"Comment étiez-vous habillée ?" : quand l'ONU dénonce le victim blaming

Publié le Vendredi 05 Août 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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"Comment étiez-vous habillée ?". C'est la question systématiquement posée aux victimes de viol. Et le titre d'une exposition organisée par l'ONU, qui condamne à raison le "victim blaming" - le fait de culpabiliser les victimes en jugeant leur attitude.
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C'est une question tout autant posée que le fameux "Mais pourquoi êtes-vous restée ?" décochée aux victimes de violences conjugales : "Comment étiez-vous habillée ?". Cette interrogation est systématiquement posée aux victimes de viol. Trop souvent, elle peut malheureusement engendrer du "victim blaming" : autrement dit, une manière de culpabiliser la victime en jugeant son look, ses actes, son attitude au moment de l'agression.

Et justement, "Comment étiez-vous habillée ?" est aussi le titre d'une exposition organisée par l'ONU. Que voit-on dans cette expo ? Simple : y sont épinglées 103 tenues portées par des femmes victimes de viol. On ne peut guère faire plus éloquent. Le but de cet événement qui se tient à New York jusqu'à la fin août est donc de dénoncer ce blâme des victimes, en démontrant que, non, une tenue n'est pour rien dans une agression.

Et plus globalement d'épingler la "culture du viol", cette manière dont la société, par ses discours médiatiques et ses productions culturelles notamment, euphémise les violences et sexualise le corps des femmes.

"Le vêtement est sans importance"

D'autant plus important, rapporte le magazine Elle, à l'heure où, selon un sondage réalisé par l'association Mémoire Traumatique et Victimologie, 27 % des personnes interrogées croient encore que "porter une tenue sexy pouvait être un motif pour déresponsabiliser le violeur". Un chiffre accablant qui nécessite des actions.  

A l'inverse, luttant contre ces préjugés qui renversent la relation coupable/victime, l'exposition de l'ONU délivre un message limpide : "le vêtement est sans importance et n'est jamais une invitation à la violence. Ce sont les auteurs qui en commettent". CQFD. Robes, collants, bottes, se retrouvent dès lors exposées. Au sein de l'exposition, des vidéos reviennent également sur l'expérience des victimes. En espérant une vaste sensibilisation du public.

Cette exposition rappelle une campagne marquante dénonçant à l'unisson ces préjugés : "Ceci n'est pas un consentement". Cette campagne de sensibilisation de l'association HandsAway diffusait des photos de tenues jugées "sexy" (pantalons moulants, cuir, jupes courtes) en mettant en avant cette évidente affirmation. Histoire de remettre une bonne fois pour toutes les points sur les i.