Monde
Le vélo, moteur de liberté pour les filles au Malawi
Publié le 12 octobre 2015 à 17:57
Par Charlotte Arce | Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Pour dissuader les jeunes Malawiennes d'abandonner leurs études, la Fondation Girl Up a mis à leur disposition des vélos pour les aider à parcourir les longues distances qui les séparent souvent de l'école.
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Formidable instrument d'émancipation à travers le monde, le vélo pourrait bien devenir l'objet qui assurera un avenir aux jeunes filles du Malawi. Dans ce petit pays d'Afrique australe voisin du Mozambique, de la Tanzanie et le Zambie, plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil international de pauvreté. L'espérance de vie est de 55 ans et seul 9% de la population a accès à l'électricité.

Considéré comme l'un des pays les plus pauvres au monde, le Malawi ne consacrait en 2007 que 12% de son budget à l'éducation. Même si l'enseignement en école primaire est gratuit, moins d'un quart des filles va au bout de son cursus. Parmi celles-ci, 9% obtiendra son diplôme d'études secondaires. Selon un rapport mondial de la jeunesse commandé par les Nations Unies en 2010, le taux d'abandon des études plus élevé chez les filles que chez les garçons est attribué à la pénurie d'enseignants, à l'insuffisance des infrastructures, et au nombre élevé de mariages et de grossesses précoces.

Mais le plus grand danger pour les écolières se trouve sur le chemin est celui qu'elles peuvent rencontrer sur le chemin de l'école. Habitant souvent dans des zones rurales reculées, elles doivent chaque jour parcourir jusqu'à 16 kilomètres, parfois dans le noir, pour aller étudier.

550 vélos fournis aux adolescentes

Un trajet épuisant et semé d'embûches que connaissent bien les élèves de la Mdinde Community Day Secondary School de Mangochi. Dans cette petite ville au sud du Malawi, la Mdinde Community Day Secondary School est la seule école secondaire dans un rayon de 60 kilomètres. Dans Cosmopolitan, la directrice de l'école Tamara Niyasulu "mène une guerre" contre la déscolarisation des filles. À son arrivée à l'école en 2011, seules 11 fillettes étaient inscrites à l'école. Aujourd'hui, sur les 243 enfants que compte l'école, 83 sont des filles. En quatre ans, seules trois ont abandonné leurs études.


Si Tamara Niyasulu a réussi à maintenir un taux de scolarisation des jeunes filles si élevé, c'est grâce au vélo. Il y a quelques années, une organisation caritative britannique a fait don à l'école de 30 vélos, raccourcissant considérablement les déplacements des étudiantes et augmentant de facto leurs chances d'obtenir un diplôme.
Une initiative concluante donc, mais trop limitée. Pour permettre à toutes les jeunes filles d'aller à l'école et de construire leur avenir, les journalistes américaines Lauren Bohn et Zoe Fox ont décidé, après un voyage au Malawi, de leur venir en aide.

Ensemble, elles ont monté SchoolCycle, un programme en partenariat avec la fondation Girl Up des Nations Unies pour fournir des vélos aux écolières. Le 2 décembre dernier, Girl Up a lancé une campagne pour récolter des fonds pour le programme des Nations Unies pour les adolescentes. "À la fin du mois, nous avions amassé plus de 100 000 dollars (88 000 euros) pour fournir des vélos, des pièces de vélos et la formation à la maintenance à 550 adolescentes au Malawi pour accroître leur accès aux services sociaux, améliorer leur présence et leur maintien à l'école", racontent Lauren Bohn et Zoe Fox dans Cosmopolitan, qui se défendent de tout "impérialisme culturel". "Nous ne voulions pas tomber dans l'abîme du 'White-Savior Industrial Complex' – deux filles blanches voulant 'sauver l'Afrique'- [...]."

Les deux jeunes femmes ont bien conscience que le don de vélos aux écolières ne résoudra qu'une partie infime du problème de développement du Malawi. "Construire de meilleures routes et plus d'écoles nécessite une volonté politique et ne peut pas être résolu du jour au lendemain. Mais en offrant un mode de transports plus efficace, nous apportons notre pièce au puzzle vertigineux que nous pouvons tous contribuer à reconstituer."

Offrir un avenir aux Malawiennes

Parmi les adolescentes heureuses propriétaires d'un vélo, se trouve Aisha Saidi, qui raconte avoir toujours lutté pour vivre dans une société où les filles sont considérées comme des citoyens de seconde classe. Bien qu'elle ait obtenu une bourse pour poursuivre ses écoles dans le secondaire, Aisha explique que les habitants de son village de Mchochola ne la prennent pas au sérieux. "Ils attendent de moi que j'abandonne, que je tombe enceinte ou que je me marie, comme tout le monde. L'éducation n'est pas prise au sérieux pour les filles", explique-t-elle, avant d'affirmer que ses parents, bien que favorables à son éducation, ne seraient pas en colère si elle abandonnait ses études pour se marier. "C'est juste la norme", constate Aisha. Désormais, elle se rend à l'école tous les jours et espère entrer prochainement à l'académie de police nationale du Malawi en réussissant l'examen qui se tiendra au printemps prochain. "Quand je vais en ville à Mangochi ou à Blantyre, je vois toutes ces femmes bien habillées au volant de belles voitures. Et je me dis : 'Un jour, ce sera moi.'"

Les vélos mis à disposition des écolières profitent aussi à Khadijah Katete, 17 ans, qui espère un jour devenir poète et journaliste. "Je sens qu'un jour, je serai quelqu'un. Je sens que je vais peut-être être la seule de ma famille à sortir des marais, de la jungle profonde. Nous ne voulons pas être des gens de la jungle."

Cosmopolitan donne aussi la parole à Luckia Black, 16 ans, aspirante enseignante, ou à Silvia Asibu, 12 ans, qui espère prochainement recevoir un vélo pour suivre l'exemple de son frère, "l'enfant choisi" par ses parents pour poursuivre ses études. Et aussi essayer de le battre en faisant la course à vélo.

Compte tenu de la réussite du programme, Girl Up prévoit de réitérer l'opération SchoolCycle le 2 décembre et de l'étendre à d'autres régions du monde.

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