Résistante, antiraciste, bisexuelle : Joséphine Baker sera la sixième femme au Panthéon

Publié le Lundi 23 Août 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Résistante, artiste, bisexuelle : Joséphine Baker, sixième femme au Panthéon
Résistante, artiste, bisexuelle : Joséphine Baker, sixième femme au Panthéon
Ca y est ! Confirmation a été faite : Josephine Baker va devenir la première femme noire à entrer au Panthéon. Un honneur plus que mérité pour une personnalité aux multiples combats.
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"On espérait [cette panthéonisation- ndlr] sans trop y croire. C'est énormément de fierté, nous sommes très honorés. La France est capable de produire des personnages qui marquent l'Histoire avec un grand H, maman en fait partie et c'est grâce au peuple français". Ces mots de Akio Bouillon, l'un de ses 12 enfants, saluent un événement très attendu : l'entrée de la grande Joséphine Baker au Panthéon. La décision du président Emmanuel Macron a été confirmée dans Le Parisien ce dimanche 22 août. La cérémonie devrait avoir lieu le 30 novembre prochain, comme l'énonce l'AFP.

Panthéonisation attendue, et réclamée même. Cela faisait des mois qu'internautes, militantes féministes et associations en appelaient à ces honneurs. Le 8 mai dernier, une campagne joliment intitulée "Osez Joséphine" insistait sur l'importance de faire entrer l'icône des années 30 au Panthéon. Un manifeste qui a porté ses fruits, puisque c'est ainsi que la mémoire de la célèbre artiste de music-hall et grande résistante sera célébrée.

De fait, Joséphine Baker deviendra la première femme noire à reposer dans la nécropole. Et la sixième femme (sur 80 "panthéonisés"), puisqu'elle rejoindra Simone Veil, Sophie Berthelot, Marie Curie, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Une annonce cohérente pour une femme aux mille et un combats, et au parcours des plus impressionnants.

Une héroïne aux mille facettes

Née en 1906 aux Etats-Unis, à Saint-Louis (Missouri) d'une mère noire et d'un père blanc, elle deviendra la première chanteuse métisse de music-hall à officier dans le Paris des années 30. "J'habitais dans un pays où j'avais peur d'être noire. J'étouffais aux États-Unis. Je me suis sentie libérée à Paris, confiera celle qui fut naturalisée en 1937. Joséphine Baker n'était pas simplement un emblème de la culture hexagonale, celle des cabarets. Femme engagée au sein des forces féminines de l'armée de l'air à la Croix Rouge, Joséphine Baker a occupé dans la première moitié du 20e siècle un rôle risqué d'agente de contre-espionnage dans les rangs des services secrets de la Résistance.

Une bravoure qui lui vaudra, bien des années plus tard, la médaille de la Résistance française. Mais ses luttes diverses en temps de guerre et son aide apportée aux soldats envoyés au front lui vaudront également la Croix de guerre et l'ordre de chevalier de la Légion d'honneur, entre autres honneurs républicaines.

Là encore, la vie de Joséphine Baker ne se limite pas à ces actes héroïques. Grande figure antiraciste, la chanteuse s'engageât également auprès de Martin Luther King afin de défendre les droits civiques aux États-Unis, et auprès de la Lica en France [l'ancien nom de la Ligue internationale contre l'antisémitisme]. Elle avait par ailleurs constitué une "tribu arc-en-ciel" en adoptant onze enfants (deux filles et dix garçons).

Joséphine Baker est donc une source d'inspiration musicale, mais aussi militante. Récits et biographes narrent également les relations que la personnalité, bisexuelle, aurait entretenu avec des femmes, comme la peintre Frida Kahlo ou encore l'écrivaine Colette.

L'un de ses enfants, Jean-Claude Bouillon-Baker, a précisé à l'AFP que le corps de Joséphine Baker, décédée en 1975, "restera à Monaco où elle est enterrée au cimetière marin", ajoutant : "Ce sera un cénotaphe, avec une plaque, comme pour Aimée Césaire et d'autres personnalités. L'important, c'est de marquer sa présence au Panthéon."