Cannabis thérapeutique : la condamnation d'un malade relance le débat

Utiliser le cannabis pour soulager la douleur en cas de maladie grave comme la tétraplégie ou la myopatie est de plus en plus courant. Pourtant, en France, la législation reste très stricte, en témoigne ce procès qui s'est déroulé ce mercredi 13 mars. Dominique Loumachi, affecté par une myopathie depuis l’enfance, a recours aux vertus thérapeutiques du cannabis. Cette homme de 40 ans cultive et consomme du chanvre indien depuis 1992. Selon lui, le cannabis se révèle efficace pour calmer ses douleurs. La myopathie est une maladie incurable, qui se caractérise par une inflammation et une dégénérescence des fibres musculaires. Après de nombreux traitement médicamenteux, le seul remède trouvé par cet homme est le cannabis, qu’il consomme quotidiennement.

Un traitement que la justice n'approuve pas vraiment. Ce mercredi matin, le tribunal correctionnel de Belfort lui a refusé le droit de fumer cette drogue pour des raisons thérapeutiques. Poursuivi pour « usage et détention » de cannabis, Dominique Loumachi a été condamné à 300 euros d’amende avec sursis et à cinq ans de mise à l’épreuve, une décision conforme aux réquisitions du parquet. « Je ferai appel et je me battrai jusqu'à la Cour européenne s'il le faut », a aussitôt affirmé le patient à la sortie de l’audience.

Si l’usage médical du cannabis est de plus en plus répandu en Europe (Pays-Bas, Allemagne, Italie, Royaume-Uni…), en France, de nombreux médecins rejettent encore cette pratique. « Fumer du cannabis à des fins thérapeutiques n'a aucun sens », selon le Pr Pier Vincenzo Piazza, directeur d'un centre Inserm à Bordeaux. Cependant, la médecine admet que certaines molécules, contenues dans le cannabis, présentent des avantages (anti-inflammatoire, stimulateur d'appétit). Celles-ci sont utilisées dans des médicaments comme le Sativex. En février dernier, la ministre de la Santé Marisol Touraine a d'ailleurs demandé à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) d’étudier le dossier de ce médicament, pour que sa mise sur le marché soit autorisée.

Alice Bidet

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