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37 % des hommes considèrent le féminisme comme "une menace"

Publié le Lundi 22 Janvier 2024
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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9 femmes sur 10 ont déjà renoncé à des actions pour ne pas être victimes de sexisme. A côté de cela, les mecs ont peur du féminisme. Voilà ce que nous apprend le nouveau rapport accablant du Haut conseil à l'égalité femmes/hommes.
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On en est où, du sexisme en France ? Pas de miracle des fêtes en ce début 2024 : les conclusions du nouveau rapport très chiffres établi par le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes suscite peu d'espoirs. Mais a le mérite de poser les bases. Une sixième enquête annuelle aux cinglantes conclusions, à explorer sur le lien suivant.

Selon ce rapport concentré sur la population française, 9 femmes sur 10 auraient déjà du renoncer à des actions ou modifié leur comportement pour ne pas être victime de sexisme. Et déclarent avoir personnellement subi une situation sexiste. En outre, 70% des femmes estiment ne pas avoir reçu "le même traitement" que leurs frères dans la vie de famille, et près de la moitié des 25-34 ans à l'école et 92%. De plus, 75% des femmes affirment ne pas être traitées à égalité en ligne...

Ces discriminations toucheraient donc toutes les sphères. L'école, la famille, Internet... Et les Français en sont conscients. Pas simplement les femmes. 92 % des Français reconnaissent que femmes et hommes sont traités différemment dans "au moins" un domaine de la société.

En gros : ils reconnaissent l'existence du sexisme.

C'est déjà ça ?

Les mecs ont peur du féminisme

Oui mais non... Car dixit cette enquête toujours, 37% des hommes considèrent que le féminisme met directement en péril leur place dans la société. Ils envisagent donc le féminisme, et avec lui la révolution MeToo, comme une menace, un phénomène négatif. Précisons que 37%, c'est une augmentation de trois points par rapport à l'an dernier ! Alors que l'on pense progresser, cette observation vient sévèrement bousculer la balance...

Autre motif de dépression carabinée ?

50% des femmes de 25-34 ans déclarent avoir déjà vécu une situation de non-consentement. A côté de ça, un quart des hommes du même âge pense "qu'il faut parfois être violent pour se faire respecter". Le cauchemar. Conclusion du rapport sur le sujet : "Les violences sexistes et sexuelles ne reculent pas".

Par-delà les violences sexistes, perdurent encore les stéréotypes de genre. Et oui, car dixit le rapport du HCE toujours, 92% des vidéos pour enfants contiennent des stéréotypes genrés. Par exemple, 68% des vidéos mises en ligne et relayées sur Instagram véhiculeraient des stéréotypes sexistes assignant les femmes à la maternité !

Cela s'envisage aussi dans le choix des jouets, puisque rares sont les garçons à recevoir des poupées (4%) par exemple. Agir exige donc d'aussi bien toucher l'éducation, la culture que la la publicité.

On fait comment d'ailleurs, pour combattre le sexisme ?

"Il est urgent de s'attaquer aux 3 racines du sexisme : famille, école et numérique. Ce sont les trois incubateurs qui inoculent le sexisme aux enfants dès le plus jeune âge. Il y a un décalage entre une certaine prise de conscience et le maintien des stéréotypes qui continuent de forger les mentalités et les comportements. Il faut agir en adoptant un plan d'urgence : éduquer, réguler, sanctionner", énonce le Haut Conseil à l'égalité.

"L'éducation à l'égalité" demeure une solution : la pédagogie comme mesure de prévention. Indispensable dans un pays où les violences sexistes se perçoivent dès le plus jeune âge, comme la banalisation du harcèlement par exemple.

Et s'il était temps de s'en alarmer ? Car cette culture du sexisme, qui prend notamment la forme de la propagande masculiniste, se propage au quotidien sur des plateformes largement prisées des plus jeunes comme TikTok. Cela, la journaliste indépendante Pauline Ferrari l'explore d'ailleurs dans son ambitieuse enquête, Formés à la haine des femmes (JC Lattès).

Une lecture à prioriser pour se faire un aperçu du désastre.