"Christmas Ever After", le film de Noël qui visibilise (enfin) les personnes handicapées

Publié le Lundi 07 Décembre 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Ali Stroker joue une femme handicapée dans "Christmas Ever After"
Ali Stroker joue une femme handicapée dans "Christmas Ever After"
Assez rare pour être remarqué - et c'est bien dommage - "Christmas Ever After" est l'un des seuls (télé)films de Noël à mettre en scène une héroine en situation de handicap. Idéal pour dégommer les préjugés validistes et proposer un cinéma plus inclusif.
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Une romancière solitaire, un étranger qui débarque en ville, et un amour qui s'écrit, peu à peu, sous les guirlandes et la neige. Résumé ainsi, Christmas Ever After ressemble à n'importe quel (télé)film des fêtes, de ceux qui encombrent nos trop longs après-midis hivernaux. Oui mais voilà, cette production télévisuelle diffusée le 6 décembre dernier sur la chaîne américaine Lifetime n'est pas vraiment comme les autres.

Non, elle est (beaucoup) plus inclusive. Lizzi Simmons, l'écricaine en question, est en fauteuil roulant. Et c'est une vraie héroïne romantique. Loin des préjugés et stigmatisations propres au traitement des personnages en situation de handicap, le réalisateur Pat Kiely souhaitait proposer une protagoniste handicapée "confiante, ambitieuse et désirable", comme le rapporte avec enthousiasme ce reportage du magazine en ligne Salon.

Et pour incarner Lizzi, une femme épatante : Ali Stroker, artiste en fauteuil roulant, comme l'est son avatar fictionnel. L'an dernier, Stroker est devenue la première interprète en fauteuil roulant à se voir sacrée aux Tony Awards pour sa performance dans le musical Oklahoma. Lui attribuer ce rôle témoigne d'une cohérence des plus rares dans l'industrie du spectacle, où les principales concernées sont rarement visibilisées dans les castings.

"A l'inverse, Pat Kiely était tellement ouvert à toutes mes suggestions que je me suis dit que cela rendrait forcément l'histoire plus authentique", se réjouit la comédienne. Un fait exceptionnel, donc.

Inspirer "les petites filles handicapées"

Native du New Jersey, la jeune comédienne de 33 ans s'est retrouvée paralysée au niveau du bas de son corps à l'âge de deux ans, à la suite d'un accident de voiture. Entre séries télévisées (Glee, L'arme fatale) et pièces musicales (les grands classiques Spring Awakening et Annie), cela fait dix ans déjà que Ali Stroker captive le regard, entre planches et petit écran. Et ce téléfilm des fêtes l'embarque dans un tout nouvel univers.

A savoir, celui des contes familiaux plein de bons sentiments et de chocolats. Oui, mais pas totalement nunuche pour autant. Très impliquée dans l'écriture, Stroker désirait déployer une histoire d'amour qui ne s'encombrerait pas des discours habituels sur le handicap, en mettant ses deux personnages au même niveau, proposant des scènes romantiques directement inspirées de ce qu'elle a pu vivre et constater en compagnie de son conjoint.

Et ce sans ignorer la présence du fauteuil roulant et surtout, ce qu'il implique dans des espaces publics très peu adaptés à sa circulation. "Durant le tournage, l'équipe a fait son possible pour rendre tous les emplacements et décors accessibles, mais c'est ce qu'il faudrait faire dans toute la société", développe en ce sens la comédienne. Un rôle qui tend à sensibiliser autrui quant à l'inclusion, au quotidien et dans le monde professionnel donc, mais aussi à inspirer "les petites filles handicapées et leurs désirs de romances", se réjouit encore Ali Stroker.

On applaudit.