Une Américaine sur 16 a été violée lors de sa première expérience sexuelle

Publié le Mercredi 18 Septembre 2019
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Une nouvelle preuve de l'existence de la "culture du viol".
Une nouvelle preuve de l'existence de la "culture du viol".
C'est tout à fait édifiant : une récente étude nous apprend qu'une Américaine sur 16 a été violée lors de sa première expérience sexuelle.
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Ce sont des chiffres qui filent le vertige. Selon une nouvelle étude publiée ce 16 septembre dans la revue médicale JAMA Internal Medicine et relayée par CNN, plus de 3,3 millions d'Américaines auraient été violées lors de leur premier rapport sexuel. Elles ont de 18 à 44 ans et ont donc en commun d'avoir subi "un premier rapport sexuel non désiré, forcé ou contraint physiquement", tel que le définit l'Organisme mondial de la santé. L'horreur.

La Dr Laura Hawks, médecin, chercheuse universitaire à la Harvard Medical School et co-autrice de cette étude d'envergure (plus de 13 000 femmes de âgées de 18 à 44 ans ont été interrogées), préfère quant à elle le terme de "viol" - et à raison. Plus de 3,3 millions d'Américaines, cela représente encore 6,5% des femmes interrogées dans le cadre de cette enquête. Soit une citoyenne américaine sur 16. L'âge moyen des victimes ? 15 ans et demi. Et cette liste glaçante de données ne s'arrête pas là. Voyez plutôt.

Des chiffres alarmants

Un constat plus qu'alertant de la prégnance des agressions sexuelles.
Un constat plus qu'alertant de la prégnance des agressions sexuelles.

Car l'étude du JAMA Internal Medicine révèle également d'autres caractéristiques. 50% des femmes interrogées ont déclaré que l'agresseur était plus grand ou plus âgé qu'elles au moment du viol. Plus de 46% d'entre elles ont été retenues par la force et 56% ajoutent que l'agresseur en question employait des menaces verbales. Dans plus de 26% des situations relatées, l'agresseur a causé des dommages physiques. 22% des victimes déclarent avoir été abusées sous l'emprise de la drogue. On apprend également que ces femmes ont en grande majorité dû faire face à des conséquences à long terme sur leur organisme. Comme des maladies sexuellement transmissibles, des maladies inflammatoires pelviennes, de l'endométriose ou encore de problèmes menstruels, détaille CNN.

Parmi les femmes interrogées, plus de 30% ont déclaré avoir vécu une première grossesse non désirée, et 24% avoir déjà subi un avortement suite à leur agression sexuelle. L'étude minutieuse de la revue médicale donne un aperçu affligeant de la prégnance, si ce n'est de la banalisation, des agressions sexuelles au sein de notre société. Mais également sur la réalité tout aussi dramatique d'un "après" sur lequel l'on s'attarde trop peu. Cette recherche peaufinée précise à ce titre que lesdites victimes affichent une santé générale plus mauvaise que la moyenne, une consommation de drogues plus forte ainsi que certains problèmes mentaux.

Ces chiffres ont beau émerger des Etats-Unis, ils nous renvoient à une situation hexagonale qui, elle aussi, est très loin de nous rassurer. Comme le rappelle une étude relayée cette année par le Secrétariat chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes, 52 400 femmes ont été victimes d'au moins un viol en l'espace d'un an. Cela signifie qu'au cours de sa vie, 1 femme sur 26 a été violée. En tout, un septième des femmes qui ont été victimes de viol au sein de leur couple l'ont été avant 18 ans. Et si l'on prend en compte toutes ces données, la famille et l'entourage proche constituent (toujours) "le premier espace" dans lequel les agressions sexuelles se produisent...