Le premier féminicide de 2019 a eu lieu à Toulouse

Publié le Lundi 07 Janvier 2019
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Image d'illustration
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Une femme de 29 ans a été assassinée par son conjoint à Toulouse. Elle a été retrouvée morte dans sa cuisine, dimanche 6 janvier. Une petite fille de six ans dormait dans la chambre attenante. C'est le premier féminicide de 2019.
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C'est la première femme victime de 2019. Une autre victime de trop.

Elle avait 29 ans et habitait à Toulouse avec son concubin. Elle a été retrouvée morte à son domicile, poignardée au thorax, dimanche matin.

C'est son frère qui avait prévenu les pompier·ères, étant sans nouvelles de sa soeur. La porte fermée, les sauveteur·euses avaient dû passer par le toit de l'immeuble. Dans l'appartement, une petite fille de six ans dormait à poings fermés dans la chambre quand elle a été recueillie par les pompi·ères.

Le principal suspect, son concubin, âgé de 26 ans, avait dans un premier temps pris la fuite. Il a réussi à rejoindre le Portugal et s'est présenté dans un commissariat de Lisbonne, les vêtements tâchés de sang dimanche après-midi, comme le raconte la Dépêche du Midi. Il aurait des attaches dans cette ville.

Le mobile du meurtre serait une histoire de jalousie et de soupçons d'adultère.

Une qualification de "crime passionnel" qui ne passe pas

L'association des effronté-es a réagi par communiqué à ce premier féminicide de 2019. Les propos du procureur de Toulouse évoquant une "piste passionnelle" est inacceptable pour l'association : "Les effronté-es sont indignées d'entendre l'expression "piste passionnelle" dans la bouche du Procureur de Toulouse, Dominique Alzeari. Nul n'enfonce plusieurs fois un couteau dans le corps d'une femme par passion.

Ces expressions minimisent la gravité des assassinats de femmes par leurs conjoints ou ex. Il s'agit de violences patriarcales liées à une culture d'appropriation des femmes : ces tueurs passent le plus souvent à l'acte quand la victime décide de partir, ou quand elle a des rapports avec d'autres hommes."

Par le biais de ce communiqué, l'association rappelle également l'origine de ce fameux "crime passionnel" qui a tellement de mal à disparaître des tribunaux et des unes des journaux : "La notion de "crime passionnel" a été abrogée du droit pénal en 1975. Héritée du code Napoléonien de 1810, elle servait à excuser les maris 'trompés' assassins 'sous l'emprise de la passion'."

En 2017, selon des chiffres révélés par les forces de l'ordre en novembre, 130 femmes ont été tuées par leur mari, conjoint ou ex. Un chiffre en hausse par rapport à 2016. Et comme le rappelle la journaliste Titiou Lecoq dans Libération, qui a recensé tous les féminicides de 2016 et 2017 : autour de ces meurtres, combien de victimes annexes, de femmes qui se sont suicidées, de celles qui seront victimes à vie, comme cette femme paraplégique après avoir été défenestrée par son conjoint et qui n'apparaîtra pas dans ces statistiques. Ces 130 meurtres, c'est le décompte des meurtres qui ont "réussi".

Les associations de défense des droits des femmes demandent toujours une hausse des moyens pour lutter efficacement contre les violences faites aux femmes, la grande cause du quinquennat. De 80 millions aujourd'hui, elles demandent un milliard par an.