La distanciation sociale va-t-elle durer jusqu'en 2022 ?

Publié le Vendredi 17 Avril 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Paris pendant le confinement le 15 avril 2020
Paris pendant le confinement le 15 avril 2020
La nouvelle étude établie par l'école de médecine d'Harvard est formel : en l'absence de traitement, de vaccin ou de davantage de capacité de soin, la distanciation sociale pourrait s'étaler jusqu'en 2022 avant d'atteindre l'immunité collective.
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Cela fait aujourd'hui précisément un mois que nous sommes confiné·e·s. Que toute interaction sociale est proscrite au-delà des voies de communications technologiques. Si on veut voir nos proches, on passe par les appels téléphoniques ou vidéo. Sinon, on attend sagement que l'épidémie ne soit plus menaçante pour la population. On reste à l'abri, on se protège soi et surtout les autres, d'une contamination potentiellement fatale. On essaie aussi de ne pas laisser notre esprit subir les conséquences néfastes de cet enfermement. Car l'aspect psychologique de l'auto-isolement n'est pas négligeable. "Tout ira mieux quand on sera revenu à la normale", se rassure-t-on pour contrer quelques phases d'anxiété.

Seulement, petit à petit, cette notion de "normalité" nous semble de plus en plus inaccessible. Il est l'heure de bâtir un nouveau monde et de s'adapter à la distanciation sociale, qui implique par exemple de demeurer à au moins un mètre d'autrui et d'éviter les rassemblements, comme le préconise l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Une étude menée par des scientifiques de l'école de santé publique de Harvard l'atteste : ces mesures pourraient durer jusqu'en 2022.

Le but : l'immunité collective

La date donne le vertige, mais l'équipe prévient que cette hypothèse ne prend pas en compte l'augmentation de la capacité de soins intensifs, qui "permettrait d'accéder plus rapidement à l'immunité de la population, réduisant ainsi la durée globale de l'épidémie et la durée totale des mesures de distanciation sociale", explique les auteur·ice·s du rapport. En d'autres termes, plus nous avons de lits d'hôpitaux, de ventilateurs et de personnel médical pour combattre le virus, moins nous serons contraint·e·s à rester cloîtré·e·s chez nous.

Autres mesures mises de côté par les chercheur·se·s dont les effets ralentiraient l'épidémie et accéléreraient la fin du confinement : "De nouveaux traitements, de nouveaux vaccins ou d'autres interventions telles que le tracking et la mise en quarantaine - peu pratiques aujourd'hui dans de nombreux endroits, mais plus pratiques une fois que le nombre de cas aura été réduit et que les tests auront été étendus - pourraient atténuer la nécessité d'une stricte distanciation sociale pour maintenir le contrôle de l'épidémie".

L'échéance de 2022 correspond donc à une éventualité sans innovation médicale, ni équipement supplémentaire. "En gardant à l'esprit que notre objectif est de parvenir à une immunité au niveau de la population, en l'absence de vaccin ou d'autres types d'interventions, nous pourrions assister à ce genre de distanciation intermittente", déclare Yonatan Grad, l'un des auteur·ice·s de l'article, à CNN. "Et pour arriver à l'immunité collective - encore une fois, le but ultime - il faudrait attendre jusqu'en 2022."

Aujourd'hui, les scientifiques assurent que le nombre moyen de personnes infectées par quelqu'un qui serait porteur du virus est de 2 à 2,5. Selon la revue technologique du MIT, le chiffre réel y est supérieur, ce qui s'avérerait "plutôt positif" : si les cas bénins du virus sont plus fréquents que nous le pensions, l'immunité collective serait possible plus tôt. En attendant, on fait donc attention à respecter les mesures de sécurité, et à minimiser au maximum les sorties.