La culture du viol gangrène les cours d'école : on fait quoi ?

Publié le Mercredi 31 Août 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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En cette rentrée, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes observe une montée des violences sexistes et sexuelles chez les jeunes. Pour le HCE, la culture du viol serait même prégnante chez les jeunes générations. Très inquiétant.
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Cette rentrée des classes 2022 est placée sous le signe des préoccupations majeures. Effectivement, le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes (HCE) tire la sonnette d'alarme : selon son rapport publié ce 31 août, une montée indéniable des violences sexistes et sexuelles s'observerait chez les jeunes générations. Et ce sous plusieurs formes, du harcèlement sexuel aux réflexions sexistes. Une véritable "culture du viol".

Selon le HCE, un jeune sur quatre déclare avoir déjà eu "des rapports sexuels non consentis". Plus d'une jeune femme sur deux aurait déjà vécu "un acte ou un propos sexiste" à l'école et subi des remarques "sur son physique ou sa tenue". Près d'un jeune sur cinq considère également qu'un homme qui insiste pour avoir un rapport sexuel n'est "pas du tout sexiste".

"Cette imprégnation de la culture du viol est plus importante chez les jeunes hommes : forcer sa partenaire à avoir un rapport sexuel alors qu'elle refuse est perçu comme un viol par seulement moins de 3 jeunes hommes sur 5, contre plus de 4 jeunes femmes sur 5", souligne le HCE. Accablant.

Et alors que plus d'un tiers des 18-24 ans pensent qu'une femme "peut prendre plaisir à être humiliée ou injuriée", et près d'un quart qu'elle "prend du plaisir à être forcée", le Haut Conseil alerte : "La culture du viol persiste surtout chez les jeunes générations, et génère des proportions inquiétantes des violences sexistes et sexuelles".

Quelles solutions ?

"La société est en train de fabriquer des générations de plus en plus perdues. Du primaire au baccalauréat, l'école est le premier lieu de cristallisation du sexisme, de fixation des rôles sociaux et des stéréotypes de sexe", déplore le HCE, qui observe notamment un "non-respect alarmant de notions clés de l'égalité et du consentement".

Mais comment le gouvernement devrait-il agir face à un tel état des lieux ?

En favorisant l'éducation à la vie sexuelle et affective, déjà. Son absence, note Sylvie Pierre-Brossolette, présidente du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, "favorise le sexisme, qui est lui-même l'antichambre des violences". Cette éducation doit s'assurer via des coordinateur·ices dédié.es dans chaque établissement, suivant un corpus adapté à chaque classe d'âge et "en s'appuyant sur le travail et les outils développés par les associations", préconise le HCE. "En l'absence d'une éducation ambitieuse, adaptée et régulière, les comportements problématiques se perpétuent", nous alerte-t-on d'emblée.

En outre, le Haut Conseil insiste également pour que la lutte contre le harcèlement, le cyberharcèlement et les violences en ligne soit renforcée dans tous les établissements, notamment en développant des séances dédiées en classe à la prévention et la sensibilisation de ces violences, "en s'appuyant sur les outils, actions et associations existants, comme par exemple l'association StopFisha et l'ouvrage Combattre le cybersexisme". Un guide informatif sur le cyberharcèlement devrait également être distribué.

Plus globalement, le HCE encourage à mettre en oeuvre "un plan national visant à assurer la sécurité des jeunes femmes dans la rue à proximité des établissements scolaires". Il convient également aux établissements, achève le Haut Conseil, de lutter contre les stéréotypes de genre.

On attend quoi ?