne doit pas être vue comme un élément légitimant une agression verbale ou physique, comme c'est encore trop souvent le cas aujourd'hui". Bien dit.